Le 19 avril 2021 nous avait quitté, à l’âge de 90 ans, notre grand ami Maurice Tarik Maschino, philosophe, écrivain prolifique (plus de 20 livres), journaliste au Monde Diplomatique, mais aussi, militant de la lutte de libération algérienne, qu’il rejoignit en 1956.
Il fut également notre professeur de philosophie en 1968 au lycée Emir Abdelkader d’Alger. Nous avons beaucoup appris de cet enseignant exceptionnel, qui nous avait beaucoup marqué par son savoir universel, tout droit inspiré du siècle des lumières. Sa simplicité toute naturelle a fait que nous n’avons cessé d’être amis, depuis pratiquement 50 années.
Maurice Maschino, qui a pris le nom de Tarik Maschino, depuis qu’il a rejoint les rangs du Front de Libération National en 1956, est né à Paris et fait partie du cercle rapproché du grand philosophe Jean-Paul Sartre qui défendait, comme on le sait, publiquement la lutte armée algérienne depuis son déclenchement en novembre 1954.
Alors qu’il était en poste en tant que professeur de philosophie dans un lycée marocain, il découvre en 1956 la guerre d’Algérie et s’engage en effet comme militant pour l’indépendance algérienne, aux côtés du FLN. Il s’exprime en ce sens dans la presse marocaine et algérienne, ce qui lui vaudra de la part de la France, une inculpation pour atteinte à la sûreté de l’État et une annulation de son sursis militaire. Mais, refusant d’honorer ces obligations d’appelé du contingent, il se réfugie en Tunisie où il fut engagé par Abane Ramdane et Rédha Malek dans la rédaction du journal El Moudjahid.
Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, il épouse une Algérienne, Fadéla M’rabet, enseignante au Lycée El Idrissi d’Alger, et prend la nationalité algérienne. Il animent tout deux à la Radio Chaîne 3, une émission à grand succès destinée à la jeunesse algérienne. Mais du fait des positions jugées trop féministe de son épouse, ils furent interdits d’antenne juste après le coup d’Etat du 19 juin 1965, et finirent par quitter l’Algérie pour s’installer en France au début des années 1970.
Il entame avec succès une carrière de grand reporter au Monde Diplomatique et écrit plusieurs ouvrages desquels l’Algérie est presque toujours présente. Son épouse signera également plusieurs livres dont certains connaîtront un succès retentissant en Algérie.
Il reviendra en Algérie au début des années 2000 pour effectuer un grand reportage, qui donnera quelques années plus tard L’Algérie retrouvée, cet ouvrage qui connaîtra un honorable succès en Algérie et dans les milieux de l’émigration.
Il collaborera quelques années avec le journal algérien El Watan avant de mettre définitivement fin à sa très riche activité journalistique et littéraire.
Nous présentons nos sincères condoléances à son inconsolable épouse Fadila M’Rabet et demandons à tous ceux qui ont connu et eu de l’estime pour ce grand Homme, d’avoir en ce premier anniversaire de son décès une pieuse pensée pour lui.
Nordine Grim
Publications
1960 : Le Refus : Récit
1961 : L’Engagement : le Dossier des réfractaires
1972 : L’Algérie des illusions : la Révolution confisquée
1977 : Sauve qui peut
1982 : Votre désir m’intéresse : Enquête sur la pratique psychanalytique
1983 : Vos enfants ne m’intéressent plus
1983 : Voulez-vous vraiment des enfants idiots ?
1984 : Savez-vous qu’ils détruisent l’université ?
1988 : Etes-vous un vrai Français ?
1991 : «Allez-y doucement, camarades!» ou l’Amour chez les soviets
1992 : L’Ecole, usine à chômeurs
1993 : Quand les profs craquent
1995 : Mensonges à deux
1996 : Après vous, messieurs : les Femmes et le Pouvoir
1998 : Ils ne pensent donc qu’à ça ?
1999 : Y a-t-il de bonnes mères ?
2000 : Votre âge ne m’intéresse pas
2001 : Louba la peste : Récit
2001 : Oubliez les philosophes !
2002 : Parents contre profs [3]
2004 : L’Algérie retrouvée
2006 : Un geste ordinaire : De l’assassinat à la mort voulue
2007 : L’École de la lâcheté
2009 : La République des bigots