La comptabilité : algèbre du droit et méthode scientifique et technique d’observation, elle-même est l’ambitieuse servante des sciences économiques (Pierre Garnier écrivain français et professeur à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales-Paris).
Nous estimons, tout d’abord, qu’il y a un grand besoin stratégique de s’interroger sur l’établissement et la publication des comptes sociaux des entreprises, pour asseoir une coopération transparente et fructueuse avec les acteurs du monde de l’économie pour sécuriser les investisseurs ou les actionnaires, pour l’accroissement des fonds propres, la croissance et le développement de nos entreprises. Il va sans dire qu’il faut qu’on s’acquitte parfaitement d’une grande responsabilité dans la clôture des bilans des entreprises auxquels sont confrontées nos entreprises où elles éprouvent, notamment, beaucoup de difficultés à garantir la maîtrise de leur gestion, leur bonne gouvernance et leur management en termes de rentabilité économique et financière.
A cet effet, la comptabilité des entreprises est l’une des fonctions les plus contrôlées, notamment par le contrôle légal (commissaires aux comptes, Cour des comptes), l’IGF, les cabinets d’expertise comptable, les auditeurs internes de l’entreprise, les experts judiciaires). Dès lors, la culture comptable est un principe majeur dans l’économie algérienne aux normes comptables internationales dites anglo-saxon (IAS) et européen (IFRS), puisque notre pays dont on sait qu’il est en train de concrétiser des partenariats entre sociétés étrangères et algériennes ou encore plus entre des entretreprises publiques et privées.
Afin, de bien appréhender la question des finances et de la comptabilité des entreprises et collectivités locales en Algérie, il est nécessaire de comprendre l’évolution du domaine de la normalisation comptable en Algérie qui requiert, aujourd’hui, l’impérieuse nécessité d’une culture de comptabilité à développer dans les rouages de l’économie du pays, dont notamment les entreprises et lers collectivités locales. En effet, il serait réducteur de s’en tenir à une simple fonction de trésorerie , car les dirigeants, gestionnaires, entrepreneurs ont toujours eu cette tendance à confondre la comptabilité financière avec les tâches administratives et de caisse, c’est-à-dire une addition de chiffres de dépenses et de recettes que plutôt d’une comptabilité dite partie double qui est universellement enseignée dans les grandes écoles, les lycées techniques, les universités, créative de conception d’ingénierie économique et financière.
En conséquence, elle joue un rôle primordial dans l’environnement du monde des affaires dont la technique d’optimisation et d’aide à la décision tactique et stratégique pour le bon choix de la politique économique, financière, budgétaire et la stratégie de nos entreprises.
Toutes les personnes morales et physiques sont dans l’obligation légale de tenir une comptabilité financière dite «partie double». En appliquant, pour cela, un nouveau référentiel comptable international dit IAS (International Accounting standards)- IFRS (International Financial reporting standards) qui vise, en effet, une meilleure visibilité des finances et des comptes annuels des entreprises qui conditionnent la régularité et la sincérité des comptes sociaux, notamment fiables et vérifiables certifiés par des commissaires aux comptes de rang d’experts comptables attestés aux normes comptables internationales. Il faut ajouter à cela les besoins de la centrale des bilans en Algérie pour mieux s’assurer de l’observation de l’économie nationale et du budget et des lois de finances ou encore de l’inflation qui peut constituer une menace sérieuse sur notre économie, dans la mesure où elle indique les valeurs et les repères des agrégats de la macro et micro-économies. Ainsi, d’aller vers un nouveau mode efficace de gouvernance et de management qui reflète une photographie réelle de notre économie nationale orientée vers l’économique avec plus d’ouverture à l’international.
En effet, notre économie d’entreprise ne pourrait pas fonctionner sans une organisation financière et comptable au sens de ses fondements à la fois techniques et scientifiques, économiques et juridiques bien établis et bien introduits, indispensables pour s’assurer, notamment, de l’exactitude des comptes sociaux plus proche de la juste valeur économique de l’entreprise sur le marché, sinon l’entreprise est dépouillée. C’est dire que nul n’a le droit d’isoler ou de négliger la comptabilité financière aux normes comptables internationales. A cet effet, la finance est très présente dans le monde réel (organisé) et le monde informel (non organisé), on ne peut donc parler aujourd’hui de comptabilité nationale, mais surtout de comptabilité internationale fondée sur une nouvelle conception consacrant la prééminence de la réalité économique «sur la nature juridique, voire encore sur la nature fiscale».
