Hadjout : Le passé de la tribu des Hadjoutes revisité

09/04/2022 mis à jour: 03:30
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Lacène Khellil El-Berkani (gauche) et Yahia Boubekeur (droite)

Lacène Khellil El-Berkani est tenace quand il s’agit de vulgariser le glorieux passé historique de ce territoire ouest de la Mitidja allant de Hadjout jusqu’à Menaceur. Les combattants de cette tribu étaient redoutables, selon les affirmations des généraux français, inscrites dans leurs mémoires. L’Algérie comptait 1200 tribus.

 Le territoire des Hadjoutes s’étendait sur une superficie de 17740 ha. Un territoire pourvu de deux importantes forêts et 53 fermes agricoles. L’universitaire et retraité Lacène Khellil El-Berkani et Yahia Boubekeur, respectivement président de l’association culturelle Cercle âge d’or de Hadjout et directeur de la librairie  TPA de Zéralda avaient organisé ce rendez-vous, afin d’évoquer un pan de l’histoire de la tribu des Hadjoutes, en rendant hommage à ses combattants qui avaient mené une lutte acharnée contre l’occupant français. Les organisateurs de cet événement culturel et historique avaient tenu à rappeler le rôle de la femme hadjoutie dans le combat libérateur, en mettant l’accent sur 4 héroïnes natives de l’ex-Marengo parmi tant d’autres, qui s’étaient sacrifiées pour l’Algérie. Il s’agit de Lalla Dakhla, Chaib Yamina Oudaï, Annie Fioro Steiner et Zaphira, épouse de Salim Ben Toumi. 

A l’issue des interventions des trois conférenciers, les initiateurs de la rencontre avaient laissé la place au débat. Certains membres des familles descendantes des tribus des Hadjoutes et de Beni-Menasseurs faisaient partie de l’assistance. Une ambiance était conviviale, détendue, de surcroît instructive pour ces mères de familles présentes. L’absence des jeunes quand il s’agit d’aborder les thèmes relatifs à l’Histoire du pays avait suscité des interrogations. 

Le désintérêt des futurs adultes sur l’Histoire de leur pays, n’a pas laissé indifférent le docteur Bekkat Berkani venu d’Alger, en dépit d’une météo pluvieuse en cet après-midi à Hadjout. «Je suis issu de Hadjout et descendant de la tribu des Braknas de Beni Menasseurs. Étant jeune, ma participation au défilé du 5 Juillet demeure ancrée dans ma mémoire à ce jour. Nous aimons notre pays insiste Dr Bekkat Berkani, l’histoire, c’est l’Histoire, il faut parler de l’Histoire, la vraie, qui n’a pas encore été dite, c’est la raison pour laquelle nos jeunes ne s’intéressent pas à l’Histoire de leur pays. 

C’est un constat d’échec que nous vivons en 2022, soit presque 60 années après l’Indépendance, malheureusement nous n’avons pas profité de la richesse au pluriel de notre patrie, l’esprit des combattants algériens contre la colonisation, les ressources naturelles et les potentialités humaines de notre Algérie. Nous avons donné hélas audience à des gens qui ne méritent, nous sommes arrivés hélas à ce niveau», regrette-t-il. 

Le responsable de la libraire  TPA  de Zéralda déclare : «Dans le cadre de notre initiative intitulée -Les rencontres algériennes-, nous avons déjà organisé notre premier événement à Zéralda et avons évoqué les révoltes de la tribu des Béni-Menasseurs. 

Il s’agit de rappeler toutes les résistances du peuple algérien contre les forces coloniales, nous considérons que cette opportunité nous permet d’auditer, d’analyser, d’examiner la résistance du peuple algérien à travers l’Histoire de notre Algérie, depuis des millénaires. Aujourd’hui, à Hadjout, c’est notre 2e conférence. Nous venons d’évoquer les révoltes de la tribu des Hadjoutes, qui s’inscrit je le précise dans la résistance totale du peuple algérien. 

La prochaine rencontre concernera la Bataille d’Alger. Nous continuerons à nous déplacer à travers toutes les wilayas, afin d’illustrer le combat de notre peuple du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest, en tentant de redessiner la toile de la résistance algérienne, afin de faire comprendre à nos enfant, à nos jeunes et au monde entier que le peuple algérien vient de très loin, en menant une farouche résistance contre le colonialisme, peut-être que nos jeunes seront fiers du combat de leurs aînés. Nous reconnaissons qu’il y a un certain  nombres de non-conformité de l’Histoire qui existent jusqu’à nos jours, qui font que beaucoup de jeunes ne connaissent pas l’Histoire de leur pays. Ils préfèrent se détourner, aller ailleurs pour diverses raisons, modestement, nous essayons de corriger certains éléments de non-conformité de l’Histoire de notre pays», conclut Yahia Boubekeur.

 Le président du Cercle Age d’Or de Hadjout dira à son tour : «Vous avez vu, nous avons parlé de la résistance de la tribu des Hadjoutes. Nous avons rendu hommage à son combat et aux 4 héroïnes natives de l’ex-Marengo. Nous avons indiqué la dimension du territoire de la tribu des Hadjoutes, mais avons été relativement brefs, afin de laisser l’assistance poser des questions, dans la perspective de faire aimer ces glorieuses révoltes des tribus contre l’occupant.». 

Certaines familles avaient affiché leur satisfaction, à l’issue de la conférence, en raison de la découverte du passé de la tribu des Hadjoutes et le combat des héroïnes natives de leur bled.

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