Essais nucléaires français en Algérie : L’exigence de la reconnaissance d’un crime «d’une cruauté sans égale»

15/02/2024 mis à jour: 06:57
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Photo : Le président de l’APN, Brahim Boughali, a rappelé que les essais nucléaires en Algérie sont «un crime imprescriptible»

Le dossier des explosions nucléaires, posé sur la table du dialogue lors de la 9e session des consultations politiques algéro-françaises, tenue en janvier 2023 à Alger, figure parmi cinq dossiers qui hypothèquent les efforts de développement des relations bilatérales.

De hauts responsables de l’Etat se sont exprimés, mardi, à l’occasion de la commémoration du 64e anniversaire des explosions nucléaires menées par l’armée coloniale française dans le Sud algérien. Le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, a affirmé que ces explosions exprimaient «une brutalité coloniale actant la mort de la conscience, polluant la terre et défigurant les corps».

Dans un post publié sur X (anciennement Twitter), M. Goudjil a indiqué que ces essais sont un crime «qui se poursuit encore à travers de nouvelles victimes et la dissimulation de l’archive qui permettrait la décontamination des sites».

Et d’ajouter : «Nous n’oublierons jamais.» Pour la partie algérienne, la levée du secret-défense sur les archives des essais nucléaires par les autorités françaises, la restitution des archives médicales et techniques, la décontamination des sites pollués et l’indemnisation des victimes constituent des préalables à tout règlement de la question mémorielle entre l’Algérie et la France.

De son côté, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Brahim Boughali a rappelé que les essais nucléaires en Algérie sont «un crime imprescriptible» qui «témoignent d’une cruauté sans égale». S’exprimant, lui aussi, sur la plateforme X, M. Boughali a écrit : «Nous commémorons le 64e anniversaire des explosions nucléaires perpétrées par la France en Algérie, ravivant des blessures béantes, des crimes qui témoignent d’une cruauté sans égale que le colonialisme n’a pas pu voiler aux yeux de l’humanité.

C’est un crime imprescriptible.» Rappelons que le dossier des explosions nucléaires, posé sur la table du dialogue lors de la 9e session des consultations politiques algéro-françaises, tenue en janvier 2023 à Alger, figure parmi cinq dossiers qui hypothèquent les efforts de développement des relations bilatérales, selon de précédentes déclarations à la presse du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.

Rebiga : Adrar «a trop souffert des explosions nucléaires»

S’exprimant, mardi dernier, depuis Adrar, le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laid Rebiga, a indiqué que cette wilaya révolutionnaire «a trop souffert des explosions nucléaires survenues à Reggane». Il a aussi assuré que le dossier des explosions nucléaires dans le Sud algérien «jouissait d’un grand intérêt de la part des hautes autorités du pays», au sein des dossiers de la mémoire nationale.

Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, M. Rebiga a également évoqué les retombées négatives de ces explosions nucléaires sur les habitants de la région, ajoutant que l’Algérie se réfère à l’approche africaine des pays ayant souffert des affres de la colonisation et à la vision adoptée pour traiter de tels dossiers.

Le ministre a fait observer que le traitement des dossiers de la mémoire, y compris des explosions nucléaires, est un travail initié par le Président de la République, à travers la mise en place d’une commission de cinq experts spécialisés pour examiner les dossiers de la mémoire : les archives, les exilés, les déportés, les explosions nucléaires et la restitution des crânes des martyrs.

Il a, à ce propos, expliqué que l’approche de traitement du dossier de la mémoire reposait sur l’orientation des pouvoirs publics, en vue de traiter tous les dossiers liés à la mémoire de 1830 à 1962.

Celle-ci est fondée sur le principe de reconnaître puis de s’excuser et de réparer le préjudice, une approche adoptée par l’Algérie et qu’elle a en partage avec les pays africains et les pays concernés.

Le ministre a poursuivi hier sa visite à Adrar, au cours de laquelle il a présidé la cérémonie de recueillement à la mémoire des glorieux martyrs de la Révolution algérienne et procédé à l’inauguration et la baptisation d’un groupement scolaire du nom du défunt moudjahid Mohamed Djoudi. Il a, en outre, présidé, à l’université Ahmed Draya, la cérémonie officielle commémorant le 64e anniversaire des explosions nucléaires françaises à Reggane. 


 

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