Plus de 22 tonnes de viande rouge ont été écoulées en trois jours dans les marchés de la wilaya, et la quantité demeure insuffisante face à une importante demande, alors que le mois du jeûne est encore long.
Chaque année, le mois du Ramadhan se présente comme un véritable défi sur le plan financier pour les ménages algériens. Cette année, la situation est plus complexe, avec une flambée des prix de certains produits alimentaires, notamment la viande blanche.
Cette dernière a atteint des prix qui défient la logique, allant de 520 à 560 DA le kilogramme au début du mois du jeûne, tandis que la viande rouge se vend à des prix exorbitants, dépassant 2000 DA le kilogramme. Les citoyens aux revenus moyens se retrouvent dans une situation inextricable.
Pourtant, une campagne de sensibilisation a été menée par la cellule de veille de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) de Constantine auprès des vendeurs pour faire baisser les prix des produits les plus demandés durant ce mois.
En vain. «Le commerçant est libre de fixer le prix qu’il veut sans scrupules en ce mois, tant qu’il n’y a pas une loi qui détermine la marge bénéficiaire», a regretté un citoyen rencontré dans un marché du centre-ville de Constantine. Face à la montée en flèche des prix de la viande blanche, les consommateurs sont restés perplexes.
Les cuisses sont cédées entre 440 et 460 DA le kilogramme, l’escalope a atteint un record jamais égalé depuis des années entre 890 et 900 DA le kilogramme, sans oublier les ailes à 310 DA. Ce qui était bien impensable avant le mois du jeûne. «Les ailes sont de plus en plus demandées par les familles qui ont tendance à pallier l’inaccessibilité à la viande rouge à plus de 2000 DA.
Aujourd’hui, la viande blanche n’est plus à la portée du consommateur de condition modeste et j’ai honte d’afficher ces prix, qui font fuir la clientèle», a souligné un vendeur de volailles au marché couvert Boumezzou. Face à cette situation, le consommateur, qui n’ose pas braver les prix exorbitants, décide de se rabattre sur les marchés de proximité (connus par les marchés Errahma).
Considérés comme une bouée de sauvetage par une grande partie de la population, ces espaces ouverts par l’Etat durant le Ramadhan proposent des produits aux prix abordables, dont la viande rouge importée vendue à partir de 1200 DA le kilogramme et la viande blanche à 390 DA le kilogramme.
La viande revendue au marché parallèle
Cependant le paradoxe est saisissant, car la tendance de la consommation de la viande est encore plus prononcée depuis le premier jour du mois de jeûne. Cela a été constaté à travers le rush quotidien sur les marchés de proximité, et surtout les bousculades devant les stands des viandes.
De longues files d’attente sont observées depuis 8h devant les portes du siège de l’UGTA situé à la rue Chitour Amar du centre-ville de Constantine et exploité comme marché de proximité. Il a fallu l’intervention des éléments de la sûreté pour assurer l’ordre lors de la distribution de la viande.
Dans l’un des marchés, 5 quintaux de viande ont été écoulés en une journée, avant d’ajouter deux autres quintaux pour satisfaire la demande. «Un seul importateur a ramené durant les premiers jours du Ramadhan environ 67 tonnes de viande rouge pour la wilaya de Constantine.
Et ce n’est pas suffisant, on s’approvisionne également depuis Annaba et Oum El Bouaghi et prochainement à partir de Jijel», a déclaré à El Watan Mohamed Laïd Bouhanguel, coordinateur du bureau de wilaya de l’Ugcaa.
Pour sa part, Sid Ali Merdès, directeur du commerce de la wilaya de Constantine affirme que 44 tonnes de viande rouge ont été distribuées dans toute la wilaya depuis lundi 4 mars. Et durant les deux premiers jours du ramadhan, les marchés de proximité ont été approvisionnés de 22 tonnes.
Pour ce qui est de la viande blanche, nous n’avons pas pu avoir de statistiques auprès des services du commerce. Cependant, cette initiative louable des marchés de proximité n’a pas manqué de générer des dérives.
Nous avons appris lors de notre tournée que certains individus profitent de la situation pour acheter la viande à des prix fixés par l’Etat dans les marchés Errahma et la revendre à des prix élevés dans les marchés parallèles, atteignant parfois 2000 DA le kilogramme pour la viande rouge et 500 DA pour le poulet. «On les connaît un par un. Ils viennent quotidiennement et font la chaîne comme nous», a fait savoir un citoyen au siège de l’UGTA.
Ce trafic lucratif prive les citoyens les plus démunis de l’accès à une denrée essentielle durant le Ramadhan. «Nous avons été informés de ce phénomène pour lequel nous avons mobilisé des agents de contrôle en civil dans tous les marchés pour identifier ces gens.
Ces derniers feront l’objet des mesures réglementaires, dont la poursuite pour vente de viande en dehors de la chaine de distribution», a indiqué le directeur du commerce de wilaya.