Soutien de la Chine à la Russie au moment où Moscou est engagé dans un bras de fer avec l’Occident sur l’Ukraine. C’est ce qui ressort de la déclaration russo-chinoise «sur l’entrée des relations internationales dans une nouvelle ère» publiée, hier, à l’occasion de la rencontre du président russe, Vladimir Poutine, avec son homologue chinois, Xi Jinping, à Pékin, juste avant l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver à Pékin, citée par l’AFP.
Déclaration à travers laquelle les deux pays ont dénoncé l’influence américaine et le rôle des alliances militaires occidentales, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) et l’alliance entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (Aukus), en Europe comme en Asie, les jugeant déstabilisatrices. Les deux pays, qui entretiennent des relations tendues avec Washington ont évoqué le rôle déstabilisateur des Etats-Unis pour la «stabilité et une paix équitable» dans le monde. Dans cet esprit, ils ont exprimé leur «opposition» à «tout élargissement futur de l’Otan».
Comme ils appelé «l’Alliance atlantique nord à renoncer à ses approches idéologisées datant de la guerre froide». La Russie et la Chine défendent le principe de «l’indivisibilité de la sécurité», sur lequel Moscou se fonde pour réclamer un départ de l’Otan de son voisinage, estimant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d’autres, en dépit du droit de chaque Etat à choisir ses alliances.
Moscou et Pékin dénoncent, en outre, «l’influence négative pour la paix et la stabilité dans la région de la stratégie indo-pacifique des Etats-Unis». Ils se disent aussi «préoccupées» par la création, en 2021, de l’alliance militaire des Etats-Unis avec le Royaume-Uni et l’Australie (Aukus), estimant que cette union, dénoncée déjà par l’Empire du Milieu, «touche à des questions de stabilité stratégique». Alors que les Etats-Unis considèrent comme une priorité leur compétition avec Pékin en Asie et dans le Pacifique.
Lors d’un entretien téléphonique le 27 janvier avec son homologue américain, Antony Blinken, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a défendu les «préoccupations raisonnables» de la Russie pour sa sécurité, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères chinois. Sans nommer l’Otan, il a observé que «la sécurité régionale ne saurait être garantie par le renforcement ou l’expansion de blocs militaires». Comme il a appelé «toutes les parties au calme, à s’abstenir d’accroître les tensions et monter la crise en épingle».
Le 24 janvier, Pékin a démenti des informations de la presse américaine, selon lesquelles le président Xi aurait demandé à son homologue russe de ne pas envahir l’Ukraine pendant les Jeux olympiques d’hiver.
Lors de son échange avec A. Blinken, il a ainsi appelé Washington à cesser de «perturber» cet événement sportif. Les Etats-Unis, comme d’autres pays (le Royaume-Uni, le Japon, le Canada et l’Australie, entre autres), ont annoncé un «boycott diplomatique» pour dénoncer les violations des droits humains par la Chine au Xinjiang, au Tibet et à Hong Kong. Ils enverront bien leurs athlètes, mais pas de hauts responsables pour représenter leur pays.
Le 21 janvier, sont entamées des manœuvres militaires conjointes de trois jours entre la Chine, la Russie et l’Iran qui ont été effectuées dans le détroit d’Oman. Alors que la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine ne fait qu’augmenter sur l’île Taïwan qui signale souvent des incursions d’avions de guerre chinois dans sa zone de défense aérienne autoproclamée. Antony Blinken se rend la semaine prochaine dans le Pacifique pour une réunion à Melbourne du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité «Quad», l’alliance des Etats-Unis avec l’Australie, l’Inde et le Japon vouée, notamment, à contrer la Chine, a annoncé hier le département d’Etat. Sa tournée, de mercredi à samedi, le mènera également aux îles Fidji, puis à Hawaï pour une réunion consacrée notamment à la Corée du Nord.
Le président américain, Joe Biden, a organisé l’an dernier les premiers sommets de cette alliance relancée par son prédécesseur Donald Trump pour promouvoir une région Asie-Pacifique démocratique, stable et sûre. Si la Chine n’est pas mentionnée directement dans le communiqué du département d’Etat, le «Quad» a pour objectif d’afficher un front uni face à l’émergence de Pékin, accusé notamment d’intimidation et d’expansionnisme en mer de Chine méridionale.
Ballet diplomatique européen
De son côté, la diplomatie européenne continue à activer pour éviter un conflit armé sur le continent.
Le président français Emmanuel Macron, rencontrera Vladimir Poutine lundi à Moscou puis le président ukrainien Volodymyr Zelensky le lendemain à Kiev, a annoncé hier l’Elysée, pour parvenir à une désescalade dans la crise ukrainienne. Pour sa part, le chancelier allemand Olaf Scholz se rend lundi Washington où il sera reçu par le président Joe Biden. Il est attendu le 14 février à Kiev puis le 15 dans la capitale russe, a indiqué le même jour le porte-parole du gouvernement, Wolfgang Büchner.
L’Allemagne et la France sont les deux médiateurs du conflit en Ukraine avec des séparatistes pro-russes soutenus par Moscou et dont le règlement est au point mort après huit ans de combats.
Mercredi, le président américain Joe Biden a annoncé l’envoi de 3000 militaires en renfort en Europe de l’Est pour soutenir les forces de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) «dans les prochains jours» selon le porte-parole du Pentagone, John Kirby. «1000 soldats actuellement stationnés en Allemagne seront repositionnés en Roumanie dans les prochains jours», a déclaré J. Kirby au cours d’une conférence de presse. Ils rejoindront les 900 soldats américains actuellement déployés dans le pays et les forces que la France a décidé d’envoyer dans le pays. «Les Etats-Unis continueront de consulter et de se coordonner avec la France et tous nos alliés pour nous assurer que nous sommes complémentaires les uns des autres dans nos déploiements respectifs», a-t-il indiqué.
En outre, 2000 soldats de la 82e division aéroportée, la principale force de réaction rapide de l’armée américaine, seront envoyés en Allemagne et en Pologne, a affirmé le même responsable. Sur ce nombre, 1700 seront repositionnés en Pologne, les autres étant chargés de participer à la coordination des forces américaines en Allemagne, a précisé le Pentagone. Un peu plus tard dans la journée, le vice-ministre russe des Affaires étrangères russe Alexandre Grouchko, cité par l’agence Interfax, a fustigé cette décision «injustifiée, destructrice, augmentant les tensions militaires et réduisant le champ pour les décisions politiques».
La Russie a massé depuis fin 2021 jusqu’à 100 000 soldats à la frontière avec l’Ukraine, selon les Occidentaux, qui accusent Moscou de se préparer à attaquer ce pays. Accusations rejetées par Moscou qui demande notamment la fin de la politique d’élargissement de l’Otan, l’engagement de ne pas déployer d’armes offensives à proximité des frontières russes et le retrait des positions militaires de l’Alliance sur les frontières de 1997, c’est-à-dire avant que l’organisation n’accueille d’ex-membres du bloc soviétique. Demande rejetée par les Etats-Unis et leurs alliés.
Ainsi, le président Poutine a dénoncé mercredi lors d’une conversation avec le Premier ministre britannique Boris Johnson le refus de l’Otan de prendre en compte les inquiétudes de son pays pour sa sécurité. Selon un communiqué du Kremlin, le président russe a évoqué «le manque de volonté de l’Otan de répondre de manière adéquate aux préoccupations légitimes de la Russie» concernant sa sécurité.