Moscou a affirmé avoir capturé des Britanniques et exigeait de négocier avec Londres leur libération. La télévision publique russe a diffusé des vidéos montrant deux prisonniers, présentés comme des Britanniques capturés lors de combats en Ukraine, s’adressant au Premier ministre Boris Johnson pour négocier leur libération.
Les deux hommes, qui apparaissent les traits tirés, demandent à être échangés contre Viktor Medvedtchouk, un riche homme d’affaires ukrainien proche du président Vladimir Poutine et récemment arrêté en Ukraine. Kiev a pour sa part diffusé une vidéo de cet homme d’affaires, dans laquelle il demande à être échangé «contre les défenseurs de Marioupol et ses habitants». Cette «guerre de vidéos» intervient alors que Kiev a promis de défendre «jusqu’au bout» le port stratégique de Marioupol dans le Sud-Est où l’armée russe encercle des militaires ukrainiens.
A Lviv, la grande ville de l’Ouest où s’étaient repliées plusieurs ambassades occidentales, «cinq puissantes frappes de missiles» ont touché «l’infrastructure civile», a annoncé sur Twitter, Mikhaïlo Podoliak, conseiller du président Volodymyr Zelensky. Le gouverneur régional, Maksym Kozitsky, a pour sa part évoqué quatre frappes de missiles de croisières, tirés depuis la Caspienne : trois sur des infrastructures militaires et une sur un garage de pneumatique, qui ont provoqué des incendies. Toutes les cibles sont «gravement endommagées» selon lui. Lviv a été rarement visée par des bombardements depuis le début de l’invasion russe le 24 février, contrairement à l’est du pays où se concentre désormais l’essentiel des bombardements.
Ultimatum ignoré
Dans un message vidéo dimanche soir, le président Volodymyr Zelensky a affirmé que «les soldats russes se préparent à une offensive dans l’est de notre pays dans un avenir proche. Ils veulent littéralement achever et détruire le Donbass». «Tout comme les militaires russes détruisent Marioupol, ils veulent anéantir d’autres villes et d’autres communautés dans les régions de Donetsk et de Lougansk», a-t-il poursuivi, avant de lancer : «Nous faisons tout pour assurer la défense.»
Moscou semble notamment déterminé à prendre le port stratégique de Marioupol dans le Sud-Est, dont les derniers défenseurs ont ignoré dimanche un ultimatum de l’armée russe qui leur demandait de déposer les armes. «Sabotez les ordres des occupants. Ne coopérez pas avec eux (...) Vous devez tenir bon», a encore dit le président Zelensky. Il a de nouveau appelé les Occidentaux à imposer «un embargo sur les livraisons de pétrole en provenance de Russie», estimant qu’une telle mesure «s’impose chaque jour davantage».
M. Zelensky a également invité le président Emmanuel Macron, en pleine campagne électorale, à venir en Ukraine pour constater que les forces russes y commettent un «génocide», un terme que son homologue français s’est jusqu’ici refusé à employer.
Moscou avait demandé aux derniers combattants ukrainiens, retranchés dans le complexe métallurgique d’Azovstal à Marioupol, de cesser le feu dimanche et d’évacuer les lieux. «Tous ceux qui auront abandonné les armes auront la garantie d’avoir la vie sauve», avait promis le ministère russe de la Défense sur Telegram. «C’est leur seule chance.» Mais le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, a assuré que la résistance continuerait. «Non, la ville n’est pas tombée. Nos militaires y sont toujours. Ils combattront jusqu’au bout. A l’heure où je vous parle, ils sont toujours dans Marioupol», a-t-il dit à la chaîne de télévision américaine ABC dimanche soir.
Un responsable policier de Marioupol, Mykhailo Vershynin, a assuré dimanche que «beaucoup de civils dont des femmes, des enfants, des bébés et des personnes âgées» étaient retranchés dans le complexe Azovstal. «Ces gens se protègent des bombardements, car là-bas, il y a un abri qui donne une chance de survie pour un certain temps», a-t-il dit dans un enregistrement diffusé sur Youtube. «Ils ne font pas confiance aux Russes. Ils ont vu ce qui se passe dans la ville et c’est la raison pour laquelle il se trouvent dans l’usine».
La prise de cette cité constituerait une victoire importante pour les Russes, car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d’Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014. D’après le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial David Beasley, plus de 100 000 civils sont au bord de la famine à Marioupol, manquant également de chauffage.
Dans l’Est, une frappe a touché dans la nuit de dimanche à lundi un quartier au nord-est de la ville de Kramatorsk, sans faire de dégât. Dimanche, toujours à Kramatorsk, deux explosions avaient été entendues vers 11h45, mais aucune habitation n’a été touchée, a constaté l’AFP.
Les frappes ont probablement visé un ancien site industriel, comme il y en a de nombreux dans la ville, et dont certains sont occupés par l’armée ukrainienne. Le gouverneur de la région de Lougantsk, également dans l’est, Serguiï Gaïdaï, avait exhorté les civils à évacuer la région. «Cette semaine risque d’être difficile», a-t-il prévenu.
Maintenant «c’est peut-être la dernière fois que nous avons une chance de vous sauver» en quittant les zones de combats, a-t-il dit sur Facebook.
Les troupes Russes dans Kreminna
Les troupes russes sont entrées hier dans la ville de Kreminna, dans l’est de l’Ukraine, selon les autorités locales. « Il y a eu une importante attaque dans la nuit » de dimanche à lundi à Kreminna, a déclaré le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, sur sa page Facebook. «L’armée russe y est déjà entrée, avec une énorme quantité de matériel de guerre (...) Nos défenseurs se sont repliés sur de nouvelles positions», a-t-il ajouté. Kreminna, qui compte environ 18 000 habitants, se trouve à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kramatorsk, la capitale ukrainienne du Donbass et l’une des cibles de Moscou dans cette région. La ville est voisine de celle de Roubijné, qui était sous le feu intense de l’artillerie et des mortiers ukrainiens. Des positions ukrainiennes pilonnaient cette localité, notamment depuis le village de Novodruzhesk, à environ 3 km. Depuis ce village, on pouvait voir et entendre de puissantes explosions dans Rubijné, parfois suivies d’incendies, et dégageant des panaches de fumée noire ou blanche qui s’élevaient au-dessus de la ville. Le 13 avril, le chef des séparatistes prorusses de Lougansk, Léonid Passetchnik, avait indiqué que les Ukrainiens contrôlaient encore «une partie» de la ville de Roubijné. R. I