La Russie a annoncé hier avoir «considérablement élargi» la liste de responsables européens interdits d’entrée sur son territoire, rapporte l’AFP, citant la diplomatie russe. Mesure qui intervient suite aux nouvelles sanctions de Bruxelles à son encontre en lien avec le conflit en Ukraine. «Nous considérons ces mesures de l’UE comme illégitimes (...) En réponse à ces initiatives inamicales, la partie russe a considérablement élargi la liste des représentants des institutions européennes et des pays membres de l’UE interdits de pénétrer sur le sol russe», a indiqué dans un communiqué le ministère russe des Affaires étrangères.
Sans préciser le nombre de personnes concernées, le ministère russe a indiqué que les responsables visés étaient notamment membres des services de sécurité ou d’institutions politiques ou commerciales européennes, ainsi que des parlementaires européens «faisant la promotion d’un agenda (hostile) envers la Russie». «Nous confirmons que toutes les mesures inamicales prises par les pays occidentaux continueront de recevoir une réponse appropriée», a ajouté la diplomatie russe.
Depuis le lancement de l’offensive russe contre l’Ukraine en février 2022, Moscou a interdit d’entrée en Russie plusieurs centaines de dirigeants, responsables, industriels, journalistes et autres personnes occidentales jugées hostiles. La dernière annonce intervient en réaction à un nouveau paquet de sanctions annoncé mercredi par Bruxelles, le onzième depuis le début du conflit.
«Ce paquet comprend des mesures visant à lutter contre le contournement des sanctions et des sanctions individuelles», a indiqué la Suède qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE. L’objectif est d’éviter que des biens interdits d’exportation vers la Russie ne trouvent un chemin pour approvisionner le complexe militaire russe, notamment les semi-conducteurs et les circuits intégrés.
Le 11e paquet cible ainsi les réfrigérateurs, les imprimantes, les calculatrices électroniques et d’autres produits qui «contribuent au renforcement militaire et technologique de la Russie ou au développement de son secteur de la défense et de la sécurité». La proposition initiale de la Commission a, en particulier, identifié huit firmes chinoises accusées de réexporter des biens sensibles vers la Russie. Après discussions avec Pékin, cinq d’entre elles ont été retirées de la liste, mais trois firmes basées à Hong Kong restent ciblées, car elles sont russes, selon une source diplomatique. Une société iranienne, deux compagnies des Emirats arabes unis, deux firmes basées en Ouzbekistan, une en Arménie et une en Syrie sont également concernées.
Des milliards pour la guerre
Aussi, Bruxelles a interdit l’accès aux ports et aux écluses du territoire de l’UE aux navires soupçonnés d’avoir enfreint l’interdiction d’importer du pétrole brut et des produits pétroliers russes par voie maritime. Ils ont également prolongé la suspension des licences de radiodiffusion dans l’Union de cinq médias russes sous le contrôle permanent des dirigeants russes, ainsi que l’interdiction de diffuser leur contenu. Un peu plus tôt, les Européens ont décidé de contribuer à une nouvelle dotation de 3,5 milliards d’euros pour la Facilité européenne pour la paix (FEP) utilisée pour financer leurs fournitures d’armes à l’Ukraine et les missions militaires à l’étranger.
Il devra être formellement entériné par les ministres des Affaires étrangères lors de leur réunion le 25 juin à Luxembourg. «Cette décision réaffirme l’engagement de l’UE à soutenir ses partenaires dans le domaine de la sécurité et de la défense», a souligné la présidence suédoise. La dotation initiale de 5,7 milliards allouée pour 7 ans à ce fonds créé par les Etats membres hors du budget européen a été épuisée en une année par le conflit en Ukraine.
Les Etats membres l’ont utilisée pour financer les armes et les munitions prélevées dans leurs arsenaux et envoyées à Kiev. Elle a été augmentée de 2 milliards d’euros en mai pour fournir aux forces ukrainiennes au moins un million d’obus de 155 mm et reconstituer les stocks stratégiques de munitions dans les Etats membres. Un accord de principe a alors été acquis pour allouer un nouveau financement de 3,5 milliards d’euros.
La Facilité est abondée par les contributions des Etats membres et 66% de ses financements sont fournis par l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne. L’unanimité est requise pour approuver l’utilisation des fonds de la Facilité européenne pour la paix pour rembourser aux Etats membres 40% de la valeur des armements livrés à l’Ukraine et former les militaires ukrainiens.
La nouvelle dotation de 3,5 milliards d’euros ne sera pas exclusivement utilisée pour armer l’Ukraine. Une partie des fonds sera utilisée pour les autres missions militaires et civiles de l’UE à l’étranger, notamment dans les Balkans occidentaux et dans la région du Sahel.
Le même jour, le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, a annoncé, lors de la conférence internationale pour la reconstruction de l’Ukraine, à Londres, que les Etats-Unis débloqueront 1,3 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros) d’aide supplémentaire à l’économie ukrainienne. Depuis le début de l’opération russe, les Etats-Unis ont déjà débloqué plus de 20 milliards de dollars pour soutenir l’économie et le développement de l’Ukraine, et plus de 40 milliards pour le seul soutien militaire.
Le chef de la diplomatie américaine a insisté sur le fait que la Russie devra payer pour les dégâts causés par son agression de l’Ukraine. «La Russie est responsable de la destruction de l’Ukraine. Et la Russie devra à la fin supporter le coût de la reconstruction de l’Ukraine», a-t-il déclaré.