Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous tenons d’emblée à souligner qu’à l’occasion de la clôture des journées de l’entrepreneuriat, tenue jeudi, 16 novembre 2023 au Centre international de conférences Abdelatif Rahal (Alger), le Président Abdelmadjid Tebboune a relevé que «le financement du secteur économique privé dépend toujours des fonds des banques publiques à hauteur de 85%», ajoutant que l’activité du secteur privé couvre près de 85% de l’économie nationale, ce qui est, a-t-il dit, «un dysfonctionnement auquel il faut remédier».
Il mérite d’être noté avec force, évidemment avec la volonté de moderniser le secteur public et le rendre performant et transparent, puisque ce secteur d’intérêt national stratégique est un domaine noble, trop vaste et solvable par ses richesses ou ses potentialités économiques. Et cela interpelle tout le monde en particulier nos économistes, financiers et banquiers pour débattre de l’état actuel de cette épineuse problématique : dysfonctionnement de financement de l’économie nationale ou encore structurellement le budget de la nation fortement dépendant des prix des hydrocarbures sur le marché mondial.
La structure budgétaire reste donc dominée et financée par la rente pétro-gazière environ entre 60 et 65%. Il va sans dire, que «le moment est venu» de donner à la rente des hydrocarbures son vrai rôle, sa place et sa pleine efficacité et responsabilité dans l’économie nationale à l’effet de réduire les vulnérabilités structurelles, notamment les gaspillages liés aux coûts rentiers de l’économie nationale que créatrice de croissance économique potentielle, d’emplois et de progrès économiques pour le pays entre autres (les déficits budgétaires, les subventions directes et indirectes énormes, voire encore les salaires des entreprises subventionnés, les assainissements financiers répétitifs des entreprises et banques publiques et périodiquement recapitalisées par le Trésor public, rentabilité et productivité faibles, coûts de fonctionnement des administrations publiques et des collectivités territoriales constituent une charge très lourde… ), la lutte contre la corruption, le bureaucratisme économique en particulier, etc. Les politiques de rente rendent ainsi le redressement économique socialement très coûteux et politiquement porteurs de risques budgétaires d’instabilité.
Mais le monde change et les progrès de gouvernance, socio-économiques, technologiques et les sciences s’accélèrent. En effet, si les pays développés ont réussi à asseoir leur domination et diversifier leur économie c’est grâce à leur stratégie développée avec l’évolution des sociétés et du marché.
A notre humble avis, on doit nécessairement passer d’une vision purement juridique de l’Etat, à une autre plus économique et financière qui vise à créer «désormais» une économie hors rente des hydrocarbures dans notre pays si on veut vraiment que cela marche pour bâtir notre économie de l’étape de l’après pétrole marquée par les exigences de transparence, de performance et de bonne gouvernance des fondamentaux et des normes de l’économie. Il ne faut pas que les uns fassent une chose et les autres le contraire. Autrement dit, Il ne faut pas que le jeu consiste, pour équilibrer ses finances, à « pomper » celles des autres, parce que les effets deviennent complètement contre-productifs.
Comme vous allez pu le constater dans les lignes qui suivent la gouvernance et le management public et privé en Algérie sont dans le besoin urgent d’être ajusté, renforcé, répertorié, restructuré voire orienté et éclairé. En effet, dans le monde économique d’aujourd’hui, la création de la richesse est issue principalement de l’exploitation de la connaissance et non plus de l’exploitation et de la transformation de ressource naturelles (rente). Les Etats et entreprises des pays occidentaux et anglo-saxons sont valorisés sur les marchés financiers et boursiers à travers leur comptabilité aux normes comptables internationales dites IAS/IFRS/IPSAS, qui sont au cœur de leur politique de gouvernance économique et publique, de leur processus de politiques économiques et de stratégies.
La question fait l’objet d’une profonde réflexion plaidant pour une nouvelle vision globale de développement axée sur une nouvelle approche de gestion publique constituant l’une des piliers de la performance de l’administration publique et des finances publiques.
