Elles pèsent moins de 1,2% de la main-d’œuvre mondiale des gens de la mer : Ces femmes marins naviguant dans une mer pleine d’écueils

08/03/2025 mis à jour: 18:06
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Photo : D. R.

L’Organisation maritime internationale (OMI) œuvre à donner davantage de visibilité aux femmes du secteur, à renforcer l’engagement en faveur de l’ODD 5 (égalité hommes-femmes) et soutenir les efforts mondiaux visant à remédier au déséquilibre criant actuel entre femmes et hommes, notamment en matière de recrutement, de maintien en service et d’emploi durable dans l’industrie maritime.

A l’instar de leurs semblables, femmes tous profils et statuts confondus, les professionnelles de l’industrie maritime célébreront ce samedi 8 mars la Journée internationale des droits de la femme. La défense de ces droits, essentiellement axés sur l’égalité femmes-hommes, l’autonomisation et tant d’autres, dont et surtout une présence et une participation plus visibles dans toutes les sphères décisionnelles du secteur maritime ainsi qu’une valorisation meilleure de sa contribution aux initiatives de développement de l’économie bleue, la communauté féminine des gens de la mer y est, aujourd’hui, plus que jamais résolument attachée. 
Pour les rappeler, l’occasion lui sera également offerte le 18 mai prochain, date marquant la Journée internationale des femmes du secteur maritime.

En l’instituant en 2021, l’Organisation maritime internationale (OMI) œuvre à donner davantage de visibilité aux femmes du secteur, à renforcer l’engagement en faveur de l’ODD 5 (égalité hommes-femmes) et soutenir les efforts mondiaux visant à remédier au déséquilibre criant actuel entre femmes et hommes, notamment en matière de recrutement, de maintien en service et d’emploi durable dans l’industrie maritime.

En effet, au nombre de moins de 25 000, d’après les dernières statistiques de l’OMI,  les femmes pèsent à peine 1,2% de la main-d’œuvre mondiale des gens de la mer, estimée à deux millions, assurant, à terre et à bord des navires, le fonctionnement des marchés mondiaux et des chaînes de la logistique et d’approvisionnement.

Un secteur où le facteur humain, longtemps occulté, est, aujourd’hui, au cœur des priorités de l’OMI où siègent pour l’Algérie un attaché maritime de la mission permanente ainsi qu’un représentant permanent suppléant, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation internationale du travail (OIT).

D’autant que plus de 90% du trafic mondial des marchandises s’effectuent en haute mer à bord de bâtiments flottants où vivent des mois durant et exercent, dans un environnement dangereux (risques de maladies, blessures, tempêtes, naufrages ou encore actes de piraterie…), ces deux millions de femmes et hommes, issus de plus de 120 pays, dont au moins les deux tiers des contrées en voie de développement.

«Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles» dans le cadre  de l’agenda onusien 2030, l’OMI ambitionne d’en faire une réalité à travers la promotion de la place de la femme dans le maritime, secteur où, historiquement, la prédominance masculine s’imposait comme une évidence. Pour abolir cette «frontière» entre marins des deux sexes, «toutes les parties prenantes du secteur doivent continuer à travailler ensemble pour soutenir la réalisation des ODD et plus particulièrement de l’objectif 5».

Prédominance masculine, une évidence !

La finalité étant de favoriser un environnement propice à l’identification et à la sélection de candidates en vue de leur offrir des perspectives de carrière dans les administrations maritimes, les ports et les établissements de formation maritime, et de promouvoir davantage la question de l’égalité des sexes au sein de la communauté maritime», tel que souligné dans une précédente déclaration à notre rédaction, par Vincent Aubry, porte-parole de l’OMI. Les inégalités et les discriminations à l’égard des femmes, très répandues dans le milieu maritime, ont fini par devenir une tradition bien ancrée, laissait-il entendre.

Raison pour laquelle l’institution onusienne continue de mobiliser, depuis son siège à Londres, les 170 Etats membres ainsi que l’ensemble des institutions et organisations, directement ou indirectement concernées, les exhortant à faire en sorte que «le secteur s’éloigne de cette tradition aux racines extrêmement profondes et que les femmes soient mieux reconnues, conformément à ce que l’on serait en droit d’attendre du XXIe siècle».

De ces discriminations, témoignent, par exemple, le peu d’établissements de formation maritime qui permettaient, jusqu’à la fin des années 1980, l’accès aux élèves de sexe féminin. D’où la mise en place par l’OMI d’un programme mondial baptisé «Programme IWMS», exclusivement dédié à l’intégration des femmes dans le secteur maritime.

Déployé sur plusieurs phases, ce programme, toujours en œuvre, a permis d’«instaurer un cadre institutionnel pour inclure la question de l’égalité des sexes dans les politiques et les procédures de l’OMI, avec l’adoption de résolutions visant à garantir l’accès à la formation maritime et à stimuler les possibilités d’emploi pour les femmes dans ce secteur».

