Mohamed Arkab a donné le ton aux travaux de la réunion des ministres précédant la rencontre au Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays du GECF, en notant que le Forum affirme «notre engagement et notre conscience collective sur la nécessité d’intensifier la coopération et les consultations…»
L’appel à la préservation et la défense des intérêts communs des pays exportateurs de gaz a résonné hier comme un leitmotiv au Centre international des conférences Abdellatif Rahal. Les ministres des pays exportateurs de gaz membres du GECF ont plaidé à l’unisson pour l’unification des efforts en vue de préserver l’avenir énergétique pour les générations à venir et faire du GNL un allié sûr de la transition énergétique.
Avec une croissance de la demande mondiale passant à 34% d’ici 2050, et une part de 26% dans le mix énergétique mondial, le gaz naturel est un élément incontournable pour assurer l’avenir énergétique des générations futures, affirme le rapport du Global Gas Outlook 2050, présenté jeudi dernier aux membres des délégations des pays du GECF et qui sera rendu public le 12 mars.
Mohamed Arkab, ministre algérien de l’Energie, a donné le ton aux travaux de la réunion des ministres précédant la rencontre au Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays du GECF, en notant que cette rencontre du Forum affirme «notre engagement et notre conscience collective sur la nécessité d’intensifier la coopération et les consultations, et d’aller de l’avant pour formuler des propositions et des recommandations efficaces… afin de relever les défis auxquels nos pays seront confrontés à l’avenir».
Le contexte géopolitique international dans lequel se tient ce Sommet exerce une pression supplémentaire sur les pays exportateurs de gaz afin de mieux se préparer aux changements qui pourraient peser sur le marché gazier.
«Nous nous réunissons aujourd’hui dans un contexte de changements géopolitiques et structurels majeurs sur les marchés de l’énergie, en particulier du gaz, qui nous imposent d’étudier et d’aborder des questions clés, notamment la transition progressive vers une économie mondiale basée sur des sources d’énergie propres, afin de faire face aux changements climatiques, qui représentent à la fois un défi et une opportunité», a indique M. Arkab dans sa déclaration précédant la réunion ministérielle qu’il a qualifiée de «très fructueuse».
Avant de donner les contours de la déclaration d’Alger devant sanctionner la rencontre des chefs d’Etat et gouvernement aujourd’hui, les ministres des différents pays membres du GECF ont abondé dans le sens de l’union.
«Il nous incombe de faire entendre nos voix dans le débat mondial sur la sécurité énergétique et alimentaire et de travailler ensemble non seulement à la promotion de l’utilisation du gaz naturel, qui sera inévitablement une source d’énergie pour les décennies à venir, mais aussi à l’exploitation de nos propres ressources en gaz», a plaidé le ministre de l’Energie de Trinité-et-Tobago, avant d’exhorter ses pairs à utiliser le GECF pour promouvoir le gaz naturel car, dit-il, «ce qui se passe dans certains pays riches et développés a des répercussions immédiates sur nos pays, sur nos peuples et sur nos capacités à développer nos propres ressources… et leurs décideurs ne tiennent pas compte de nous et de ce qui affecte nos ressources et nos peuples». Il citera, à titre d’exemple, l’arme de la taxation des produits, notamment énergétiques, qui pèse sur les pays producteurs et menace leurs revenus.
«Mesures anticoncurrentielles»
Le ministre vénézuélien enchaînera pour souligner que les marchés de l’énergie passent par une situation complexe «largement créée par des mesures anticoncurrentielles unilatérales imposées par certains pays contre les pays exportateurs d’énergie. Cet événement nous unit en tant que pays fournisseurs d’énergie importants».
Le même responsable vénézuélien propose que le GECF passe du statut de forum à celui d’organisation des pays exportateurs de gaz, afin d’assurer la stabilité des prix, nécessaire au niveau des marchés gaziers.