Dans cette vision globale de développement de la comptabilité des entreprises en Algérie, notre modeste contribution entend aborder ce sujet qu’on ne prend pas suffisamment en conscience dans l’espace économique et financier. Un besoin urgent et stratégique, ce qui constitue un thème clé dans la qualité de la gestion assortie de sûreté financière et comptable pour l’introduction de nos entreprises en bourse des valeurs et s’armer surtout, en perspective de privatisation partielle ou de partenariat stratégique et de notre grande ouverture à travers notre adhésion à l’OMC.
Sinon, une entreprise sans une bonne gestion financière et comptable est comme celle d’un être vivant aveugle. C’est pourquoi, il apparaît désormais que seuls les critères financiers et comptables gouvernent les choix de la vie économique de l’entreprise et des collectivités locales lorsqu’il s’agit surtout des programmes-budget de l’Etat ou des entreprises étrangères ou des investisseurs directs étrangers (IDE) qui s’intéressent à l’économie de notre pays. En effet, la sanction de la vie financière de l’entreprise est aujourd’hui suffisamment grave et préjudiciable tant pour les investisseurs, les actionnaires, les travailleurs que pour l’économie du pays. Cela doit constituer une préoccupation permanente des organes sociaux et de l’Etat en faveur d’une véritable politique et stratégie de l’argent dans la gestion économique des entreprises et des collectivités locales soumises à la comptabilité générale dites partie double (patrimoniale) en cours d’application aux normes comptables internationales dites IPSAS (International Public Sector Accounting Standards). Autrement dit, sans un bon système financier et comptable, les ressources d’une entreprise, voire encore d’un pays sont détruites ou dépouillées.
C’est dire tout l’intérêt qu’on porte à une gestion financière et économique saine qui est celle qui se fondera sur la comptabilité financière aux normes internationales, pour construire un système économique et financier de qualité en Algérie, s’inscrivant dans le contexte de la mondialisation-globalisation multipolaire en gestation accélérée. Ainsi, il apparaît clairement que les comptes sociaux des entreprises algériennes doivent traduire un langage économique et financier universel pour une meilleure lisibilité des normes comptables internationales, afin de mesurer les performances avec les entreprises étrangères qui revêt, aujourd’hui, une grande importance, notamment seule et unique source d’information officielle des entreprises à l’amont, aux yeux des investisseurs, des actionnaires, des partenaires d’affaires et, enfin, des agences internationales de notation, des observateurs, des économistes, des banquiers, analystes et experts financiers.
Mieux manager aujourd’hui, une entreprise, c’est d’abord améliorer et harmoniser l’outil comptable qu’il faut absolument réhabiliter car toute entreprise à caractère industriel et commercial est subordonnée et sujette à dégager des bénéfices dont une partie est réinvestie et avoir un actif net comptable positif. La nécessaire nouvelle approche pour atteindre cet objectif de pérennité de nos entreprises, en élaboration des plans comptables sectoriels qui constituent une base d’un meilleur contrôle de gestion, de transparence, d’audit et d’analyse économique et financière novatrice d’idées, qui renforceront certainement la maîtrise et l’amélioration de la gouvernance et la gestion des organes sociaux de nos entreprises.
Cela constitue, à ce titre, un avantage certain pour promouvoir la numérisation en cours de processus dans notre pays, car à découvrir la comptabilité financière, on découvre en même temps la gestion, l’économie et le management de l’entreprise pour une bonne assise de l’économie nationale et de la centrale des bilans ou on établit les comptes de la nation ou d’un pays ou encore les lois de finances. On entend par comptes sociaux comprenant : le Tableau actif/bilan ; le Tableau passif /bilan ; le Tableau du compte de résultat et l’annexe 3 qui indiquent la synthèse ou la radiographie de la situation financière et économique d’une entreprise.
