Malgré les appels répétés de la communauté internationale à mettre fin à la guerre, les Etats-Unis ont menacé d’opposer leur veto au projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, soumis par l’Algérie, appelant à un cessez-le-feu humanitaire immédiat.
Alors que la communauté internationale tente de négocier un cessez-le-feu à Ghaza, à travers notamment un projet de résolution au Conseil de sécurité soumis par l’Algérie, les perspectives de paix semblent s’éloigner, exacerbant les souffrances des Palestiniens de Ghaza pris au piège d’une guerre sans fin.
Malgré les appels répétés de la communauté internationale à mettre fin à la guerre, les Etats-Unis ont menacé d’opposer leur veto à ce projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, soumis par l’Algérie, appelant à un cessez-le-feu humanitaire immédiat.
La décision de la Cour internationale de justice en janvier, appelant Israël à prévenir tout acte potentiel de génocide à Ghaza, avait pourtant donné un nouvel élan aux efforts diplomatiques. Mais le fait est que les Etats-Unis bloquent toutes les initiatives visant à mettre fin à la guerre contre les Palestiniens de Ghaza.
La dernière version du texte, sur laquelle l’Algérie a demandé un vote pour demain, mardi 20 février – et d’ores et déjà mise en «bleu» –, «exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat qui doit être respecté par toutes les parties», alors que l’offensive israélienne à Ghaza a fait 28 858 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère palestinien de la Santé à Ghaza.
Le projet de résolution «refuse le déplacement forcé de la population civile palestinienne» et demande l’arrêt de cette «violation du droit international». Il demande également la libération de «tous les otages». Début février, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, avait prétendu, selon les propos rapportés par l’AFP, que l’initiative de l’Algérie en vue d’une nouvelle résolution risquait de «faire dérailler» les négociations en vue d’une trêve incluant de nouvelles libérations d’otages – des négociations toujours en cours.
«Nous pensons qu’il est grand temps désormais pour le Conseil de sécurité d’adopter une résolution sur un cessez-le-feu humanitaire», a plaidé de son côté, il y a quelques jours, l’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, estimant avoir été «plus que généreux pour donner plus de temps». «Il y a un soutien massif parmi les membres du Conseil de sécurité», a-t-il assuré, malgré l’incertitude sur la position américaine.
Il est à rappeler, à ce propos, qu’Israël et son allié américain avaient bloqué les précédentes tentatives de résolution du fait qu’elles ne contenaient pas une condamnation ferme de l’attaque du Hamas du 7 octobre.
«Les négociations n’ont pas été prometteuses…»
Le problème réside dans le fait que même les pourparlers en faveur d’une trêve semblent piétiner. Ces négociations, menées par des médiateurs égyptiens, américains et qataris, n’ont pas encore abouti à un accord.
Le Hamas a menacé de quitter ces pourparlers si «une aide (humanitaire) n’était pas acheminée dans le nord de Ghaza». Son chef, Ismaïl Haniyeh, a répété que son mouvement exigeait un cessez-le-feu et le retrait israélien de Ghaza. Des conditions rejetées plusieurs fois par Israël, qui continue de raser, en toute impunité, des quartiers entiers, déplaçant 1,7 million des 2,4 millions d’habitants et provoquant une crise humanitaire majeure, selon l’ONU.
«Les négociations n’ont pas été très prometteuses ces derniers jours, mais nous ferons de notre mieux pour nous rapprocher d’un accord», a souligné hier le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al Thani, à Munich. Pendant ce temps, sur le terrain, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, reste déterminé à poursuivre une offensive terrestre à Rafah, en dépit des appels internationaux à la retenue.
De vives inquiétudes se sont exprimées dans le monde, y compris par l’allié américain, pour les civils, la plupart des déplacés, dans cette ville située à la frontière fermée avec l’Egypte. Lors d’un appel téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron, le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, a, selon l’agence AFP, répété «la position catégorique de l’Egypte de rejeter le déplacement des Palestiniens (vers son territoire, ndlr) sous n’importe quelle forme».
