Le PDG de la société saoudienne Aramco a rejeté les prévisions tablant sur un pic de la demande pétrolière à l’horizon 2030, appelant à une révision des plans mondiaux de transition énergétique.
«La demande mondiale de pétrole n’atteindra pas son pic avant un certain temps, les décideurs politiques doivent donc garantir des investissements suffisants dans le pétrole et le gaz, pour répondre à la consommation et abandonner le fantasme d’une élimination progressive des combustibles fossiles», a notamment déclaré le PDG Amin Nasser devant les dirigeants du secteur pétrolier et gazier lors de la conférence CERAWeek qui se tient à Houston aux Etats-Unis.
«La demande atteindra un nouveau record de 104 millions de barils par jour (b/j) en 2024. Malgré des investissements croissants, les énergies alternatives n’ont pas encore remplacé les hydrocarbures à grande échelle», a encore affirmé le patron d’Aramco, Amin H. Nasser. «Tout cela renforce l’idée selon laquelle le pic pétrolier et gazier est peu probable avant un certain temps, sans parler de 2030», a-t-il ajouté.
Malgré la croissance des véhicules électriques, de l’énergie solaire et éolienne, la demande de pétrole atteindra cette année un nouveau record de 104 millions de barils par jour, a déclaré Nasser, ajoutant que «la demande croissante des économies en développement pourrait alimenter la croissance de la demande de pétrole jusqu’en 2045».
Il fera remarquer que «les énergies alternatives n’ont pas encore démontré qu’elles peuvent remplacer les hydrocarbures aux besoins ou aux prix actuels».
De hauts dirigeants du secteur pétrolier participant à la conférence CERAWeek se sont également opposés ouvertement aux appels à un abandon rapide des combustibles fossiles, affirmant que la société paierait un coût élevé pour remplacer le pétrole et le gaz.
Les grandes sociétés pétrolières, dont BP et Equinor, ont annulé leurs projets d’énergies renouvelables et d’autres ont été contraintes de repousser leurs objectifs de réduction des gaz à effet de serre, en raison de plus grandes incertitudes liées à la transition vers des carburants propres.
Cette situation, combinée à une forte demande inattendue de pétrole, a renforcé, selon Reuters, l’opposition de l’industrie aux demandes du gouvernement et des militants visant à éliminer progressivement le développement des combustibles fossiles.
D’autres PDG du secteur pétrolier ont fait écho au point de vue du patron d’Aramco. Ainsi Wael Sawan, représentant Shell, a souligné que «la bureaucratie gouvernementale en Europe ralentissait le développement nécessaire». Le PDG de Petrobras, Jean-Paul Prates, a déclaré pour sa part que la prudence devait primer sur la précipitation.
Darren Woods, PDG d’Exxon Mobil, a également déclaré que les réglementations régissant les carburants propres n’avaient toujours pas été résolues.
«Si nous nous précipitons ou si les choses tournent mal, nous serons confrontés à une crise que nous n’oublierons jamais», a déclaré Prates. «Vous entendez ici des points de vue très pragmatiques», a déclaré Meg O’Neill, PDG de Woodside Energy. «C’est devenu émotif.
Et lorsque les choses sont émotives, il devient plus difficile d’avoir une conversation pragmatique », a déclaré O’Neill. Cela pourrait prendre 20 à 40 ans pour créer un marché et tester certaines nouvelles technologies de carburant propre, a-t-elle ajouté.