Parti sur la pointe des pieds le 1er avril dernier à l’âge de 77 ans, Zoubir Ferroukhi, ancien journaliste à Algérie actualité, était aussi membre du conseil de l’éthique de la presse algérienne, rédacteur en chef à Liberté et directeur de publication du journal régional
l’Écho de Blida.
Il aura marqué son passage au monde des médias par son professionnalisme avéré et sa modestie innée. Et celui qui ne le connait pas se souviendra sans doute de son remarquable reportage «Taghit l’enchanteresse» que plusieurs générations d’élèves l’avait lu et relu dans le livre de français de la 5e année primaire. D’ailleurs, ce titre résonne toujours chez plus d’un, surtout lorsque le nom de Taghit est évoqué.
«Je me souviens comme si cela datait d’hier de notre première rencontre. C’était le 1 er janvier 1996, qui était aussi mon premier jour en tant que nouvelle recrue au quotidien Liberté. Mon directeur de la rédaction Hacen Ouandjelli me demanda d’aller faire connaissance avec, ‘‘Zoubir’’, mon rédacteur en chef.
Ce dernier, plutôt affable et très respectueux, m’accueilla dans son bureau au 37, rue Larbi Ben M’hidi (ex-rue d’Isly). Affalé sur sa chaise, sa silhouette imposante donne à Zoubir les airs d’un Allemand. Mais la comparaison s’arrête à l’apparence physique.
Ce grand homme (au propre comme au figuré) est un concentré de bonté, de courtoisie et de chaleur humaine qui confine à de la naïveté», écrit le journaliste Hacene Moali sur son compte Facebook en guise d’hommage à l’un de ses anciens maîtres. Et de poursuivre : «Ma surprise mêlée à une incroyable fierté fut grande de découvrir que ce Zoubir n’est pas n’importe qui. Oui, je suis bien en face du fameux grand reporter d’Algérie Actualités, Zoubir Ferroukhi, l’auteur du magnifique reportage ‘‘Taghit l’enchanteresse’’ que j’ai étudié dans le livre de français de la 5e année primaire ! Oui, ce Zoubir, dont j’appréciais la plume et le style poétique, sera bien mon rédacteur en chef !» Vous imaginez un peu mon bonheur ? Pour moi, ce fut déjà une consécration de bosser sous les ordres d’un aussi grand journaliste (...). Discret dans ta vie, tu es parti tout aussi discrètement (...). J’ai beaucoup appris avec toi. Allah irahmek digne fils de la grande famille Ferroukhi, voire de toute la ville de Miliana qui a enfanté de grands noms dans le monde des arts, des lettres et du journalisme. «De son côté, Sid Ahmed Miliani, ancien journaliste au journal l’Écho de Blida, se souvient d’un ‘‘patron’’ généreux, qui n’hésitait surtout pas à partager ses connaissances et ses leçons de vie avec les nouvelles recrues.» «Feu Zoubir Feroukhi m’a ouvert les portes de sa rédaction, alors que je venais de terminer mon cursus sciences po en 2003.
Il lançait à l’époque un nouveau titre de presse papier L’Echo de Blida qui avait la double ambition d’être un titre national, donnant la part du roi aux infos régionales. Zoubir gérait l’ensemble des équipes avec tact et diplomatie et n’hésitait pas un instant à partager ses précieux conseils, fruit de ses années d’expérience, avec nous jeunes reporters mis au-devant de la couverture de l’élection présidentielle de 2004. Ce fut une expérience unique et je la dois à Si Zoubir qui m’a offert cette opportunité. Rabi yerahmou n’chalah.»
Par ailleurs, sa fille Imène rappelle que son défunt père cumule une cinquantaine d’années d’expérience dans le journalisme et qu’il s’apprêtait à éditer ses mémoires, mais le destin en a voulu autrement. «Il m’a laissé ses mémoires de journaliste, un livre qu’il a achevé juste avant de partir et que je publierai par la suite pour lui», conclut-elle.