Dans le cadre du Programme d’appui au secteur de l’agriculture en Algérie (PASA), financé par l’Union européenne (UE) en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR) et en collaboration avec l’Institut national de la recherche agronomique d’Algérie (INRAA), Expertise France, l’agence française de coopération technique internationale, et Price Waterhouse Cooper-Algérie (PwC) restitueront aujourd’hui la synthèse des études sur le conditionnement et le marketing dans la filière oléicole à l’INRAA.
Des études comparatives avec trois pays voisins (Tunisie, Italie et Portugal) seront également exposées. L’objectif de ces analyses est de rechercher les faiblesses et les points forts de la filière oléicole en matière de marketing notamment de manière à mettre en place les conditions susceptibles d’assurer la compétitivité sur les marchés et à l'international.
Les conclusions qui seront exposées aujourd’hui devant les professionnels de la filière ont fait ressorti, pour ce qui est du conditionnement, dont l’enquête a touché 30 moulins oléicoles du Nord-Est algérien (74% se trouvant sur l’axe Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou (BBTO), l’ampleur des défis qui restent à relever pour développer les capacités des entreprises dans ce domaine.
Et ce d’autant que le panel de moulins de la région BBTO réalise un volume de production important de 1 716 180 litres. Une performance que les rédacteurs du rapport expliquent par une concentration en moulins modernes, dont la capacité de trituration est supérieure aux autres régions et une disponibilité de vergers en propres qui contribuent en moyenne à 49% de leurs productions d’huile.
De même que l’étude a permis d’évaluer l’opportunité de lancer un nouveau groupement de producteurs avec une vision stratégique marketing commune, de mettre l’accent sur la pertinence d’un business model du groupement pour la pénétration du marché de l’huile d’olive conditionnée et de relever la nécessité d’effectuer le recensement des principales options de conditionnement.
Il s’agit aussi de travailler pour identifier les structures locales capables de répondre aux besoins de conditionnement et de marketing de la filière oléicole de Kabylie. Une filière dont le marché est dominé par l’informel, comme le montre l’étude en question. «La structure de production de l’huile d’olive dans la région est principalement caractérisée par la dominance des circuits informels», indique le document résumant les points phares de l’analyse.
Autre observation : «Les moulins ont tendance à éviter d’investir dans des packagings plus élaborés car ils ont du mal à répercuter le coût du conditionnement sur les clients finaux.» Une contrainte que le groupement, à travers la consolidation du pouvoir de négociation, pourrait prendre en charge en réduisant les coûts de production et de conditionnement. «Le regroupement des moulins les plus productifs ciblés offrirait divers avantages», selon l’enquête, qui précise : «20% des moulins questionnés qui produisent le plus représentent environ 80% de la production totale d’huile d’olive.»
Aussi, selon la même source, la création d’un groupement de producteurs d’huile d’olive permettra également d’améliorer la qualité. Mais également de promouvoir les marques. La création d’un label qualité pour les marques premium et identité commune Piémont du Nord-Est algérien est d’ailleurs préconisée. «L’utilité sera la plus forte visibilité des huiles de la région à l’international», estime les rédacteurs du rapport.
L’emballage en plastique domine
Les résultats de l’enquête ont par ailleurs révélé des conditions économiques défavorables qui limitent l’utilisation d’équipements automatisés ou semi-automatisés, tant dans les zones commerciales que dans tout le pays. Ainsi, près de 70% des moulins conditionnent leur huile totalement manuellement. Seulement 8% ont les équipements nécessaires pour automatiser le maillon du conditionnement.
Pour ce qui est de l’emballage, le PET translucide est le conditionnement de l’huile d’olive le plus répandu et le plus utilisé actuellement pour son prix accessible et sa praticité de transport et de stockage. Les moulins ont réussi à référencer ce produit dans des circuits de grande distribution. Cependant, le plus gros volume de vente reste les particuliers, qui s’approvisionnent directement auprès des moulins.
Principalement vendu par les grandes surfaces et les distributeurs, le verre est le deuxième conditionnement le plus utilisé. Mais, sa part reste faible et gagnerait à être généralisée. Faudrait-il investir dans ce créneau ? Ce sont aussi autant de contraintes liées au conditionnement que le groupement pourrait contourner.
«Pour pallier les contraintes d’approvisionnement en emballage, les achats groupés apparaissent comme une solution efficace pour cette industrie fragilisée par sa fragmentation et la faiblesse de son pouvoir de négociation», indique l’étude à ce sujet, soulignant que le système coopératif et mutuel reste peu développé en Algérie, en particulier dans la filière oléicole.
Mais, «en dépit de leurs réticences, notre enquête révèle que plus de 80% des moulins sondés répondent positivement à une démarche de regroupement et de se constituer en coopérative», précise PwC.
Et de souligner : «La filière de l’huile d’olive va progressivement se structurer, d’où l’importance pour les producteurs de rapidement se professionnaliser en investissant dans leurs méthodes de production, leur marketing et leur distribution.» Dans ce cadre, les opérateurs algériens n’ont pas d’autres choix que de transformer leurs habitudes de conditionnement et leur capacité de mise en marché.