Établissements scolaires : Les clubs de l’environnement en hibernation

06/05/2023 mis à jour: 06:56
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Adhérents des clubs verts encadrés par des animateurs spécialisés - Photo : El Watan

Très peu connaissent l’existence de ces clubs qu’il faut absolument redynamiser.

Selon le CNFE (Conservatoire national des formations à l’environnement), quelque 300 clubs de l’environnement sont installés au niveau des établissements des trois paliers de l’éducation dans la wilaya d’Alger, mais très peu d’entre eux activent.

Si certains directeurs d’école ont réussi à aménager un créneau horaire consacré uniquement à «l’environnement» au profit des élèves, d’autres, en revanche, se montrent indécis, voire tergiversent sur la question. Les raisons invoquées par ces derniers ? Le programme scolaire, chargé de l’enfant, des parents d’élèves non acquis à la cause de l’environnement et le casse-tête pour les instituteurs ou profs-encadreurs lorsqu’il s’agit de sortie pédagogique, notamment.

Pourtant, le CNFE ne lésine pas sur les moyens didactiques, et ne ménage aucun d’effort quant à accompagner les encadreurs appelés à animer ces clubs verts pour le bien de l’enfant, particulièrement et pour la communauté en général, laisse entendre Mme Malika Bouali, DG du Conservatoire, organisme qui relève du ministère de l’Environnement et des Energies renouvelables. Combien parmi nous ou parents d’élèves entendent parler de clubs de l’environnement au niveau des écoles, collèges et lycées, sinon très peu ?

Pourtant, ces cercles ou ces lieux de rencontre et d’activité entre élèves et encadrement sont bel et bien introduits depuis plus d’une quinzaine d’années, au sein du système éducatif, et ce, dans le cadre des réformes globales engagées dans le secteur de l’éducation nationale qui vise, en partenariat avec le ministère de l’Environnement, à développer et sensibiliser l’élément humain, à savoir l’enfant, qui constitue, il va sans dire «le capital principal dans toute opération de changement des systèmes et modes de vie quotidienne d’une société».

Plus de «2500 maisons de l’environnement sont répartis à travers le territoire national et plus de 300 encadreurs sont formés dans les techniques d’animation en matière de protection de l’environnement», lit-on dans un document du CNFE (Conservatoire national des formations à l’environnement), un organisme qui élit ses quartiers à Bab El Oued et «20 000 personnes à l’échelle nationale ont été formées» à ce jour, relève-t-on dans le site web du ministère de l’Environnement.

Pour rapprocher encore davantage l’élève de son environnement et lui faire prendre conscience des enjeux de l’acte écologique dans son milieu naturel, le ministère de l’Environnement a préféré de se départir de l’appellation «club vert» pour privilégier la désignation de «club de l’environnement», car selon Mme Malika Bouali, la directrice générale du CNFE, beaucoup de gens confinent la notion de «club vert» dans le développement du cadre verdoyant, alors que le concept de «club de l’environnement» est plus élargi et implique l’enfant dans toutes les préoccupations environnementales dont la préservation des ressources naturelles et, par extension, le développement des énergies renouvelables.

Nous avons cette tendance à restreindre les opérations de préservation du milieu naturel de l’enfant seulement dans le lancement d’initiatives de campagnes de reboisement ou dans les journées commémoratives de l’arbre ou de la forêt ?

Oh, que non ! L’élève est appelé entre autres à s’intéresser aux zones humides, à l’écosystème de l’oued, de l’erg, du reg, la montagne, la côte littorale, l’alfa, au parcours du cheptel dans nos steppes, la barrière verte, la désertification, la couche d’ozone, aux causes du dérèglement climatique, la pollution, le recyclage des déchets et matériaux, l’énergie renouvelable… En somme, les activités permettant à l’enfant de découvrir son milieu naturel et de s’y impliquer sont légion.

N’est-il pas temps d’inscrire l’environnement comme discipline à part entière dans le cursus scolaire ?

Pour ce faire, dans le souci de sensibiliser l’élève, le CNFE a remis des mallettes pédagogiques d’information du club vert scolaire et un support médiatique et d’information aux établissements des trois paliers de l’éducation. Le programme d’activité destiné au premier palier concerne l’exposition de dessins, photos, réalisation d’affiches et d’un livret avec dessins commentés par les enfants, un concours pour l’embellissement du quartier.

Quant aux élèves du moyen, la valorisation des projets polarise autour de la réalisation de sketches ou d’une pièce théâtrale, la réalisation d’un journal et de dépliants ayant trait à l’environnement ainsi qu’une kermesse environnementale. Enfin, pour le lycée, les élèves sont appelés à rédiger des articles, exposés, animer un site web et diffuser des rapports aux instances concernées, associations, locales...

Si l’ensemble des directeurs d’établissement scolaire souscrivent à cette initiative concertée en 2007, puis revue en 2019, entre le secteur de l’éducation et celui de l’environnement, peu de directeurs adhèrent ou s’y mettent de la partie. «Nous aurions souhaité que l’ensemble des directeurs des établissements des trois paliers de l’éducation fassent montre d’un esprit coopératif, en accordant, grâce à notre programme d’accompagnement pédagogique et technique, des plages horaires consacrées à la discipline environnementale, mais loin s’en faut, peu d’entre eux y adhèrent», tient à faire connaître la première responsable du CNFE, qui ambitionne, en dépit des difficultés rencontrées par-ci, par-là, renforcer le partenariat avec le secteur de l’éducation.

En effet, la majorité des établissements scolaires, la discipline est en berne. Dans la wilaya d’Alger, quelque 300 clubs de l’environnement sont installés dans les établissements scolaires, mais très peu d’entre eux sont actifs. Selon certains instituteurs, professeurs ou chefs d’établissement, «le programme scolaire reste assez chargé pour les élèves» et du coup, on ne daigne consentir du temps pour cette discipline qui demeure, le moins qu’on puisse dire, fondamental pour les générations présentes et futures. Certains instituteurs du palier primaire se contentent des manuels scolaires de l’éducation, qui consacrent des textes sur l’environnement de manière générale. Nulle activité sur l’environnement ne vient enrichir le cursus de l’élève.

Quant à réserver un créneau horaire pour des sorties pédagogiques en milieu environnemental pour les enfants de tous les établissements, cela reste le souhait de la directrice générale du CNFE. «Certes, beaucoup de chefs d’établissement scolaire affichent un intérêt, mais l’esprit participatif est absent (…). Ils mettent en avant le manque de moyens matériels et financiers et craignent pour la sécurité des enfants lorsqu’il s’agit de leur proposer des sorties pédagogiques en open air, comme aller vers la découverte de sites forestiers ou lacustres», laisse entendre la DG du CNFE.

Cela ne coûte pas très cher, toutefois, surtout lorsque les associations de parents d’élèves y mettent du leur. N’est-ce pas que l’élève a ce besoin indispensable de saisir la chose sur le terrain, la sentir, la palper, comprendre son apport dans le milieu et du coup, l’impliquer dans la préservation de la nature ? s’interroge une environnementaliste du CNFE. Et ce n’est pas mal à propos de reprendre une sagesse grecque à tout le moins pertinente : «Lorsqu’on arrache une plante, on dérange une étoile.» Une manière de montrer l’osmose qu’il y a entre ciel et terre. 

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