La chambre correctionnelle près le tribunal correctionnel de Sidi M’ hamed, à Alger, a ajourné le procès du journaliste Ihsane El Kadi, directeur de Radio M, Magreb Emergent et Interface Médias, au 26 mars.
C’était en fin de matinée, après l’examen d’une pile de dossiers inscrits au rôle d’une audience, désertée par le collectif de la défense du journaliste. Ce dernier apparaît sur l’écran géant et la présidente confirme son affiliation. L’assistance est surprise par l’absence physique d’El Kadi. Le tribunal de Sidi M’hamed a décidé de juger le prévenu à distance par visioconférence. Il reste l’une des rares juridictions à recourir aux procès par visioconférence.
Sur l’écran de télévision, Ihsane El Kadi veut prendre la parole. «Madame la juge, aujourd’hui j’ai mis ma chemise neuve pour être transféré au tribunal. Je suis en grève mais je vous demande l’extraction. Je veux être présent au procès…» lance-t-il, avant que la présidente ne l’interrompe : «Attendez ! Je n’ai pas encore terminé la procédure.
Le tribunal vous donne le droit de choisir un jugement à distance ou en votre présence physique.» Le prévenu : «Je suis en grève de parole pour protester contre mon arrestation et ma mise en détention. Mes avocats…» « Vos demandes sont enregistrées et le tribunal décidera», réplique la présidente qui poursuit l’appel des autres prévenus, dont Kahina El Kadi, fille du journaliste (absente) et d'Interface Médias, poursuivie en tant que personne morale.
Elle a également appelé les représentants (absents) du Trésor public et de l’ARAV (Autorité de régulation de l’audiovisuelle) en tant que parties civiles, et des témoins, également absents à l’audience. La présidente annonce l’ajournement du procès au 26 mars 2023 avec décision «d’extraction du prévenu et la convocation des témoins, des victimes et du représentant d’Interface Médias».
En détention à El Harrach (Alger) depuis le 29 décembre dernier, El Kadi est poursuivi sous le coup de deux articles du code pénal. Le 95 prévoit une peine de 5 à 7 ans assortie d’une amende de allant de 500 000 DA à 700 000 DA, contre toute personne qui «reçoit des fonds, un don ou un avantage, par tout moyen, d’un Etat, d’une institution ou de tout autre organisme public ou privé ou de toute personne morale ou physique, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, pour accomplir ou inciter à accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’Etat, à la stabilité et au fonctionnement normal de ses institutions, à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale, aux intérêts fondamentaux de l’Algérie ou à la sécurité et à l’ordre publics».
L’article 95 bis, quant à lui, prévoit la même sanction pénale et pécuniaire contre «quiconque reçoit des fonds, un don ou un avantage, par tout moyen, d’un Etat, d’une institution ou de tout autre organisme public ou privé ou de toute personne».