Sous le haut patronage de la ministre de la Culture et des Arts, Mme Soraya Mouloudji, et en coordination avec l’OREF (Office Riadh El Feth), la Fondation Abdelkrim Dali célèbre le 45e anniversaire du décès du chanteur de la musique andalouse, Abdelkrim Dali. A cette occasion, le public est convié, demain, à partir de 19h, à suivre la soirée qui sera animée à la salle Ibn Zeydoun par deux grandes voix de la chanson algérienne, Nadia Benyoucef, et Manel Gherbi, qui seront accompagnées par l’orchestre de la Fondation éponyme dirigée par Naguib Kateb.
Qui de nous n’a pas en mémoire les couplets entonnés par l’interprète andalou, Abdelkrim Dali, que la TV nationale nous a habitués à diffuser – en bande noir et blanc –, lors des fêtes de l’Aïd El Fitr et l’Aïd El Adha ? Ces œuvres immortelles passées aussi sur toutes les chaînes TV privées et les ondes de la Radio algérienne, comme Mezzyan n’har el youm saha Aïdkoum ou encore la chanson qui déroule l’histoire du sacrifice abrahamique intitulée Ibrahim el Khâlil…
Nourri aux sources du patrimoine zyriabien et pétri dans le moule du hawzi tlemcénien, Abdelkrim Dali, qui vit le jour le 21 novembre 1914, commença à s’initier à la musique andalouse dès sa prime enfance. Que de mentors il a eu pendant son apprentissage, à l’image des Omar Bakhchi, Abdeslam Bensari, M’hamed Sari et autres Mustapha Brixi et Yahia Bendali, pour ne citer que ces chioukh du genre gharnati chez qui il fit ses premiers pas dans les années vingt du siècle dernier. Sa propension pour l’andalou aidant grâce à l’environnement familier musical dans lequel il évolua, le jeune Abdelkrim fut sollicité à animer des soirées de mariage en jouant du tar et déroulant en soliste des préludes instrumentaux (istikhbars), avant d’intégrer les orchestres de cheikh Larbi Bensari et cheikha Tetma. Son talent le propulsa au-devant de la scène, lorsqu’à 17 ans, il fut convié à rallier Alger pour se frotter aux ténors de la musique çan’a, dont les frères Mohamed et Abderrezak Fakhardji, connus pour leur œuvre colossale dans la musique andalouse. Le mélomane et musicologue Boudali Safir le prend sous son aile et l’invite à prendre part au tout début des années 1940, au lancement de Radio-Alger dont il intègre définitivement l’orchestre comme joueur de luth en 1952, année de son installation définitive à Alger. Instrumentiste polyvalent, le natif de Tlemcen opte finalement dans ses récitals pour les deux instruments à cordes qu’il affectionna, à savoir le violon et le oud (luth). Après l’Indépendance, il participe aux semaines culturelles algériennes aussi bien dans les pays arabes qu’en Europe. Parallèlement aux prestations qu’il donne avec l’orchestre de la Télévision nationale, il lui fut confié une chaire d’enseignement musicale au niveau du Conservatoire d’Alger. Nombre d’anciens élèves du Conservatoire, dont Abdennour Alilat, Noureddine Saoudi, ou Younes Benchoubane se rappellent, lors de leur cursus, de la rigueur dont faisait montre le professeur Abdelkrim Dali : «En classe, il était sévère avec nous. On ne badinait pas, on suivait ses cours de manière très assidue et gare à celui qui néglige ses leçons qu’il dispensait avec soin !», confient-ils à propos du maître-pédagogue et qui, selon Mohamed Bennai, un autre ex-apprenant du conservatoire, «ne ménageait aucun effort pour parfaire leur apprentissage de la musique andalouse».
Au début des années 1970, avec sa tessiture dans le registre du médium, – parfois dans une tonalité élevée – il enrichit le répertoire musical algérien, en enregistrant des noubas dans la tradition tlemcénienne. En 1976, il accomplit le pèlerinage à La Mecque et à son retour, il compose un long cantique sous forme symphonique sur le mode andalou, intitulé Rihla hidjazia, un beau morceau mélodique qu’il lègue pour la postérité, en signe de couronnement d’une longue carrière d’artiste accomplie dans le patrimoine musical andalou. Il quitte ce bas-monde le 21 février 1978, à l’âge de 64 ans, et fut inhumé au cimetière de Sidi Yahia. Soulignons que lors de cette soirée, il est prévu la projection d’un film documentaire sur le parcours et l’œuvre de l’artiste, Abdelkrim Dali, réalisé par Mme Sabrina Softa. Ce rendez-vous événement offre également l’opportunité à l’interprète Mme Nassima Heffaf, lauréate de la 3e édition du prix Abdelkrim Dali qui s’est tenu au mois de février 2022, de présenter son album Nouba enregistré dans le mode rasd el dîl.