C’est-à-dire que 1 DA dépensé rapporte bien plus que 1 DA d’impôts et de droits et taxes. A notre humble avis, nous devons ne pas accroître davantage le poids de l’investissement dans la dépense publique qui des plus élevés actuellement, soit 37% environ du PIB dans la mesure où nous qui sommes dans une économie de marché. A cet effet, il est nécessaire de créer les conditions, les leviers politiques, institutionnels, matériels et culturels, et de faire des choix qui s’appuient sur le défi du développement national et régional qui fait du capital culturel un levier fondamental pour le développement du capital humain, et l’une des priorités de la politique publique de l’Etat. Sachant réformer, c’est développer, moderniser et enfin rendre plus efficace, plus performant l’économie nationale. Nous citons à titre d’exemple, le défi numérique qui est en train de changer les modes de production et de réception du produit culturel si bien qu’il pousse l’économie de la culture et les décideurs à s’adapter aux exigences de cette révolution mondiale et aux possibilités qu’elle offre.
Nous estimons que le défi actuel réside dans le passage «d’une économie administrée qui s’appuie sur la rente pétro-gazière, à une économie de marché» pour l’attractivité de notre pays dans les économies modernes. C’est d’ailleurs un moyen d’enrichir les grands débats constructifs dans notre pays, afin de trouver des solutions pérennes dans le souci de corriger nos faiblesses structurelles qui subsistent dans l’économie nationale dans l’objectif d’améliorer le pilotage des finances publiques constituant l’un des piliers de la performance de l’administration et de la gestion publique dans le contexte de la nouvelle gouvernance des politiques publiques pour être en mesure de mener à bien notre projet de société d’une Algérie nouvelle dans la perspective d’un véritable développement harmonieux.
Cela est d’autant plus nécessaire quand on sait que notre pays aux portes de l’Occident et au cœur de l’Afrique et du Maghreb dans la perspective d’un véritable développement harmonieux dans le nouveau monde d’aujourd’hui, bâti sur les connaissances, la compétitivité et l’intelligentsia et parvenir à espérer une forte croissance pour la création de l’emploi pour une population jeune en constante augmentation et d’intensifier le processus de diversification de l’économie du pays. Et par voie de conséquence, améliorer l’efficience des politiques économiques, budgétaires et préserver les intérêts du Trésor public. Cela, parce qu’aujourd’hui, l’économie de création de la richesse et de l’emploi est aussi vitale que «le pain»
En effet, que lorsque l’on parle du secteur public, il semble à notre sens que c’est d’abord, qu’ aujourd’hui, de nouveaux enjeux sont apparus, à savoir que la question de la culture est considérée comme le noyau de toute stratégie nationale, car le facteur culturel est omniprésent dans le processus et ne peut être que synonyme de développement socioéconomique qui renforce les éléments d’identité de notre pays, et bien sûr de progrès techniques dans l’évolution et des mutations des sociétés mondiales .
S’appuyant sur des statistiques récentes de l’Unesco que le secteur de la culture génère 30 millions d’emplois à travers le monde avec une contribution au PIB (Produit intérieur brut) estimé à 3,1%. L’enjeu étant désormais à la contribution du secteur de la culture et des arts au développement et à la croissance économique du pays. Une gouvernance économique performante et une saine gestion se mesurent désormais à l’évolution d’un bon pouvoir économique pour être en mesure de corriger nos faiblesses structurelles qui subsistent dans l’économie nationale et le budget de l’Etat qui n’a pas rempli sa fonction rigoureuse fondée sur l’élargissement de assiette fiscale ordinaire, source principale de revenus de son financement, dont les fondamentaux de l’économie ce sont : la rentabilité économique et financière, la structure de ses coûts et prix de revient des produits à mettre sur le marché, sa productivité, sa solvabilité, ses liquidités, son équilibre financier et budgétaire, etc.
( A suivre)
Par M’hamed Abaci, Financier et auteur