Une nouvelle trêve entre Israéliens et Palestiniens, en négociation actuellement, pourrait rapidement voir le jour, même si, publiquement, Tel-Aviv affirme qu’il ne cédera pas aux exigences du Hamas.
Cette trêve, les deux belligérants en ont besoin, en premier Hamas pour soulager un peu le malheur de la population ghazaouie. Sa situation humanitaire est catastrophique et elle subit de surcroît quotidiennement des bombardements aveugles de l’armée d’occupation israélienne.
En outre, Hamas saisira l’opportunité d’un répit pour se renouveler et se préparer à l’éventualité de la poursuite de la guerre. Enfin, il ouvrirait la voie à la libération d’autres prisonniers palestiniens détenus dans les geôles israéliennes.
Netanyahu verrait aussi d’un bon œil une nouvelle trêve, car il a besoin de sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve, après 115 jours de guerre sans qu’aucun de ses objectifs stratégiques affichés ne soit atteint. Les familles d’otages ont renoué, avec force, avec leur pression sur le gouvernement, exigeant une libération immédiate de leurs proches. Aucun d’entre eux n’a été retrouvé, en dépit du rouleau compresseur de l’armée israélienne.
Sur le terrain, la résistance palestinienne reste encore debout. Certes, nombre de combattants ont été tués, blessés ou emprisonnés, mais beaucoup sont encore actifs, infligeant par endroits de lourdes pertes à l’armée israélienne, le pic étant l’opération qui a récemment coûté la vie à 24 soldats israéliens en une seule audacieuse opération.
Tel-Aviv est quasi quotidiennement ciblé par des missiles tirés du nord de Ghaza, alors même que cette zone a été déclarée «libérée» par les Israéliens.
C’est après deux mois de lourdes pertes que l’armée israélienne est arrivée à la localité de Khan Younès, bastion du Hamas, selon son avis, après avoir longtemps affirmé qu’il se trouvait au centre de l’enclave, précisément sous l’hôpital Al Shifa. Sous le déluge de feu, la population ghazaouie n’a eu comme solution que de fuir encore plus vers le Sud, près du check-point de Rafah.
Confronté à une dure réalité, le gouvernement israélien a comme solution soit de pousser les Palestiniens vers l’Egypte et donc les contraindre à l’exode tant décrié dans le monde entier, soit de les exterminer un à un dans le cul-de-sac de Rafah, une perspective épouvantable que la Cour internationale de justice de La Haye vient d’interdire.
Il reste donc à Netanyahu qu’à accepter une trêve, mais comme prélude une sortie rapide de la crise qu’il a déclenchée, appuyée par les éléments les plus fascisants de son gouvernement. Ils se sont engagés dans une folie guerrière sans aucune perspective politique pour Ghaza et d’une manière générale pour la Palestine.
Leur seul trophée a été une tuerie massive, sans précédent, de plus de 26 000 civils, dont les deux tiers sont des femmes et des enfants, et plus de 60 000 blessés, en dépit d’une large réprobation de la communauté internationale, dont le point d’orgue a été le verdict de la Cour internationale de La Haye qui, sur initiative de l’Afrique du Sud, a mis en garde Israël contre toute intention génocidaire.
En dehors d’un carré de pays occidentaux et asiatiques, à leur tête les Etats-Unis, le monde entier a été excédé par le droit à «l’impunité» que s’est octroyé Israël depuis 70 ans.
Il autorise cet Etat à asseoir la colonisation et à l’élargir comme bon lui semble, ce qu’il fait en Cisjordanie, de manière spectaculaire, en laissant un demi-million de colons s’approprier des terres et tuer des habitants récalcitrants.
Enfin, toujours fort de ce droit à «l’impunité», Israël rejette toute proposition de règlement de la question palestinienne, notamment celle des «deux Etats» émise lors des Accords d’Oslo. Pourtant, elle est considérée comme une des pistes les plus réalistes et les plus justes à la résolution définitive du problème palestinien.
Mais le chemin reste encore long. Même affaibli, Israël pourra toujours compter sur ses alliés inconditionnels dans son œuvre génocidaire, ces derniers ne veulent pas que ce pays évolue autrement.
Cela se vérifie à travers leur positionnement sur la question de l’Unrwa. Béligh Nabli, professeur des universités en droit public, interrogé sur l’arrêt de ses financements, dit n’être pas surpris.
«Les Etats qui ont suspendu leur aide à l’Unrwa (et donc aux réfugiés palestiniens) sont en contradiction avec leurs obligations internationales et risquent de plonger Ghaza dans une catastrophe humanitaire (...).
Il y a un contraste saisissant entre l’absence de réaction-sanction occidentale contre Israël, suite à la décision de la CIJ, et la rapidité de leur réaction-sanction contre l’Unrwa. Cela illustre la politique à géométrie variable qui décrédibilise les Occidentaux», fait-il remarquer.