En souvenir des victimes du massacre du métro Charonne : Un autre crime d’Etat en quête de reconnaissance

12/02/2022 mis à jour: 02:10
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Ici, le 8 février 1962, au cours d’une manifestation du peuple de Paris pour la paix en Algérie, neuf travailleuses et travailleurs, des communistes, des militants de la CGT, dont le plus jeune avait 16 ans, sont morts victimes de la répression».

Ces mots sont gravés sur une plaque commémorative apposée à la station de métro Charonne, à Paris, là même où la police de Papon s’est déchaînée sur des militants pacifiques qui participaient à une manif pour la paix en Algérie et contre les attentats de l’OAS. Les noms des neuf victimes de cette sanglante répression sont déclinés sur la plaque. Un article de L’Humanité daté du 7 février 2011 fournit à leur sujet des détails biographiques émouvants : «Jean-Pierre Bernard, trente ans. Dessinateur à la direction des télécommunications.

Secrétaire de la section du PCF dans le 15e arrondissement. Père de trois enfants. Fanny Dewerpe, trente-et-un ans. Secrétaire. Famille décimée par les nazis. Mère d’un garçon de neuf ans. Daniel Féry, seize ans. Apprenti à la Serp, la société qui assurait le routage de l’Humanité. Membre des Jeunesses communistes et de la CGT. Anne-Claude Godeau, vingt-quatre ans. Employée des PTT. Communiste. Nantes. Edouard Lemarchand, quarante ans. Artisan menuisier.

 Vendeur organisateur à L’Humanité. Suzanne Martorell, trente-six ans. Mère de trois enfants. Travaillait au service routage de L’Humanité. Hippolyte Pina, cinquante-huit ans. Maçon. Il a succombé à ses blessures le 9 février 1962, à l’hôpital Saint-Antoine. Raymond Wintgens, quarante-quatre ans. Typographe. Militant de la CGT. Maurice Pochard, quarante-huit ans. Deux enfants».

Pour marquer le 60e anniversaire du massacre du métro Charonne, Emmanuel Macron a eu un petit geste en chargeant le préfet de police de Paris Didier Lallement de déposer une gerbe de fleurs à la mémoire des victimes au cimetière parisien du Père-Lachaise où elles ont été enterrées. L’Elysée s’est fendu, par ailleurs, d’un communiqué lapidaire, le 8 février dernier, où le président Français déclarait avec solennité: «Soixante ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes et de leurs familles». Déçu par cette commémoration à minima, L’Humanité titre dans son édition du 9 février : «Macron et Charonne : moins que le service minimum».

 Outre le geste symbolique du chef de l’Etat français, plusieurs organisations ont tenu à marquer cette date à leur manière, avec leurs mots. C’est ainsi qu’un rassemblement s’est tenu mardi dernier à la station de métro Charonne à l’initiative du Comité Vérité et Justice pour Charonne. Le Comité était soutenu par nombre d’associations et de partis politiques français : la CGT, le PCF, l’association Agir contre le colonialisme aujourd’hui (ACCA), la Ligue des droits de l’homme (LDH), ou encore l’Association pour la mémoire des victimes de l’OAS.

Dans un document rendu public par le Comité Vérité et Justice pour Charonne et les organisations qui ont pris part à cette commémoration, les auteurs rappellent : «Le 8 février 1962, la manifestation contre les attentats et crimes de l’OAS et pour la paix en Algérie est sauvagement réprimée par la brigade spéciale de police placée sous l’autorité directe du préfet Maurice Papon. 

Il sera dénombré 9 morts et des centaines de blessé-e-s». Dans la foulée, il est précisé que «la veille de cette manifestation, le 7 février, après des centaines d’attentats et d’assassinats, dix plasticages de l’OAS résonnent dans Paris. Dix personnalités favorables à l’autodétermination du peuple algérien sont visées, parmi lesquelles Raymond Guyot, dirigeant du Parti communiste (dont l’épouse est blessée), André Malraux, ministre de la Culture (absent, c’est Delphine Renard, une fillette de 4 ans, proche de son domicile, qui est grièvement blessée et deviendra aveugle), Vladimir Pozner, écrivain (blessé)».

Les signataires de cette déclaration commune ont appelé à une reconnaissance officielle de cette violence d’Etat : «Soixante ans après, la République française, insistent-ils, doit reconnaître le caractère criminel de la répression par les forces de l’ordre placées sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon, de la manifestation organisée à Paris le 8 février 1962 pour la paix en Algérie et contre l’OAS». 

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