Les raids massifs des forces d’occupation israéliennes sur la bande de Ghaza ne s’arrêtent pas. Bien au contraire. Faisant fi d’une résolution onusienne appelant à une trêve humanitaire et des nombreux appels à un cessez-le-feu immédiat, l’armée de l’occupation continue de pilonner à tout-va, 23 jours après le début de son agression contre cette enclave palestinienne de plus de 2,3 millions d’habitants. Les bombardements augmentent en intensité de jour en jour.
Ceux de la nuit de samedi à hier étaient d’une ampleur jamais vue, estiment des correspondants de médias étrangers présents sur place. Ils ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés supplémentaires. Beaucoup d’enfants, d’adolescents et de femmes figurent parmi ces victimes qui portent le bilan global des pertes humaines causées par cette agression d’une rare violence à plus de 8000 morts et près de 22 000 blessés.
Dans son rapport quotidien, le ministère palestinien de la Santé a indiqué que «7955 civils palestiniens sont tombés en martyrs dans la bande de Ghaza, et 114 autres en Cisjordanie occupée, tandis que plus de 20 000 citoyens sont grièvement blessés dans la bande de Ghaza et environ 2000 ont été blessés par les forces de l’occupation en Cisjordanie». La même source a également relevé que «73% des victimes dans la bande de Ghaza sont des enfants, des femmes et des personnes âgées».
Ce bilan, déjà funeste, peut s’avérer loin de refléter la gravité des actes de génocide perpétrés contre la population de Ghaza, lorsque l’on sait que des centaines de corps sont toujours coincés sous les décombres et près de 2000 personnes sont portées disparues. Rien n’a d’égard aux yeux de l’occupant qui mène une guerre d’extermination à un peuple dont le seul tort est d’avoir refusé d’abdiquer et d’abandonner son droit à vivre dans un Etat libre et indépendant, même après 75 ans de spoliation de ses terres. L’ampleur de la destruction de Ghaza, dont des quartiers entiers sont réduits en ruines, reflète ce visage hideux et abominable d’une puissance occupante qui utilise de vils procédés, dans l’unique but de faire plus de morts parmi les Ghazaouis qui subissent un répugnant siège total depuis trois semaines.
Cette agression, qui continue à être condamnée et dénoncée à travers le monde, s’est également matérialisée par les innombrables frappes aériennes, terrestres et maritimes touchant les centres d’accueil des réfugiés, les structures hospitalières et le personnel des organisations humanitaires qui tentent tant bien que mal de prêter main forte aux nombreux blessés ou tout simplement déplacés, fuyant la pluie de bombes qui s’abattaient, sans discontinuité, sur leurs habitations.
Le droit international bafoué
Selon le ministère palestinien de la Santé, 116 membres du personnel médical ont été tués et 100 autres blessés dans les bombardements continus contre la bande de Ghaza. A cela s’ajoutent 50 ambulances qui ont été détruites. Aussi, au moins 12 Palestiniens ont été tués et 20 autres blessés, hier après-midi, dans des bombardements sur le camp de réfugiés de Jabaliya, au nord de Ghaza, selon le correspondant de l’agence palestinienne Wafa.
Des dizaines d’autres ont péri dans d’autres raids aériens sur le camp de réfugiés d’Al Nuseirat, au centre de Ghaza. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a reçu, hier à Ramallah, le ministre bahreïni des Affaires étrangères, Abdallatif Ben Rashid Al-Zayani, a souligné l’impérieuse nécessité d’arrêter l’agression israélienne immédiate qui «bafoue le droit international, appelant à ouvrir des couloirs humanitaires».
Comme il a exprimé son total rejet des tentatives de déplacement du peuple palestinien de leurs terres et maisons dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a vivement dénoncé ce qu’il a qualifié de «crimes de guerre commis» à Ghaza. «Nous vous déclarerons devant le monde entier criminel de guerre. Vous êtes les occupants, les envahisseurs», a-t-il lancé à l’adresse des forces d’occupation israéliennes, dans un meeting de soutien à la Palestine organisé à Istanbul.
Bien avant, le ministère turc des Affaires étrangères avait accusé, dans un communiqué, Israël de «commettre un crime contre l’humanité devant le monde entier, sans même tolérer la critique et la condamnation». Le pape François a appelé, hier, à un cessez-le-feu. «Personne ne doit renoncer à la possibilité d’arrêter les armes, personne ne doit renoncer à la possibilité d’un cessez-le-feu. Que les tirs cessent», a-t-il déclaré, après avoir récité la prière de l’Angélus sur la place Saint-Pierre.
«À Ghaza en particulier, il doit y avoir de la place pour garantir l’aide humanitaire», a-t-il poursuivi. Les lignes semblent bouger même du côté de l’administration américaine, qui est confrontée à une opinion interne en plus remontée contre son «soutien inconditionnel» à Israël.
Ainsi, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a affirmé sur CNN que les hautes autorités américaines ont demandé à ce que les forces d’occupation israéliennes cessent de bombarder les civils. «Ce que nous croyons, c’est qu’à chaque heure, chaque jour de cette opération militaire, le gouvernement israélien devrait prendre toutes les mesures possibles à sa disposition pour faire la distinction entre Hamas et les civils», a déclaré ce conseiller.
Une déclaration qui est vue par certains comme un début de réajustement de la position américaine sur ce qui se passe en Palestine. Mais après quoi…
Cisjordanie : les prisonniers Palestiniens subissent les pires abus
L’atrocité des forces d’occupation israéliennes s’étend aux prisonniers en Cisjordanie, auxquels on fait subir les pires supplices. Selon le bureau palestinien en charge du suivi de la situation des prisonniers, «l’administration pénitentiaire continue d’imposer notamment la coupure d’électricité dans les cellules des détenus, la coupure délibérée de l’eau pendant de longues périodes et la pratique d’une politique de famine, après avoir retiré toute nourriture, réduisant le nombre des repas (…), en plus de fermer la cantine, sachant que les aliments sont mal cuits, non comestibles, et en petite quantité». Les prisonniers sont privés même de sel, de sucre et d’autres besoins fondamentaux. Aussi, la même source fait état de violences physiques subies par les détenus qui sont systématiquement frappés à coups de matraque. L’administration pénitentiaire utilise également contre les détenus des chiens, des bombes assourdissantes et des gaz toxiques tout en les privant de soins. On signale également des abus sexuels contre les femmes palestiniennes en détention.