Elections sénatoriales : Des cadres du FLN mécontents

13/03/2025 mis à jour: 12:02
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PV des résultats des dernières sénatoriales reçus à la Cour

Nous combattons la corruption, l’argent sale, et les gens de la «chkara». Mais nous avons constaté lors de ces dernières élections portant renouvellement par moitié de la composante du Conseil de la nation que ses pratiques persistent toujours», c’est ce qu’ont confié à El Watan des cadres du Front de libération nationale (FLN). L’ex-parti unique est certes le vainqueur de ce scrutin. 

Il a conservé sa dominance au sein de la Chambre haute du Parlement, en arrachant 19 sièges, dans les wilayas d’Alger, Blida, M’sila, Oran, El Bayadh, Aïn Témouchent, Mostaganem, Mascara, In Guezzam, Djanet, In Salah, Tissemsilt, Aïn Defla, Tébessa, Jijel, Beni Abbès et Skikda. Mais concrètement, le vieux parti a reculé et a perdu un nombre important de sièges. 

Sur les 62 sénateurs, 34 élus FLN étaient concernés par le renouvellement. Nadir Boulagroune, chargé de communication du parti, a confirmé que le parti a glané 19 sièges et en a perdu un peu plus de 10. Cela est dû, selon lui, à la conjoncture actuelle et les changements qu’a connus la scène politique nationale. Toutefois, d’autres paramètres sont à l’origine, dit-il, de cette «reculade». 

Il citera «la trahison de certains élus» et le rejet par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) d’un nombre considérable de dossiers de candidature, parmi eux «des pointures» sur lesquels le parti a bâti cette élection. «Le parti a misé sur 20 candidats ayant une bonne réputation, un long parcours et ils sont crédibles, mais l’ANIE a rejeté leurs dossiers pour des soupçons de liens avec l’argent sale et les affaires douteuses. Si ces élus, qui continuent à exercer leurs fonctions jusqu’à ce jour, sont impliqués dans des affaires de corruption pourquoi ils n’ont pas été arrêtés. Pourquoi ils sont toujours en poste ?», s’insurge un cadre du parti. 

Pour ces derniers, la justice devrait intervenir et clarifier cette situation. Pour ce qui est des élus qui ont trahi le parti, l’on susurre au sein du FLN et chez d’autres formations politiques que ces «traîtres» ont «vendu» leur voix. 

«Il est insensé que dans la wilaya de Béchar, le FLN remporte uniquement 4 sièges. Dans une autre wilaya, sur les 300 élus FLN, seule une centaine a voté pour le candidat du parti. Nous ne savons pas s’ils ont donné ou vendu leur voix. Si c’est le cas, les services de sécurité doivent se pencher sur la question», déclare M. Boulagroune, précisant qu’il s’agit là d’une affaire de corruption. «Au parti, nous sommes pour l’élimination de l’argent sale de la politique, car cette pratique ne sert ni le pays ni la démocratie», affirme notre interlocuteur. 

Aussi et selon un militant du parti, qui a requis l’anonymat, la régression de l’ex-parti unique à ces élections sénatoriales s’explique par le climat de tension qui règne toujours dans la maison FLN et l’effritement de la base, divisée et surtout acculée par les alliances contractées par les candidats rivaux. A ce sujet d’ailleurs, plusieurs mouhafadhas du parti ont signalé des campagnes menées contre les candidats du FLN. 

Ce recul risque de susciter de l’effervescence et de créer un remue-ménage au sein du FLN dans les prochains mois, et ce, en perspective des préparatifs aux élections locales. La direction du parti qui qualifie de «positif» le score obtenu à ce scrutin, et compte se mettre autour d’une table afin «d’analyser sereinement» les résultats des sénatoriales, nous explique-t-on.  Nabila Amir 

 

 

 

Tirage au sort aujourd’hui au Conseil de la nation

La Conseil de la nation tiendra, aujourd’hui, une séance plénière qui sera consacrée au tirage au sort en vue du renouvellement de la moitié des membres élus du Conseil dans les dix nouvelles wilayas, a indiqué un communiqué du Conseil. Cette opération se déroulera «conformément à l’instruction générale adoptée lors de cette réunion, laquelle définit les procédures et modalités du tirage au sort pour le renouvellement de la moitié des membres élus du Conseil de la nation dans les dix nouvelles wilayas (Timimoune, Bordj Badji Mokhtar, Ouled Djellal, Beni Abbès, In Salah, In Guezzam, Touggourt, Djanet, El Meghaier et El Menia)», note la même source. S’agissant par ailleurs des recours concernant les résultats provisoires de ce scrutin tenu dimanche, la Cour constitutionnelle n’en a reçus pour l’heure que trois.

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