Dans ce cadre bien précis, les comptes sociaux des entreprises ne sont plus aujourd’hui, à notre humble avis, un secret des affaires. Il va sans dire que l’ensemble des entreprises publiques et privées, y compris les clubs sportifs professionnels de football, constituées en sociétés sportives par actions (SSPA), se doivent d’assurer impérativement la publication indispensable à la transparence et à l’accès de l’information financière et comptable dans le souci d’une mission d’intérêt public valant de publicité dans deux journaux au moins à gros tirage de leurs comptes sociaux, après leur certification dûment établie, selon le cas, par un ou deux commissaires aux comptes et leur adoption par l’Assemblée générale des actionnaires de l’entreprise Cela constitue, à ce titre, un avantage certain pour la communication dans le mouvement international d’harmonisation et de notre option à l’économie de marché consacrée par la Constitution du pays. Un principe fondamental à rendre l’information financière et comptable transparente, à l’heure où l’Algérie songe à instaurer un nouveau modèle économique hors hydrocarbures et le nouveau code d’investissement qui sont en train de s’opérer, notamment pour favoriser la création de liens solides et crédibles à l’égard des investisseurs étrangers (IDE) .
Donc, on peut dire que le manque de transparence des comptes sociaux des entreprises entrave la bonne gouvernance économique et financière du pays et, par voie de conséquence, la crédibilité de nos entreprises envers des pouvoirs publics, investisseurs, actionnaires, banques, bourse des valeurs, des tiers et, tout particulièrement, celle des travailleurs sur leur propre entreprise dans la lutte anti-corruption et la mauvaise gestion. Dans ce contexte, nous n’avons cessé de plaidoyer pour la réforme du budget de l’Etat, de la comptabilité publique et de la refonte du plan comptable national (PCN), devenu caduc depuis l’avènement des réformes économiques en 1989 et autant comme mesure d’accompagnement la création des tribunaux du commerce en vigueur depuis l’année en cours.
Ainsi, passant d’une vision d’économie socialiste purement juridique de l’État, à une autre, celle de l’économie de marché reposant sur la prééminence de la réalité économique qui vise une comptabilité moderne et plus performante dans nos entreprises. En clair, une vraie économie d’entreprise aux normes comptables internationales pour être en mesure de corriger les grandes faiblesses structurelles qui subsistent dans l’économie nationale.
Il s’agit, en fait, d’impulser une politique budgétaire fondée sur la fiscalité ordinaire. Effectivement, il s’agit de reconstruire les vraies données du produit intérieur brut (PIB) du pays et de la vraie valeur ajoutée des entreprises, notamment, que valent réellement nos entreprises à la juste valeur économique et technologique dans l’économie nationale.
Et ce, en mettant en place un nouvel ordre financier et comptable en Algérie qui n’avait vu le jour qu’en novembre 2007, selon la loi n°07-11 du 25 portant Système Comptable Financier(NSCF) en vigueur depuis le 1er janvier 2010. Malheureusement, une bonne partie de nos entreprises établit les comptes sociaux comme une obligation fiscale sans plus, dont notamment sont dépourvues d’outils méthodologiques et d’une organisation comptable adéquate pouvant garantir la fiabilité des statistiques en matière d’observation et d’analyse de la vie économique du pays.
En effet, si la comptabilité financière était bien établie et bien introduite, les problèmes de rentabilité des capitaux, d’inflation, de pouvoir d’achat, des salaires, de restructuration économiques, de plans de redressement et d’assainissement financiers répétitifs des entreprises publiques à la charge du Trésor public ou encore les scandales financiers de ces dernières décennies ne se poseraient pas aujourd’hui. Un sujet qui a toujours préoccupé le gouvernement mais qui revient à longueur d’année dans la presse nationale.
Voilà qui, à la fois, confirme la nécessité, l’importance et l’intérêt nécessaires de la comptabilité financière aux normes comptables internationales dont notamment en ce qui concerne les questions du droit commercial international, en cas d’association de partenariat avec des sociétés étrangères, dont l’arbitrage international intervient en cas de litiges commerciaux, financiers ou de dépôt de bilan devant les tribunaux du commerce nationaux ou internationaux, impliquant désormais le renforcement de l’outil financier et comptable dans nos entreprises pour la traçabilité et la visibilité des flux de capitaux entre l’Algérie et le reste du monde. Sinon l’entreprise est dépouillée.
