Guerre contre Ghaza : L’espoir d’un cessez-le-feu renaît

30/04/2024 mis à jour: 03:30
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La population ghazaouie souffre de la famine - Photo : D. R.

Le chef de la diplomatie anglaise, David Cameron, a révélé hier, au cours d’une réunion du Forum économique mondial qui se tient en Arabie Saoudite, la teneur de la proposition de trêve faite au Hamas. «Une offre très généreuse de cessez-le-feu de 40 jours, de libération de milliers de prisonniers palestiniens en échange de la libération des otages», a affirmé l’ancien Premier ministre britannique.

Alors que les espoirs d’une trêve renaissent, la guerre à Ghaza s’est poursuivie avec acharnement au 206e jour de l’offensive israélienne. Au moins 34 Palestiniens ont été tués et 68 autres blessés en 24 heures, entre dimanche et hier, a indiqué hier le ministère de la Santé du gouvernement Hamas à Ghaza. Avec ces dernières victimes, le bilan global de la guerre contre Ghaza grimpe à 34 488 morts et 77 643 blessés depuis octobre. 

Dimanche soir, 20 personnes ont été tuées, dont 5 enfants, dans un raid sur Rafah, rapporte l’agence Wafa. La même source précise que parmi ces 20 victimes, 5 ont trouvé la mort dans un bombardement de l’aviation israélienne ayant ciblé une habitation appartement à la famille Al Khatib, au quartier d’Al Janina, à l’est de Rafah. 

Six autres civils ont été tués suite à une frappe qui a visé une maison de la famille Al Khawajat, située au camp Al Chanoura, au centre de la ville de Rafah, et abritant des réfugiés. Et neuf citoyens ont péri dans un raid contre la maison d’Abou Taha, toujours à Rafah.

Hier, de nouvelles attaques se sont abattues sur Rafah et l’une d’elles a coûté la vie à quatre personnes, dont trois femmes. Les victimes ont été fauchées par le bombardement d’un appartement situé à Haï Tall Al Soltane, à l’ouest de Rafah. «Ce chiffre porte à 25 le nombre de martyrs enregistrés depuis ce matin, à l’aube (hier, ndlr)», écrit l’agence de presse palestinienne. 

Parmi ces 25 victimes, on dénombre 5 enfants et 10 femmes. Les avions de combat de l’armée sioniste ont également mené hier des raids violents contre les camps de Nusseirat et Al Zouwayda, au centre de la bande de Ghaza.

Une offre «extraordinairement généreuse»

«Ghaza. Aucun journaliste autorisé. Aucun observateur des droits de l’homme n’est toléré, ni aucun enquêteur. Les humanitaires sont sévèrement restreints. Aucun témoin, hormis les victimes elles-mêmes», dénonce sur le réseau X Francesca Albanaise, la rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les Territoires palestiniens occupés. 

Son message accompagnait une publication sur le même réseau du service d’information en langue arabe des Nations unies postée le 27 avril qui disait : «Les bâtiments sont devenus de simples carcasses. Les maisons encore debout, aux murs démolis, témoignent de la vie d’antan. Plus de 70% des habitations de la bande de Ghaza ont été détruites ou endommagées.» 

Et alors que la situation humanitaire à Ghaza reste toujours aussi chaotique, les pourparlers entre Palestiniens et Israéliens connaissent un nouveau frémissement. Une importante réunion s’est tenue hier au Caire entre des médiateurs égyptiens et qataris et des représentants du Hamas. 

Le mouvement de résistance palestinien est attendu pour donner sa réponse à une proposition négociée entre l’Egypte et Israël, et que le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a qualifiée d’«extraordinairement généreuse». Antony Blinken qui, faut-il le signaler, se trouve de nouveau en tournée en Moyen-Orient, faisant une halte en Arabie Saoudite où se tient le Forum économique mondial, avant de se rendre en Jordanie et en Israël. «Ils doivent prendre une décision, et ils doivent le faire rapidement (...), j’espère qu’ils prendront la bonne décision», a-t-il insisté, selon des propos rapportés par l’AFP.

