Guinée-Bissau : Le Président dissout le Parlement après la «tentative de coup d’Etat»

05/12/2023 mis à jour: 04:56
AFP
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Le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, ici lors d'une conférence de presse en Afrique du Sud en avril 2022, a annoncé la dissolution du Parlement, ce lundi 4 décembre. © PHILL MAGAKOE / AFP

Le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo a décidé de dissoudre, hier, le Parlement dominé par l’opposition, trois jours après des affrontements armés qu’il qualifie de «tentative de coup d’Etat» et qui plongent ce petit pays d’Afrique de l’Ouest dans une énième crise, rapporte l’AFP. 

«La date des prochaines élections législatives sera fixée le moment opportun, conformément aux dispositions (...) de la Constitution», indique un décret présidentiel communiqué à la presse. 

Le président Embalo a invoqué la «complicité» entre la Garde nationale, le corps impliqué dans les affrontements avec la Garde présidentielle, jeudi soir et vendredi, et «certains intérêts politiques au sein même de l’appareil d’Etat». «Après cette tentative de coup d’Etat menée par la Garde nationale et devant les preuves fortes de l’existence de complicités politiques, le fonctionnement normal des institutions de la République est devenu impossible. Ces faits confirment l’existence d’une grave crise politique», a-t-il affirmé.

La Guinée-Bissau évolue dans une instabilité politique chronique et a connu, depuis son indépendance du Portugal en 1974, une kyrielle de coups de force, le dernier en février 2022. Des éléments de la Garde nationale ont fait irruption, jeudi soir, dans les locaux de la police judiciaire pour en extraire le ministre de l’Economie et des Finances, Souleiman Seidi, et le secrétaire d’Etat au Trésor public, Antonio Monteiro, qui y étaient interrogés. 

Puis ils se sont mis à l’abri dans un camp militaire de la capitale Bissau et ont résisté jusqu’à vendredi matin par les armes. Les affrontements ont fait au moins deux morts. Ils sont considérés comme une nouvelle illustration des fractures politiques profondes au coeur de l’Etat entre la présidence et le gouvernement, et qui traversent aussi les forces de sécurité. La Garde nationale relève essentiellement du ministère de l’Intérieur, donc du gouvernement, lui-même émanation du Parlement dominé par l’opposition. Le parquet, qui a ordonné l’interpellation des deux membres du gouvernement, répond à la présidence. Les législatives de juin 2023 ont donné la majorité absolue à une coalition constituée autour de l’historique Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), vieil adversaire du président Embalo qui dirige le pays depuis 2020, mais s’est retrouvé condamné à la cohabitation avec le gouvernement. 

Dans son décret, le président a dénoncé «la passivité du gouvernement» face aux évènements. Il a assuré que le but de la Garde nationale, en cherchant à libérer les deux membres du gouvernement, était d’entraver les investigations diligentées par le parquet. Les deux membres du gouvernement avaient été placés en garde à vue jeudi et interrogés à propos d’un retrait de dix millions de dollars des caisses de l’Etat. L’affaire a été abordée auparavant au Parlement. 

Le président Embalo a accusé le Parlement d’avoir «préféré défendre des membres de l’exécutif soupçonnés d’actes de corruption portant gravement atteinte aux intérêts supérieurs de l’Etat», plutôt que de «lutter pour l’application rigoureuse de la loi (...) et d’exercer son rôle de contrôle des actes du gouvernement». Il a prévenu, samedi, que les troubles auraient de «lourdes conséquences».

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