Hommage : Hachemi Chérif, Précurseur et architecte de la double rupture !

02/08/2021 mis à jour: 00:04
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El Hachemi Cherif / Photo : D. R.

Hachemi, voilà 16 ans que tu nous as quittés, un jour funeste du 2 août 2005 après une vie de luttes intenses consacrées à l’édification de la patrie. Tu as conduit tes combats avec une clairvoyance et une pugnacité qui n’ont d’égal que l’amour que tu portais à l’Algérie.

Il y a déjà plus de 25 ans, au chevet de l’Algérie, tu avais établi un diagnostic juste et une analyse aboutie. C’est pourquoi, tu as été un des rares hommes politiques à avoir su identifier les causes profondes de la crise multiforme que traversait le pays.
L’Algérie, disais-tu, a 2 ennemis irréductibles : le système rentier et mafieux et l’islamisme politique. Tandis que coulait le sang du peuple et que se tramait la forfaiture des lâches, tu avais appelé tous les patriotes à la résistance pour combattre ceux qui avaient fait de l’Algérie un pays exsangue et en avaient décidé la mise à mort dans l’abattoir des décennies noires.

Preuve irréfutable de ta pertinence politique, tu as illuminé de ta lucidité le magnifique mouvement citoyen du 22 Février. Comme toi, celui-ci revendique une «Djazaïr horra dimokratia» affranchie du système et ouverte à la modernité.

Au plan national, bien que le baril de pétrole retrouve des couleurs, la situation socio-économique est insupportable à de larges couches de la population. Pire encore, celle-ci est exacerbée par une flambée fulgurante de la pandémie dont la gestion par les autorités est pour le moins calamiteuse. Dans ce contexte morose, la presse nationale, notamment celle qui a écrit et continue d’écrire, comme El Watan en lettres de noblesse les plus belles pages du combat de son peuple pour la démocratie, se meurt étranglée par les difficultés financières.

Si le peuple est conscient des enjeux de l’heure, la classe politique, quant à elle, comme tu l’avais anticipé, s’est enfoncée dans la compromission et tourne le dos aux solutions dont a besoin le pays. La réalité est que les partis démocrates se sont abîmés en pactisant avec les islamistes. Adoubé par ces pseudo-démocrates, l’ex-FIS est revenu sur la scène politique. Rachad, ce parti islamiste soi-disant «new look», use de tous les moyens pour se donner une nouvelle virginité. Il s’est débarrassé de ses vieux oripeaux et fait croire qu’il s’est définitivement inscrit dans un logiciel démocratique. Pourtant, du pays montent les miasmes de ses nuisances politiques. Les islamistes ont avancé leurs pions dans la société et poursuivent sans relâche leur entrisme au sein des sphères publiques de l’Etat et les partis politiques. Ils ont quadrillé l’école, l’université, l’hôpital et envahi les médias avec leur discours obscurantiste et leur matraquage idéologique.

Par ailleurs, le MAK, mouvement séparatiste kabyle, instrumentalise les questions identitaires en se fondant sur une analyse réduite au prisme des origines et en brouillant les clivages politiques. Exiger la promotion de sa culture, l’épanouissement de sa langue et la réhabilitation de son histoire est un combat politique juste, mais inscrire celui-ci dans une vision ethniciste, c’est se fourvoyer politiquement. L’enjeu central est celui du projet de société. Il n’oppose pas les Kabyles aux Arabes, mais les modernistes aux islamo-conservateurs. Il sépare ceux qui militent pour une Algérie démocratique riche de ses cultures et de ses langues de ceux qui veulent l’ensevelir dans le linceul de l’islamo-baathisme.

L’obsession unique du MAK est d’entraîner la Kabylie dans la sécession. Il est temps d’échapper à cette funeste perspective à une seule condition : articuler la question identitaire au combat pour une société pluraliste, moderniste et ouverte aux valeurs universelles.D’autres forces destructrices travaillent aussi à fracturer l’Algérie, à la tailler en pièces pour mieux l’assujettir. Galvanisés par les objectifs du plan du Grand Moyen-Orient américain, l’Arabie Saoudite et le Qatar se sont mobilisés depuis longtemps en mode punitif pour ramener l’Algérie dans le «droit chemin». Et depuis le conflit libyen, la Turquie d’Erdogan affiche des visées belliqueuses à l’endroit de l’Algérie afin d’assouvir le rêve de restaurer le califat ottoman.

A cette liste de «frères» particulièrement intéressés vient s’adjoindre un «nouveau», le Maroc, plus agressif que jamais et qui, faisant mine de prendre la défense des minorités, bascule dans une des provocations les plus dangereuses de son histoire. Proposer l’autodétermination de la Kabylie à l’ONU et servir de sous-traitant aux services d’espionnage israéliens, c’est adopter une posture attentatoire à la cohésion de l’Etat national algérien et se perdre dans des alliances hasardeuses.
En fait, le royaume du Maroc nourrit des illusions expansionnistes, lorgne des territoires et des richesses et abuse son peuple en se défaussant sur son ennemi idéal, l’Algérie.

Dans un pays où le champ politique est miné par une classe politique qui a fait allégeance au système et à l’islamisme politique, une transition politique s’impose en Algérie. Celle-ci doit ménager une véritable issue démocratique à la crise qui secoue le pays. Pour en protéger le caractère pacifique et républicain, cette transition démocratique doit être confortée par l’ANP. L’unique voie de salut de l’Algérie, c’est, d’une part, un soutien vigilant de l’ANP et, d’autre part, le réarmement politique du mouvement citoyen dont il faudrait mettre à profit l’élan révolutionnaire pour construire une véritable alternative de sortie de crise.

Hachemi, tes idées sont toujours d’une brûlante actualité et ta stratégie de lutte est en parfaite symbiose non seulement avec le combat que mènent des centaines de milliers d’Algériennes et d’Algériens, mais aussi avec celui du peuple tunisien qui est descendu il y a quelques jours dans la rue pour dénoncer la gabegie de ses gouvernants, mettre à nu les blocages anti-démocratiques des islamistes et exiger le respect des valeurs républicaines et modernistes.
Grâce à toi et à tes enseignements, nous gardons la tête haute dans le combat. Hachemi, tu es cette montagne dont on contemple la majesté dans le vertige de l’altitude. Le peuple te célèbre et te rend hommage, car n’est digne de respect que celui qui comme toi est resté ferme dans ses principes et porte très haut les idéaux de son peuple.

Hachemi, compte tenu de la pandémie, nous n’appellerons pas à un recueillement public en signe du souvenir. Deux membres du Bureau national du PLD déposeront une gerbe de fleurs le lundi 2 août 2021 à 11 heures sur ta tombe au cimetière de Miramar (Bologhine-Alger).

Par Moulay Chentouf
Porte-parole du PLD

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