L’Italie sera cette année l’hôte d’honneur du Festival du livre de Paris qui se tiendra du 21 au 23 avril 2023 au Grand Palais Ephémère, sur le Champs de mars.
Le deuxième Festival du livre de Paris, de vendredi à dimanche, invite l’Italie et prend comme partenaire un acteur qui fait de plus en plus parler de lui dans l’édition, l’application chinoise TikTok. Organisé au Grand Palais Ephémère près de la tour Eiffel, ce festival se veut plus intimiste que le salon du livre, qui se tenait jusqu’en 2019 à Paris Expo, un grand parc des expositions.
Après 90 000 visiteurs en avril 2022, édition qui a connu les imperfections d’une première, les organisateurs comptent dépasser les 100 000 cette année. Le choix du pays invité devrait attirer le public. «Pays voisin et ami, l’Italie donne le vertige par la richesse de sa littérature», avait souligné le directeur général de la manifestation, Jean-Baptiste Passé, lors de la présentation du Festival en février. «La France, c’est le deuxième marché pour l’édition italienne.
Alors venir ici est une émotion importante», avait affirmé de son côté le président de l’association italienne des éditeurs, Ricardo Franco Levi. La France et l’Italie sont les cinquième et sixième marchés du livre dans le monde. Les éditeurs français achètent chaque année près de 1000 titres italiens pour traduction, et les italiens près de 1200 titres français.
Sont attendus à Paris près de 50 auteurs, vedettes comme Alessandro Baricco, ou étoiles montantes comme Veronica Raimo (Tout faux, éditions Liana Levi). Pour l’organisateur, le Syndicat national de l’édition (SNE), le Festival est une vitrine importante de la vitalité d’un secteur économique éprouvé par l’inflation. «On fait en sorte que ce soit une vraie librairie d’éditeurs», explique à l’AFP M. Passé.
Le festival représente un lourd investissement. Les entrées, à 5 euros pour les plus de 25 ans, et les autres recettes (locations des stands, librairie) sont loin d’assurer l’équilibre financier de la manifestation.
Spontanéité de TikTok
«L’an dernier, les éditeurs ont investi. Là, on se rend compte que c’est un festival qui ne fonctionnera que s’il y a des partenaires structurants, solides.
C’est une stratégie claire», affirme le président du SNE, Vincent Montagne. Le premier d’entre eux est TikTok. La plateforme chinoise au milliard d’utilisateurs nourrit des ambitions dans le livre, voulant devenir auprès de son public, qui a généralement moins de 30 ans, un canal de référence dans la culture.
Facebook n’a pas su le devenir, Twitter l’est de moins en moins, et Instagram ne pousse pas autant le phénomène «bookstagram». Le mot-dièse îbooktok regroupe «plus de 17 millions de vidéos», visionnées plus de 109 milliards de fois, expliquait la responsable des partenariats culture et éducation de TikTok en France, Élodie Ricquier Veybel, en février. «TikTok est un partenaire utile: ils sont apparemment efficaces pour attirer les jeunes», constate M. Montagne.
Et chez les éditeurs, «des comptes TikTok s’ouvrent toutes les semaines». Mais les ruées en librairie sur certains titres, grâce à TikTok, sont imprévisibles. Joël Dicker, numéro deux des ventes de livres en France en 2022, s’y est lancé. Au bout de six mois, il plafonne à 5.500 abonnés. Les codes des îbooktok détonnent dans le monde feutré de la littérature: orthographe hésitante, volumes maltraités, langage trivial, crises de larmes devant un épilogue émouvant...
Une vidéo de janvier qui montre les couvertures de livres que vient d’acheter une tiktokeuse, Julie Ferrat, est à l’envers. Difficile de lire les titres, de droite à gauche.
Tout éditeur rêverait pourtant d’y glisser les siens: elle dépasse un million de vues. «Il y a une forme de spontanéité, d’horizontalité, qui nous va très bien, si les éditeurs n’arrivent pas à toucher ce public de manière verticale», estime Jean-Baptiste Passé. «Les adolescents ne sont-ils pas les meilleurs prescripteurs des livres qu’ils lisent?»