Les actions incitatives se multiplient tous azimuts pour faire en sorte que le marché mondial du pétrole, fortement fragmenté et devenu de plus en plus incertain – après plusieurs mois de conflit armé russo-ukrainien et les profonds bouleversements structurels majeurs intervenus –, puisse s’adapter à ces changements géopolitiques.
Définir les contours d’une feuille de route pour parvenir à amortir le lourd impact de ces changements sur l'avenir du marché pétrolier est ce à quoi œuvreront, dès mercredi 11 octobre, à Moscou, les plus grands pays producteurs et leurs clients, traditionnels ou émergents, hôtes.
Le contexte : le Forum international de la semaine de l'énergie russe (REW 2023), qui se tiendra du 11 au 13 octobre dans la capitale de la Fédération de Russie. Lors de ce regroupement stratégique, organisé à l’initiative du ministère de l'Energie russe et la Fondation Roscongress, une institution de développement non financière à orientation sociale, avec le soutien du gouvernement de la ville de Moscou, les participants, dont l’Algérie, attendus des quatre coins du monde, devraient débattre «des perspectives de coopération énergétique entre la Russie et les plus grandes économies émergentes, dont la Chine, l'Inde et les pays africains».
L’accent sera, particulièrement, mis sur «l'impact de la restructuration des corridors de transport et de logistique sur le secteur mondial de l'énergie», est-il indiqué dans un communiqué transmis à notre rédaction par APO Group, leader en conseil en communication panafricain. Pour Anton Kobyakov, conseiller du président Vladimir Poutine, «le commerce mondial du pétrole subit un changement structurel majeur. Les pays du Moyen-Orient, qui jouaient auparavant un rôle important dans la fourniture de matières premières aux économies en croissance de l'Asie de l'Est, augmentent désormais leurs livraisons de pétrole vers l'Europe», est-il rapporté dans le même document.
De son côté, «la Russie a considérablement augmenté ses exportations de pétrole vers l'Inde, la Chine et certains autres pays de la région Asie-Pacifique. En outre, les pays d'Amérique latine, dont le Brésil et le Guyana, avec une distance d'expédition proportionnelle vers l'Europe et les pays de l'Asie-Pacifique, jouent un rôle croissant sur le marché pétrolier», renchérit le responsable, qui est également secrétaire exécutif du comité d'organisation du REW 2023. Des données nouvelles et tant d’autres, non moins lourdement contraignantes, autour desquelles les hôtes de Moscou sont appelés à échanger, trois jours durant, pour trouver la meilleure voie afin de les contourner et permettre ainsi au marché pétrolier mondial de mieux se comporter et recouvrer la stabilité d’avant-guerre russo-ukrainienne.
D’autant que, comme le souligne le communiqué, «le pétrole russe, malgré les restrictions imposées, pénètre divers marchés avec une structure de prix modifiée. La logistique est devenue plus compliquée et coûteuse, car les pétroliers doivent parcourir de longues distances pour livrer les matières premières et les produits pétroliers». S’agissant de la structure des expéditions russes en produits raffinés, il est fait état de plus de 1 million de barils/jour livrés, en août 2023, à la Turquie, à l’Inde et aux Emirats arabes unis.
Les trois pays représentant à eux seuls environ 46% du total du volume exporté par la Fédération (2,27 millions b/j). Avec 397 000 b/j, soit 18%, le rôle du Brésil, de la Chine et de la Malaisie a tendance à s’affirmer dans la structure des livraisons russes de produits pétroliers. En termes relatifs, Singapour, à l’instar de nombre d’autres pays qui s’activent à développer leur hub, a acheté 7% supplémentaires (152 000 b/j).
Il en est de même pour la Grèce et Malte, qui ont vu leur part totale passer à 8%, et ce, grâce au transbordement des produits pétroliers russes dans leurs eaux territoriales. En matière de flux logistiques, le communiqué fait ressortir que le virage africain aurait été réussi par les russes. En effet, au cours de la période sous revue (août 2023), le top 20 des principaux importateurs de produits pétroliers de la Fédération de Russie comptait 9 pays africains : l'Algérie, le Ghana, l'Egypte, la Libye, le Maroc, le Nigeria, le Sénégal, la Tunisie et le Togo.
Totalisant quelque 411 000 b/j, les importations de ces pays ont représenté 18% du volume des livraisons maritimes de la Russie. En général, constate Igor Yushkov, expert du Club énergétique du REW, «le volume des livraisons offshore de produits pétroliers de la Russie a diminué d'environ 780 000 b/j au cours des derniers mois. Ceci est principalement dû aux engagements de la Russie de réduire la production de pétrole dans le cadre de l'accord OPEP+».