Pour le mener à bon port, l’OMI pouvait compter sur la dizaine d’associations de femmes du secteur maritime (WIMA), créées sous son égide, en Afrique, dans les Etats arabes, en Asie, dans les Caraïbes, en Amérique latine et dans la région du Pacifique.

Cap mis sur les Wima

Rassemblant 152 pays et territoires dépendants et près de 500 participantes, ces associations s’évertuent à «aider à combler les écarts en aplanissant une partie des obstacles institutionnels et en déracinant certains préjugés culturels auxquels se heurtent les femmes qui s’engagent dans une carrière maritime».

Y est également associée la Women’s International Shipping and Trading Association (Wista International), organisation internationale dont la mission est d’accroître le nombre de femmes occupant des postes de direction dans les secteurs maritime, commercial et de la logis-tique. Promouvoir l’égalité des sexes dans cette filière, particulièrement en proie à de nombreuses difficultés mettant à mal son efficacité, sa fiabilité, sa résilience et sa durabilité, ne serait, aux yeux de l’OMI, désormais, plus une option mais un impératif absolu.

«Il est amplement prouvé qu’investir dans l’amélioration de la condition des femmes est le moyen le plus efficace de relever les communautés, les entreprises et même les pays», estime-t-elle. «Les pays dans lesquels les femmes sont traitées sur un pied d’égalité avec les hommes jouissent d’une meilleure croissance économique. Les entreprises qui comptent des femmes parmi leurs dirigeants affichent de meilleurs résultats. Les accords de paix qui font intervenir des femmes s’avèrent viables à plus long terme.

Les Parlements où siègent des femmes adoptent davantage de lois portant sur des questions sociales fondamentales, comme la santé, l’éducation, la non-discrimination et les allocations familiales», soutient l’OMI. A ce titre, «il ne fait donc pas l’ombre d’un doute que l’égalité entre les femmes et les hommes est un avantage pour tous», conclut l’institution des Nations unies chargée de la sécurité et la sécurité du transport maritime et la prévention de la pollution marine par les navires.

ONU Femmes : Les droits des femmes ont reculé en 2024

Les droits des femmes ont reculé en 2024 dans un pays sur quatre, selon un rapport publié jeudi par l’ONU Femmes, qui pointe l’affaiblissement des institutions démocratiques, les nouvelles technologies et le changement climatique parmi les facteurs de menace.  «L’affaiblissement des institutions démocratiques s’est accompagné d’un recul de l’égalité entre les hommes et les femmes», souligne l’agence des Nations unies, pour qui des acteurs luttant contre les droits humains «sapent activement le consensus de longue date sur les droits de la femme».

«Près d’un pays sur quatre témoigne de régressions sur l’égalité de genre qui entravent la mise en œuvre du programme d’action» issu de la Grande Conférence mondiale sur les femmes de Pékin en 1995, sur laquelle le rapport fait le point, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars. Trente ans après cette conférence, l’ONU note des progrès mitigés. La représentation féminine dans les Parlements a plus que doublé depuis 1995, mais trois quarts des parlementaires sont toujours des hommes.

La part globale de femmes bénéficiant d’une protection sociale a augmenté d’un tiers entre 2010 et 2023, mais 2 milliards de femmes et de jeunes filles ne bénéficient toujours d’aucune couverture. Et les écarts en matière d’emploi «stagnent depuis des décennies» : environ 63% des femmes entre 25 et 54 ans exercent un travail rémunéré, contre 92% des hommes.

La crise de la Covid-19, les conflits, le changement climatique et les nouvelles technologies sont autant de nouvelles menaces, relève le rapport.  Selon les chiffres de l’ONU Femmes, les cas de violences sexuelles liés aux conflits ont augmenté de 50% en dix ans, et 95% des victimes sont des enfants ou des jeunes filles.

612 millions de femmes vivaient en 2023 à moins de 50 km d’au moins un conflit armé, une hausse de 54% depuis 2010. Dans 12 pays d’Europe et d’Asie centrale, 53% des femmes ont subi au moins une forme de violence sexiste en ligne. «Au niveau mondial, la violence contre les femmes et les jeunes filles se maintient à des taux alarmants.

736 millions de femmes, soit une sur trois, ont été victimes une fois dans leur vie de violences physiques ou sexuelles de la part d’un conjoint, ou de violence sexuelle de la part d’un autre agresseur», note l’ONU. Le rapport fixe une feuille de route en plusieurs axes pour l’avenir : un accès équitable aux nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, des investissements pour lutter contre la pauvreté, la lutte contre les violences, une meilleure participation aux affaires publiques et des mesures de justice climatique.

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