Dans ce contexte, s’impose la nécessité, de la création d’une autorité comptable qui nous dit voilà les vrais indicateurs de l’économie d’entreprise, voilà les indices de l’inflation et les salaires ou le pouvoir d’achat par rapport à celui au niveau du marché, car financer l’entreprise, c’est se préoccuper de l’investissement, des coûts d’exploitation, de la productivité, de la rentabilité des capitaux investis, de l’épargne.
En somme de la rentabilité économique et financière qui constitue aussi, à ce titre, un avantage certain pour la communication et la publicité externe de nos entreprises envers l’Etat, les organismes financiers, les investisseurs, les porteurs d’actions et les tiers, voire encore le contribuable en général. C’est une garantie de crédibilité et de transparence des comptes sociaux de l’entreprise, dont sa santé est contrôlée légalement, selon le cas, par un ou deux commissaires aux comptes de rang d’expert-comptable confirmés aux normes comptables internationales et inscrits au tableau des commissaires aux comptes et dûment mandatés par l’assemblée générale des actionnaires.
Il va sans dire qu’il s’agit là d’une réponse à un nouvel environnement et un nouveau besoin stratégique surtout international de plus en plus exigeant en termes d’informations financières transparentes, intégrées et vérifiables, pertinentes susceptibles d’apporter des valeurs ajoutées pour une assise de l’économie nationale et, par conséquent, pour mieux s’assurer de l’observation et de l’analyse de l’économie du pays, à l’heure où nos entreprises sont en train de concrétiser des partenariats avec les sociétés étrangères ou encore entre entreprises privées/publiques.
Un choix déterminant pour tenir et développer une comptabilité d’entreprise performante comme un moyen de preuve pour les tribunaux du commerce car cette fonction passe souvent au dernier palier des préoccupations où l’on continue à confondre avec la fonction de trésorerie, voire la ressentir comme étant une contrainte bureaucratique, plutôt qu’une fonction à la fois une science et une technique au service de l’économie d’un pays ou d’une entreprise. Dans ce cadre, la fonction finances et comptabilité est l’actrice clé de l’entreprise. En effet, le directeur financier et comptable (DFC), une compétence et une force de proposition qui doit être au cœur, aujourd’hui, de l’organisation des entreprises.
Malheureusement dans certains cas, la comptabilité financière est le plus souvent sous-traitée à un bureau de comptabilité alors que l’outil comptable intégré dans l’organisation d’une entreprise est le plus adéquat pour mieux suivre, maîtriser et contrôler la gestion interne et mieux encore sécuriser la bonne gouvernance et améliorer le management des entreprises. Dans ce nouveau contexte, se pose la question de savoir ce que valent réellement nos entreprises dans la nouvelle économie et de leur part contributive dans l’économie mondiale, selon les normes comptables internationales ?
Sur cette question, la mécanique comptable de la relation normes comptables internationales et gestion de nos entreprises est loin d’être bien établie car il y a une familiarité insuffisante avec l’idéologie des normes comptables internationales.
Autrement dit, non encore vivante et dynamique dans le processus d’innovation managériale, la faible productivité des structures internes, des stratégies de gestion, de contrôle de gestion et de communication insuffisamment cernés et d’un manque en matière d’expérience d’organisation économique et de maîtrise des techniques de consolidation des bilans des sociétés de groupe, dont notamment la faible expertise en organisation économique et comptable adéquate sont «dépourvues d’outils méthodologiques» dont la plupart des cas «l’établissement du bilan s’effectue sur un enregistrement comptable usuel d’opérations courantes répétitives se limitant aux (factures d’achat-vente ou encore de factures croisées sans valeur économique)».
A cet effet, la comptabilité financière n’aura de sens que si on applique l’économique (la juste valeur du marché) aux normes comptables internationales.
Par M’hamed ABACI , Financier et auteur