Un collectif de gauche a appelé hier à des rassemblements citoyens, dressant un tableau désastreux des fractures de la société française. Il propose des remèdes, car «l’escalade des violences est une impasse et doit cesser».
Dans la situation de détresse des banlieues, les Algériens souffrent aux premières loges en tant que principale composante issue de l’immigration. La mort du Franco-Algérien Nahel, tué par un policier à bout portant, a agi comme un révélateur.
«Les tensions entre population et police viennent de loin et s’inscrivent dans une histoire marquée d’injustices, de préjugés, de violences, de discriminations, de sexisme… et d’un racisme systémique qui traverse l’ensemble de la société et qui n’est toujours pas éradiqué», soutient le collectif signataire, constitué d’associations, syndicats et partis de gauche et d’extrême gauche (sans les Partis socialiste et communiste).
Malgré les interdictions de manifester, notamment à Paris, des marches citoyennes devaient avoir lieu en France hier à l’appel de ce collectif. Un autre appel est annoncé pour le 15 juillet avec la Coordination nationale contre les violences policières.
Dans le contexte droitier dans lequel la France est plongée, la description faite décrit un tableau peu flatteur des déséquilibres socioéconomique et sécuritaire en France. «Notre pays est en deuil et en colère», est-il écrit dans le communiqué qui entend dénoncer «les effets de décennies de politiques publiques discriminatoires et sécuritaires ciblant notamment les quartiers populaires et la jeunesse qui y grandit et particulièrement les personnes racisées et précarisées. L’escalade des violences est une impasse et doit cesser».
D’abord, estiment les signataires de l’appel, parce qu’au niveau mondial et en France également le partage inégal des richesses entraîne des inégalités. «Rien ne peut se faire sans la lutte contre la pauvreté et la précarité, aggravées par le dérèglement climatique, la hausse des loyers et des charges, et sans le renforcement des services publics et de l’éducation populaire. C’est à ces chantiers que le gouvernement devrait s’attaquer au lieu de mener des politiques publiques régressives qui font le lit de l’extrême droite.»
Ils fustigent «les carences en termes de services publics. C’est bien la régression de ceux-ci, l’école, les lieux de partage et de culture, sportifs, la poste, les administrations, etc. et le recul du soutien de l’Etat au tissu associatif qui ont largement contribué à marginaliser ces quartiers et des territoires entiers bien au-delà, particulièrement dans les Outre-mer».
Ils replacent cette situation dans un «contexte économique d’appauvrissement, d’inflation, de hausse des loyers, des prix de l’énergie et la réforme de l’assurance chômage. Les inégalités sociales touchent particulièrement les enfants et les mères isolées. C’est ce que montrent les révoltes qui ont secoué les quartiers populaires depuis quelques jours en réaction à la tragédie de Nanterre».
«L’extrême droite en fait son lit pour diviser davantage la société»
Alors que la justice a rapidement prononcé des peines ces derniers jours contre les émeutiers, les signataires considèrent que «l’urgence n’est pas celle de la répression, qui ne fera que renforcer l’extrême droite et fera reculer une fois de plus les droits et libertés» et que «l’apaisement durable n’est possible que si le gouvernement prend les mesures nécessaires pour répondre à l’urgence de la situation et aux exigences des populations concernées», d’autant que «l’extrême droite en fait son lit pour diviser toujours davantage la société.
Nous dénonçons l’appel à la guerre civile contre les quartiers populaires et la qualification des personnes qui en sont issues de ‘‘nuisibles’’ par des syndicats de policiers».
Enfin le collectif avance comme revendications «l’abrogation de la loi de 2017 sur l’assouplissement des règles en matière d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre» ; «une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement» ; «la création d’un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse au sein de l’autorité administrative présidée par le défenseur des droits, et le renforcement des moyens de lutte contre le racisme, y compris dans la police».