Bien que controversé, le recours au potentiel non conventionnel, au même titre que l’offshore, est désormais inclus dans le cadre de la loi sur les hydrocarbures, dont le texte insiste sur les potentiels prometteurs en Algérie.
La crise énergétique mondiale, exacerbée par la crise ukrainienne et ses répercussions éventuelles sur l’approvisionnement de l’Europe, remet à l’ordre du jour, au plan national, le débat lié au développement des potentialités gazières algériennes et ses perspectives de développement, à moyen et long termes.
Ce sont ainsi les questions du gaz de schiste principalement, et du potentiel solaire qui sont le plus évoqués, dans l’optique d’un accroissement des capacités énergétiques nationales, pour satisfaire la consommation locale et sécuriser les options à l’export.
En matière d’énergies renouvelables, si le ministère de l’Energie met en exergue, notamment, des «actions prioritaires relatives au développement massif des énergies renouvelables, à travers le programme de déploiement des 15 GW d’ici 2035 par le lancement récent du projet des 1000 MW et la promotion de l’efficacité énergétique», de nombreux experts et opérateurs y trouvent à redire.
Ils critiquent la lenteur de l’exécution du programme, les remises en question récurrentes de l’option des ENR, en dépit du potentiel national, et l’insuffisance des projets annoncés.
Bien que controversé, le recours au potentiel non conventionnel, au même titre que l’offshore, est désormais inclus dans le cadre de la loi sur les hydrocarbures, dont le texte insiste sur les potentiels prometteurs en Algérie.
En matière de gaz de schiste, les experts nationaux, dont certains ont toujours défendu le recours à cette ressource, même au plus fort de la polémique sur ses effets environnementaux, sont nombreux depuis quelque temps à plaider clairement pour le recours à l’exploitation du gaz non conventionnel, estimant que le potentiel algérien devrait être exploité sans tarder, pour prévenir une diminution des réserves en hydrocarbures conventionnelles.
Dans un récente sortie médiatique, l’expert Nordine Aït Laoussine, ex- ministre de l’Industrie, qui s’exprimait dans une interview publiée par le site spécialisé Energy magazine, a clairement estimé que le dossier du «gaz de schiste doit être déterré et réexaminé à la lumière des nouvelles données sur le marché mondial du gaz naturel et à la faveur de l’inclusion du gaz dans la taxonomie verte européenne».
Pour sa part, Ali Hached , ex-vice-président du groupe Sonatrach, a estimé mardi dans une déclaration à la Radio nationale que «le recours de l’Algérie à l’exploitation des réserves non conventionnelles du gaz est simplement vital pour notre pays».
Lors de son passage dans l’émission «L’Invité de la rédaction» de la radio Chaîne 3, M. Hached a souligné qu’«une nouvelle redistribution des cartes du marché mondial du gaz est en train de s’opérer dans le sillage, notamment, de la crise russo-ukrainienne, ce qui appelle l’Algérie à jouer le rôle qui lui revient en tant que l’un des producteurs de gaz avec lequel il faudra compter».
Pour M. Hached, «une lutte féroce va se livrer sur le marché gazier», précisant que «l’Europe est le marché naturel pour l’Algérie qui ne dispose malheureusement pas des quantités suffisantes pour jouer ce rôle».
L’expert préconise l’augmentation des capacités algériennes, «y compris par le recours à l’exploitation des réserves non conventionnelles». Pour lui, «tout retard est une perte de temps précieux».
Il estime, en termes de perspectives, qu’«en quelques années, on pourrait mettre des dizaines de milliards de mètres cubes de gaz sur le marché, et ensuite s’inscrire dans une stratégie de développement de nos réserves qui pourraient, en fonction de l’intensité des investissements, nous permettre de redevenir un producteur de gaz majeur pour l’Europe».
Troisièmes réserves mondiales
De son côté, l’expert international, Mourad Preure, est moins catégorique sur la question du gaz de schiste, estimant tout de même que «l’Algérie est tenue de se préparer à une ‘‘forte’’ hausse de la demande gazière mondiale qui ne cessera de croître jusqu’à 2050».
Dans une récente déclaration à l’APS, Mourad Preure a souligné que «l’Algérie possède un potentiel gazier réel en conventionnels mais surtout (...) en non-conventionnels, où les réserves sont parmi les premières dans le monde». Toutefois, indique-t-il, notre pays a connu «20 ans d’arrêt de développement gazier», pendant que la demande nationale absorbe quasiment l’équivalent des exportations, en plus d’une compétition intense avec des nouveaux entrants «très agressifs» sur le marché européen.
La gestion de cette situation passe, selon lui, par la maîtrise de la demande interne et l’accélération de la transition énergétique pour sécuriser les équilibres énergétiques à court, moyen et long termes et «soulager Sonatrach de la pression insoutenable qui s’exerce sur ses gisements».
S’agissant de la hausse conjoncturelle des prix gaziers, l’expert a estimé que l’Algérie n’en profite que «marginalement» du fait du niveau limité de ses exportations. Il est à savoir que l’Algérie, un des premiers pays producteurs de gaz conventionnel en Afrique, détient les troisièmes réserves mondiales de gaz de schiste, techniquement récupérables.
Selon un rapport de la Cnuced, «du fait du déclin naturel de ses gisements d’hydrocarbures, l’Algérie a montré un intérêt grandissant pour ses ressources d’hydrocarbures non conventionnels, «qui se répartissent au sein de trois bassins principaux, à savoir Ghadamès, Timimoun et Reggane». Le rapport souligne que le groupe Sonatrach aura besoin, en cas d’exploitation de cet important potentiel, «d’infrastructures et d’équipements adaptés» ainsi que «de connaissances et de compétences spécifiques».