Guerre en Ukraine : Poutine menace de frapper d’autres cibles

06/06/2022 mis à jour: 03:00
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Photo : D. R.

Le président russe a prévenu que Moscou frapperait de nouvelles cibles si les Occidentaux fournissent des missiles de longue portée à l’Ukraine, ce qui, selon lui, vise à «prolonger le conflit». En cas de telles livraisons, la Russie frapperait «des sites que nous n’avons pas visés jusqu’à présent», a déclaré M. Poutine à la chaîne de télévision Rossiya-1, sans plus de détails.

Plusieurs frappes russes ont visé Kiev hier à l’aube, les premières depuis fin avril, Vladimir Poutine menaçant de frapper de nouvelles cibles si les Occidentaux fournissent des missiles de longue portée à l’Ukraine.

Dans l’est du pays, des combats intenses ont éclaté pour le contrôle de la ville stratégique de Severodonestk, où chaque camp a affirmé progresser au cours des derniers jours. Plusieurs explosions ont eu lieu à l’aube dans le sud-est de la capitale ukrainienne, dans les quartiers de Darnytsky et Dniprovsky. Selon des journalistes de l’AFP sur place, l’armée a installé un corridor de sécurité autour d’une cible interdite d’accès, une infrastructure ferroviaire.

Selon les forces aériennes ukrainiennes, plusieurs missiles de croisière ont été tirés en direction de Kiev par des avions russes TU-95 basés dans la mer Caspienne, dont un a été détruit. Des infrastructures ferroviaires ont été visées, selon diverses sources ukrainiennes, notamment de la société de chemins de fer Ukrzaliznytsia.

Moscou a affirmé avoir détruit des chars livrés par des pays d’Europe de l’Est. «Des missiles de haute précision et de longue portée tirés (...) sur la banlieue de Kiev ont détruit des chars T-72 fournis par des pays d’Europe de l’Est et d’autres blindés qui se trouvaient dans des hangars», a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

«Prolonger le conflit» -

La société ukrainienne Energoatom, qui gère les centrales nucléaires du pays, a pour sa part déclaré qu’un missile avait volé à un «niveau extrêmement bas au-dessus de la centrale Pivdenno-Ukraïnska», dans la région de Mykolaïv (sud), dénonçant «un acte de terrorisme nucléaire». «Ce missile a probablement été tiré en direction de Kiev», selon Energoatom.

La capitale, autour de laquelle l’étau russe s’était desserré fin mars/début avril, n’avait plus été frappée depuis le 28 avril, jour de la visite du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Peu après ces bombardements, le président russe a prévenu que Moscou frapperait de nouvelles cibles si les Occidentaux fournissent des missiles de longue portée à l’Ukraine, ce qui, selon lui, vise à «prolonger le conflit». En cas de telles livraisons, la Russie frapperait «des sites que nous n’avons pas visés jusqu’à présent», a déclaré M. Poutine à la chaîne de télévision Rossiya-1, sans plus de détails.

Ces déclarations interviennent quelques jours après que les Etats-Unis aient annoncé leur décision de livrer à l’Ukraine des lance-roquettes multiples Himars d’une portée d’environ 80 km. Les experts militaires soulignent que cette portée est légèrement supérieure à celle des systèmes analogues russes, ce qui permettrait aux forces de Kiev de frapper l’artillerie adverse en restant hors d’atteinte.

Combats cruciaux à Severodonetsk

Dans le même temps, dans l’est de l’Ukraine, des combats cruciaux se poursuivaient à Severodonetsk, au cœur de l’offensive russe dans le bassin minier du Donbass. Cette région orientale est sous le contrôle partiel de séparatistes prorusses depuis 2014 et Moscou espère la conquérir en intégralité. Au cours des dernières heures, chacun des camps a revendiqué progresser à Severodonestk, la capitale administrative ukrainienne de la région de Lougansk.

«Les Russes contrôlaient environ 70% de la ville, mais au cours des deux derniers jours, ils ont été repoussés. La ville est divisée en deux, ils ont peur de s’y déplacer librement», a déclaré hier matin sur Telegram Serguiï Gaïdaï, le gouverneur ukrainien de la région. Plus tôt samedi, le maire de la ville, Olexandre Striouk, avait assuré que «nos militaires sont parvenus à se redéployer, à construire une ligne de défense.

Actuellement, nous faisons le nécessaire pour rétablir le contrôle total» de la cité, notamment par des «combats de rue». Mais à l’inverse, le ministère russe de la Défense avait affirmé samedi que les unités ukrainiennes «ayant subi des pertes critiques lors des combats pour Severodonetsk (jusqu’à 90% dans plusieurs unités)» se retiraient vers Lyssytchansk, la grande ville voisine.

Pour l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), la dynamique a changé et désormais les forces ukrainiennes «ralentissent avec succès (...) les assauts russes à Severodonetsk à travers des contre-attaques locales prudentes et efficaces». A. Z. et agences

Quatre mercenaires étrangers tués en Ukraine

Quatre militaires volontaires étrangers, dont un Français, ont été tués en combattant l’invasion russe en Ukraine, a annoncé samedi la Légion internationale de défense de l’Ukraine, organisme officiel des combattants volontaires étrangers. La Légion a cité les noms d’un Néerlandais, d’un Australien, d’un Allemand et d’un Français, sans préciser la date ni les circonstances de leur mort. Des journalistes de l’AFP à Kharkiv ont assisté le 21 mai à l’enterrement du Néerlandais Ronald Vogelaar.

Ses collègues ont déclaré pendant la cérémonie qu’il avait été tué plusieurs jours plus tôt par l’artillerie. L’Australien aurait été tué en mai et sa mort a été confirmée par un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Le journal Mercury de Tasmanie a identifié l’homme comme étant Michael Charles O’Neill, 47 ans. La Légion indique sur son site que des citoyens de pays, comme le Danemark, Israël, la Pologne, la Lettonie, la Croatie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et le Canada, ont rejoint ses rangs.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé la formation de cette force au début de la guerre et les autorités ukrainiennes ont peu après déclaré avoir reçu environ 20 000 candidatures.

Le conflit, qui vient de dépasser les 100 jours, aurait également attiré un nombre important de combattants volontaires de la Géorgie, ex-République soviétique qui a connu une guerre éclair avec la Russie en 2008 ayant entraîné la reconnaissance par Moscou de deux territoires séparatistes prorusses d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. La Russie a affirmé cette semaine avoir tué «des centaines» de combattants étrangers en Ukraine depuis le début de son invasion, le 24 février, et endigué le flux de nouveaux arrivants. R. I.

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