Ferragh Noureddine. Consultant et gérant en tourisme : «Les vols directs et l’octroi de visas à l’arrivée ont contribué au retour des touristes étrangers»

27/04/2023 mis à jour: 06:59
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Photo : D. R.

Ferragh Noureddine, fondateur de la SARL Horizons Tourisme, a 35 ans d’expérience dans le tourisme. Il nous donne son éclairage sur le déroulement, les grandes tendances et le pré-bilan de la saison saharienne.

- La saison saharienne 2022/2023 a été un challenge important autant pour les autorités que pour les opérateurs. Quel bilan peut-on faire et quelles sont les leçons à en tirer ?

La saison touristique saharienne a été clôturée fin avril 2023. Le bilan de cette année est juste moyen. La raison en est qu’après des années d’expansion, des impondérables ont quelque peu perturbé le déroulement de la saison touristique 2022/2023. Le point fort de notre tourisme, ce sont nos potentialités naturelles. Nous avons un pays unique, un Sud incomparable et introuvable ailleurs. Les localités du Sud ont des traditions d’hospitalité légendaires.

Il y a le Tassili et le Hoggar, qui sont un patrimoine de l’humanité et des musées à ciel ouvert. Il y a des oasis qui recèlent des richesses naturelles et historiques inestimables. Au nord du pays, nous avons une côte large de 1600 km qui est à l’état vierge. L’Algérie est un pays aux portes de l’Europe. Cette proximité avec le Vieux Continent est un facteur valorisant pour nous.

Le fait que les Algériens parlent plusieurs langues est aussi un avantage. Le tourisme n’a pas été considéré comme un secteur prioritaire par les pouvoirs publics. Mais ces dernières années, grâce à la volonté politique de notre ministère qui a initié le Schéma directeur d’aménagement touristique (SDAT), beaucoup d’investissements ont été lancés dans le secteur.

- Quelles sont les nouveautés et les principales tendances ?

Question nouveautés, il y a l’arrivée de plus en plus d’opérateurs du tourisme sur le marché algérien. L’éventail comme les demandes s’élargissent. Elles vont dans le sens du renforcement de la consolidation des produits existants et l’émergence de nouvelles destinations (combiné Ghardaïa-Timimoun).

La France reste le premier pays émetteur de touristes vers l’Algérie. Notre stratégie est bâtie autour du marché français qui représente 70% de nos réalisations. Cela dit, ces dernières années, d’autres destinations comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Suisse reviennent. Ils sont nombreux.

Certains d’entre eux ne font pas dans le tourisme de masse. Ils préfèrent le tourisme de niche. Mais le plus en vue est Point-Afrique qui est aussi celui qui ramène le plus de touristes français. Pour la saison 2023, Horizons Tourisme a traité 60 touristes européens principalement vers le Grand Sud. La majorité est composée de Français, suivis par les Allemands, les Espagnols, les Grecs et les Portugais.

L’Algérie a pris la décision de donner la possibilité aux touristes étrangers désireux d’effectuer des voyages touristiques dans le sud du pays avec des agences de voyages nationales agréées de bénéficier d’un visa directement à leur entrée aux postes frontaliers, notamment dans les wilayas du Sud (aéroports et postes frontaliers terrestres), au lieu de la procédure habituelle pour l’obtention du visa d’entrée en Algérie.

C’est une excellente démarche qui a permis d’attirer plus de touristes et de changer la perception de la destination Algérie. Une fois arrivés en Algérie, ces touristes ont bénéficié d’un visa dit de régularisation, dont la durée est la même que celle de leur séjour touristique. Les difficultés d’obtenir un visa pour l’Algérie ont été jusque-là un des principaux freins au développement du tourisme dans le pays.

- Pour revenir à la clientèle, quels sont leurs profils ?

Le tourisme culturel est un produit de plus en plus demandé par la clientèle européenne et particulièrement italienne, au regard des potentialités liées à l’histoire romaine qui a laissé des vestiges incomparables au nord de l’Algérie. C’est aussi l’évolution naturelle de la demande. Actuellement, la tendance lourde est la recherche des connaissances dans le sens le plus large du terme.

Le touriste ne demande pas exclusivement à bronzer, à consommer balnéaire. Côté historique donc, l’Algérie a un potentiel extraordinaire. Elle participe chaque année au Salon qu’organise la localité de Paestum, près de Naples. Ses prestations sont très appréciées eu égard aux potentialités algériennes dans le domaine.

S’agissant du Sahara, ce qu’il faut souligner c’est que l’activité touristique n’a été vulgarisée qu’à partir de 2019/2000 par la charterisation depuis Paris et Marseille. Sinon auparavant, la destination était perçue comme exotique, ouverte aux seuls initiés amoureux du désert certes, mais déboursant des sommes importantes.

Point-Afrique, partenaire de l’ONAT, a beaucoup contribué avec ses vols charters à démocratiser cette destination qui est extrêmement sensible de par la nature même des sites. Immense certes, de par sa superficie et ses richesses historiques, le Sahara constitue un musée à ciel ouvert que nous ne pouvons en aucun cas clochardiser, la préservation de l’environnement étant fondamentale. 
 

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