L'«Expression mixte» est le générique de l’exposition de deux plasticiens : un reporter photographe dont les œuvres suscitent l’émerveillement, et un sculpteur sur bois qui convoque, à travers les objets finement ouvragés qu’il décline, un pan de patrimoine berbère dont la charge symbolique se veut omniprésente.
Grand Sud algérien a de tout temps subjugué le visiteur. Quoi de plus enchanteur lorsque ce dernier est fasciné par les dunes à perte de vue, la lumière vespérale et les couleurs des aurores qui enveloppent les pitons rocheux ou ces havres oasiens nichés au milieu des immenses étendues ocres invitant à la méditation, au farniente et au calme olympien ?! Quoi de plus rassérénant lorsqu’on bivouaque dans le désert en voyant dans les premières lueurs du petit matin défiler une méharée traverser une portion d’un erg ?
Un spatio-temporel qui ne laisse pas indifférente l’artiste photographe et infographe, Amal Dekar, tenant à immortaliser les éléments de Dame nature dans son objectif.
Une collection réunissant plus d’une quarantaine de photos «volées», l’espace d’une halte dans la capitale du Tassili, Djanet, une oasis peuplée essentiellement de Touareg ajjers, égaye les cimaises de la galerie d’art de la Fondation culturelle Ahmed et Rabah Asselah. Rivée depuis plusieurs années à son violon d’Ingres, l’art de la photo qu’elle fusionne, dit-elle à l’infographie, Amal Dekar donne cette impression de se ressourcer à chaque fois quand elle foule le grand espace saharien.
Elle déroule ici et là des portraits, des scènes de vie de Touareg, une grotte abritant une inscription pariétale, un acacia qui résiste à l’usure du temps, une guelta ou zone humide jaillissant au milieu de nulle part ou des pans de sites qui envoûtent le commun des voyageurs.
Les photos déclinées par la reporter-photographe en noir et blanc nous rappellent peu ou prou les œuvres de Youcef Akam, une des icones de l’art de la photo en bichromie et réputé pour ses prises de vue dans le Grand Sud algérien. Son objectif capte la vie, le mouvement, le geste, le regard d’un nomade, avec génie et dans un clair-obscur qu’elle fait ressortir sans dégradé.
Dans cette exposition intitulée «Expression mixte», Benotsman, connu sous le nom de «Samb Crea» s’invite aussi dans cet espace culturel pour arborer sa belle collection de sculpture en bois. Console table, panneau mural, luminaire sur support de palme, assiette creuse, bol et autres totems sont autant d’objets finement ouvragés.
Dans ces compositions de grande charge symbolique, on retrouve invariablement des leitmotivs puisant dans l’art berbère qu’illustrent les figures géométriques comme le triangle, le losange, le cercle, la ligne droite ou en zigzag… dont la signification ésotérique – reconnue et progressivement analysée – renseigne sur le patrimoine socioculturel des peuples amazighs dans cette contrée du Sahara. Une virée dans cet espace culturel vaut bien le détour, notamment pour les férus de l’art plastique.