Blinken a réitéré l’opposition de Washington à la vaste offensive sur Rafah que prépare Netanyahu. «Nous n’avons pas encore vu de plan qui nous permette de croire que les civils peuvent être protégés efficacement», a-t-il observé. 

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, a déclaré, lors d’une séance de ce même Forum économique mondial, avoir «bon espoir» quant à la nouvelle proposition de trêve, assurant qu’elle prenait en compte «les positions des deux parties» et qu’elle faisait preuve de «modération». «Nous attendons la décision finale. 

Certains facteurs auront un impact sur la décision des deux parties, mais j’espère que tout le monde sera à la hauteur», a-t-il lancé. «L’atmosphère est positive, sauf nouveaux obstacles posés par Israël», a déclaré à l’AFP un responsable du Hamas sous le sceau de l’anonymat. 

«Aucun problème majeur n’est soulevé dans les observations et demandes que soumettra le Hamas au sujet du contenu de la proposition» lors de cette réunion, a encore fait savoir ce militant palestinien. Zaher Jabareen, membre du bureau politique du Hamas et de l’équipe de négociateurs, a déclaré de son côté : «Il est trop tôt pour parler d’une atmosphère positive dans les négociations.» «Le mouvement a reçu la réponse israélienne et est dans une phase de consultations afin d’y répondre», a-t-il précisé. 

«Pas d’état Palestinien sans le Hamas»

Zaher Jabareen n’a pas manqué de rappeler les exigences du Hamas : «La possibilité d’un succès ou d’un échec sera déterminée par la capacité à parvenir à une décision sur un cessez-le-feu permanent, un retrait (israélien) de la bande de Ghaza, le retour des déplacés, un calendrier clair pour le début de la reconstruction et un accord d’échange qui lève toute injustice envers les détenus palestiniens, hommes et femmes.»

Le chef de la diplomatie anglaise, David Cameron, a révélé, au cours d’une réunion du Forum économique mondial de Riyad, en partie la teneur de la proposition faite au Hamas. «Une offre très généreuse de cessez-le-feu de 40 jours, de libération de milliers de prisonniers palestiniens en échange de la libération des otages» a été faite au mouvement palestinien, a-t-il soutenu. 

«J’espère que le Hamas acceptera cet accord et, franchement, toute la pression du monde et tous les yeux devraient être braqués sur lui aujourd’hui pour lui dire d’accepter cet accord», a insisté M. Cameron, précisant qu’une telle entente conduirait à un «arrêt des combats que nous voulons tous voir si désespérément». 

David Cameron a par ailleurs plaidé pour un «horizon politique pour une solution à deux Etats». «Les responsables (de l’attaque) du 7 octobre, les dirigeants du Hamas, devraient quitter Ghaza et il faudrait démanteler l’infrastructure terroriste à Ghaza», estime l’ancien Premier ministre britannique. «Il faut que le peuple palestinien ait un avenir politique, mais il faut aussi que la sécurité d’Israël soit assurée et ces deux éléments doivent aller de pair», a-t-il développé.

Le chef de la diplomatie égyptienne n’est clairement pas de cet avis, faisant remarquer qu’aucune solution durable au problème palestinien ne peut être envisagée sans le Hamas. «Il faut créer les conditions à la participation du Hamas dans l’établissement d’un Etat palestinien», a fait savoir Sameh Shoukry. «Aussi longtemps qu’il y aura une occupation, il y aura une justification à la résistance conformément au droit international», a-t-il averti.

De son côté, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, a indiqué samedi dernier à la Chaîne israélienne 12 : «S’il y a un accord (de trêve), nous suspendrons l’opération à Rafah.» «S’il y a une possibilité de conclure un accord, nous le ferons.» 

Retenons pour finir cette déclaration optimiste de Josep Borrell, le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, qui a annoncé, en marge d’une réunion du Forum économique mondial, que «plusieurs pays européens vont reconnaître l’Etat de Palestine d’ici la fin du mois de mai».
 

 

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