Hocine Abrous, natif de Chlef, est diplômé de l’Institut des enseignants en langue et littérature arabes, il a exercé dans l’enseignement et la presse écrite nationale et arabe, enchaînant la participation aux colloques littéraires et culturels nationaux et internationaux en tant que conférencier attitré, comme il a animé durant dix ans (1997-2007) une émission culturelle radiophonique intitulée Qotouf Dania (Fruits à portée de main).
Bibliophile jusqu’à la moelle depuis sa tendre enfance, l’écrivain élégant Abrous est auteur de nombreux ouvrages bien accueillis par les critiques littéraires et universitaires de par sa double innovation stylistique et pédagogique. Parmi les titres de la littérature pour enfants que l’auteur des Merveilles de la créativité a déjà publiés, on trouve : Le chant du rossignol, «La fleur-papillon, Massina et le chardonneret, Les cinq arbustes, La lapine Mima et l’escargot, L’étrange fourmi, Les oiseaux d’Abou Douma, Le rêveur de lumière, Tinhinane, la plus belle reine du Sahara et Le chef encagoulé. Comme il a publié une série de nouvelles pour enfants dans le but de leur inculquer l’histoire de l’Algérie : Le défi du martyr, Un martyr qui n’est pas mort, Courir hors du cercle, Le soleil éternel, Le faucon blanc, Une légende révolutionnaire,
L’instituteur et le bourreau. Abrous excelle aussi dans la poésie arabe, notamment visant la tranche des enfants : La rosée de l’enfance et Chansons chaudes. A la marge de la sixième édition du Festival international de la littérature et de la poésie tenu à Ouargla fin novembre passé sous le thème «Littérature pour enfants», il me confie d’un air jovial, non sans grande pondération, après avoir terminé son intervention «Les gènes de l’écriture dans la littérature pour enfant» : «Il est grand temps de se départir des histoires racontées à l’enfant d’une manière classique et ennuyeuse, et d’en faire appel aux outils de narration modernes qui sont au diapason de l’ère des nouvelles technologies et de la numérisation.» Est-ce l’écriture pour enfants une sinécure ? «Bien au contraire, une expérience créative ardue. Offrir à nos enfants un contenu adéquat à ses facultés cognitives et psychologiques requiert des grandes connaissances à même de les transporter vers des mondes qui puissent les éduquer, les divertir et les faire rêver, tout en tenant compte de l’environnement sociétal où ils grandissent et de la tranche d’âge ciblée (5 à 16 ans).
En fait, c’est un champ épineux, à sarcler avec ingéniosité et perspicacité, consistant à joindre la simplification à l’agréable.» Sur un autre registre, l’universitaire Abrous déplore le désintéressement de la famille, de l’école et des instances officielles pour la culture de l’enfant, ce qui rend l’accès au produit créatif difficile, notamment en termes de distribution et d’impact.
Dans son étude esthétique «À bord du bateau d’Al-Mutanabbi», éditée en 2003, l’homme de lettres Abrous étaye son dévolu jeté sur ce grand poète irakien de l’époque abbasside : «Comme Dostoïevski s’est étonné qu’un Russe puisse méconnaître Pouchkine, pour ma part je m’étonne qu’un Arabe ignore tout sur Al-Mutanabbi.»
C’est un dialogue imaginaire, intemporel et très intelligent entre Abrous et l’ogre de la versification arabe qui nous renseigne sur ses vicissitudes , ses années d’or et ses déconvenues, ses différents démêlés, par vers interposés, avec ses pourfendeurs d’alors, une odyssée qui s’ébranle de la Méditerranée jusqu’au Sahara, puis à destination de l’Orient des fragrances et quelques villes asiatiques, il lui «organise» une rencontre avec le poète syrienne Nizar Qabbani (1923-1998) et le poète irakien Muthaffar Al-Newwab (1934-2022), où il question des divers styles poétiques et des grands événements historiques survenus depuis l’assassinat d’Al Mutanabbi à Bagdad en 965 jusqu’à nos jours tumultueux.
L’écrivain talentueux Abrous a aussi à son actif des recueils de poésie pour adultes : Mille fenêtres et un mur, Toi le palmier-dattier et moi le pollen, Cogner sur un cœur de fer et Ce que vous redoutez d’un spectre.
Quant aux autres essais parus signés de sa plume fertile sont : Littérature pour enfants et l’art de l’écriture, L’art de cesser de fumer et La Mitidja lors de la nuit du 1er Novembre 1954. Belkacem Meghzouchene