Ces derniers jours, une ONG égyptienne et le Wall Street Journal ont rapporté que l’Egypte construisait dans le Sinaï un camp fermé et sécurisé destiné à accueillir des réfugiés palestiniens en cas d’offensive israélienne sur Rafah. Les opérations militaires israéliennes se concentrent désormais sur Khan Younès, laissant la population locale dans une situation de plus en plus précaire.
Au cœur de cette crise se trouve l’hôpital Nasser, qui a été réduit en ruines par les bombardements incessants de l’armée d’occupation. Les coupures d’électricité ont eu des conséquences tragiques, entraînant la mort de six patients, dont un enfant, depuis vendredi dernier, selon le ministère palestinien de la Santé à Ghaza.
Les autorités israéliennes affirment avoir pénétré dans l’hôpital à la recherche d’otages. Le Hamas dément ces allégations, dénonçant une violation flagrante du droit humanitaire international. Médecins sans frontières a qualifié la situation dans l’hôpital de «catastrophique», soulignant les difficultés d’accès aux soins de santé pour les patients. Le ministère de la Santé a indiqué que «70 membres du personnel médical de l’hôpital, dont des médecins (de l’unité de) soins intensifs» ont été arrêtés.
Lula : «C’est une guerre entre une armée et des femmes et des enfants»
«Il ne reste plus que 25 membres du personnel médical (...) et ils ne peuvent pas traiter les cas qui nécessitent des soins cliniques extrêmes», a ajouté la même source, faisant état de l’«arrestation de dizaines de patients alors qu’ils étaient sur des lits d’hôpital» et qui ont été emmenés vers «une destination inconnue».
Dans un message posté sur la plateforme X, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a écrit : «Ni hier ni avant-hier, l’équipe de l’OMS n’a pas été autorisée à entrer dans l’hôpital pour évaluer l’état des patients et les besoins médicaux critiques, bien qu’elle soit arrivée dans l’enceinte de l’hôpital pour livrer du carburant aux côtés de partenaires.» Et de poursuivre : «Il y a encore environ 200 patients à l’hôpital.
Au moins 20 doivent être orientés d’urgence vers d’autres hôpitaux pour recevoir des soins de santé, l’orientation médicale est le droit de chaque patient.» Dans un communiqué repris par l’agence de presse Wafa, le Réseau des associations palestiniennes a souligné que «le bombardement par l’entité sioniste des environs de l’hôpital Nasser augure une nouvelle catastrophe humanitaire, d’où l’urgence d’agir sans délai pour éviter un tel scénario».
Il va sans dire que la situation humanitaire à Ghaza est alarmante, avec un risque imminent de famine, selon les avertissements de l’ONU. Les habitants de la Bande de Ghaza, déjà confrontés au blocus israélien, subissent les conséquences dévastatrices des destructions et des pénuries causées par la guerre barbare et sanglante.
Les manifestations de solidarité avec les Palestiniens se propagent à travers le monde, notamment à Rome, Londres, Stockholm, Istanbul et Mexico. Hier, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a accusé Israël de commettre un «génocide» dans la Bande de Ghaza, établissant le parallèle avec l’extermination des juifs mise en œuvre par le régime hitlérien.
«Ce qui se passe dans la Bande de Ghaza n’est pas une guerre, c’est un génocide», a déclaré Lula à la presse depuis Addis-Abeba, en Ethiopie, où il assiste à un sommet de l’Union africaine. «Ce n’est pas une guerre de soldats contre soldats. C’est une guerre entre une armée hautement préparée et des femmes et des enfants», a ajouté le dirigeant brésilien.
«Ce qui se passe dans la Bande de Ghaza avec le peuple palestinien ne s’est produit à aucun autre moment de l’histoire. En fait, cela s’est déjà produit : lorsque Hitler a décidé de tuer les juifs», a-t-il martelé. Ces propos font partie des commentaires les plus virulents jamais formulés sur le conflit en cours entre Israël et le mouvement islamiste palestinien du Hamas par Lula, éminente voix du Sud, dont le pays assure actuellement la présidence tournante du G20.