En somme, une sorte d’OPEP du gaz. «Pour garantir la croissance et le développement de nos pays, nous devons tenir compte du triptyque énergétique, sécurité énergétique, respect de l’environnement et développement durable, et le gaz joue un rôle majeur comme matière première essentielle aux différentes chaînes de valeur industrielles, agricoles, de santé, de transport et bien d’autres domaines.» «Le GECF est appelé à devenir un acteur de premier plan dans le secteur énergétique, en se positionnant comme un élément influent pour la stabilité énergétique», soutient-il.
Le ministre nigérian, Ekperikpe Ekpo, estime pour sa part que la volatilité du marché, les tensions géopolitiques et l’impératif mondial de décarboner la production et la consommation d’énergie nécessitent non seulement «une solidarité mais également une collaboration stratégique entre les pays exportateurs de gaz».
Le responsable nigérian propose aux pays du GECF «d’aligner leurs stratégies de production et leurs priorités d’investissement, et de plaider en faveur du gaz en tant que composante essentielle de la transition énergétique mondiale». Il estime primordial que les pays du GECF donnent la priorité à l’investissement dans le secteur du gaz pour à la fois répondre à la demande croissante et assurer la sécurité énergétique.
«Le rôle du GNL dans le mix énergétique doit être reconnu et soutenu par les décideurs politiques, les parties prenantes de l’industrie…» Le Qatar appelle lui-aussi, à travers son ministre de l’Energie, Saad El Kaabi, a travailler ensemble pour garantir la sécurité énergétique et la stabilité des marchés.
«Il est impératif d’avoir une vision commune pour une transition équitable, équilibrée et durable», indique le ministre, en notant qu’une énergie faible carbone nécessite la coopération de toutes les parties prenantes, y compris les consommateurs finaux dont les habitudes de consommation affectent la demande et les choix de production d’énergie.
Qualifiant les appels à l’abandon du pétrole et du gaz d’objectifs irréalistes, M. El Kaabi estime que le GNL est le principal moyen d’atteindre l’équité et la justice dans l’accès à l’énergie.
Notons que la réunion extraordinaire des ministres, présidée par le ministre iranien du Pétrole, Javad Oji, a validé à l’unanimité la proposition de la déclaration d’Alger préparée par les délégués des pays, et qui sera annoncée aujourd’hui par le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement. Pas moins d’une dizaine de chefs d’Etat sont attendus à Alger à la faveur de cet événement.
L’Institut de recherche sur le Gaz (GRI) pour promouvoir l’innovation
Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a présidé la cérémonie d’inauguration de l’Institut de recherche sur le gaz (GRI), relevant du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), dont le 7e Sommet a été officiellement inauguré le 29 février à Alger.
L’Institut a pour mission de fournir un cadre de collaboration scientifique et technologique en favorisant l’échange d’informations, d’innovations, de meilleures pratiques et de formations, en sus de faciliter le transfert et le développement de la technologie tout au long de la chaîne de valeur du gaz.
Ce centre sera, selon le ministre de l’Energie et des Mines, un centre international de développement du gaz et une opportunité précieuse pour relancer et promouvoir la recherche scientifique et la formation des cadres, en sus du développement des partenariats avec les centres de recherche et les universités des pays membres et les centres connexes.
Il permettra, selon la même source, l’échange d’informations et de l’innovation, ainsi que le transfert de technologies en vue de meilleures pratiques, en plus d’œuvrer pour l’usage de technologies modernes tout le long de la chaîne de valeur de gaz dans le but d’élargir la base de ressources gazières, d’améliorer l’efficacité et d’assurer son exploitation et sa gestion optimale.
L’Algérie a été, pour rappel, choisie à l’unanimité, lors du 6e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du GECF, tenu en février 2022 à Doha (Qatar), pour accueillir le siège du GRI. Créé en 2018, le GRI a déjà tenu 15 réunions de son comité scientifique et élaboré son premier projet, lequel concerne les gaz torchés. De plus, il a organisé deux ateliers, sur les gaz torchés et sur l’hydrogène. R. E.