Économie circulaire : Un levier pour le développement territorial durable en Algérie

13/03/2025 mis à jour: 21:48
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Photo : D. R.

Par M. Bergheul
Expert-consultant, formateur, facilitateur en entrepreneuriat vert-ESS-ODD

La transition vers une économie circulaire apparaît comme une nécessité et non pas une option permettant de renforcer l’économie algérienne en optimisant son utilisation des ressources, sachant que l’économie circulaire est un système de production, d’échanges et de partage permettant le progrès social, la préservation du capital naturel et du développement économique.

Elle est un mode de production et de consommation, un modèle économique par lequel on doit transiter. Néanmoins, cette transition en Algérie reste au stade embryonnaire susceptibles de nous faire manquer des opportunités économiques importantes. La transition vers l’économie circulaire doit permettre d’évoluer vers des activités plus durables, économisant ainsi la matière et l’énergie. Au-delà des bienfaits environnementaux, l’économie circulaire peut être aussi considérée comme autre un remède social à la crise d’emploi.

 Les pouvoirs publics sont conscients du rôle capital que peuvent jouer les jeunes et femmes dans la promotion de la société entrepreneuriale, et le développement de l’économie verte du pays et les placent au centre de ses préoccupations en mobilisant les moyens et les ressources susceptibles de valoriser leurs efforts. L’intérêt macroéconomique de la transition vers l’économie circulaire en Algérie n’a pas été encore étudié sur le plan de la création de l’emploi et plus particulièrement au niveau des territoires, pourtant, certaines études ont démontré que l’économie circulaire favorise la création d’emplois locaux dans des secteurs innovants et durables.

Malgré les différents programmes lancés par l’Etat en matières de promotion des énergies renouvelables, la protection des sols et de la biodiversité…, le potentiel d’emploi dans ces différents programmes est le maillon faible, pourtant, la contribution de l’environnement à la création de richesses, au bien-être des citoyens n’est plus à démontrer. Dans ce cadre, l’identification des activités de la gestion des déchets constituent un enjeu majeur et un gisement d’emploi vert important pour notre jeunesse, notamment à la création de micro-entreprises et start-up dites «vertes». Aujourd’hui, le processus est lancé pour la mise en place des filières de recyclage et valorisation des déchets ; on constate l’enregistrement de 24 activités (codes) relatives à la gestion des déchets au niveau du centre national du registre de commerce au sein de leur nomenclature.

Il faut encourager ce genre d’initiatives, mais elle reste insatisfaisante par rapport au potentiel de la filière. Il faut impérativement mobiliser les acteurs du territoire et encourager, de ce fait, la collaboration entre les entreprises, les collectivités locales et les associations dans le cadre d’un partenariat public-privé pour faire ressortir d’autres activités et permettre ainsi aux jeunes et femmes qui souhaitent créer des start-up et des microentreprises d’avoir un réservoir d’idées de projets. Il ne vous échappe pas que ces actions doivent aussi encourager l’investissement dans ce domaine d’activité.

Une telle action nécessite bien entendu la participation de plusieurs départements ministériels pour mettre en place une stratégie globale pour l’identification du potentiel de développer l’investissement dans ces activités. Le but de ces actions est d’encourager l’investissement à l’échelle nationale et favoriser la création d’entreprise verte, et de ce fait, créer de l’emploi dans une économie circulaire au sein des territoires.

Actuellement, le potentiel de recyclage et la transition énergétique est plus au moins identifié. Ces éléments ne constituent qu’une fine partie de la transition vers l’économie circulaire. Des études doivent être menées dans le cadre des autres filières contrairement à  un certain nombre de pays qui ont construit de larges études prospectives destinées à étudier le potentiel global de l’économie circulaire en termes d’emplois et de richesse au sein des territoires.

L’élaboration d’une étude prospective analysant les effets positifs sur la transition vers l’économie circulaire sur l’emploi à court, moyen et long termes et la création de richesse permettront de préciser aux pouvoirs publics sur les orientations stratégiques à suivre pour la mise en œuvre de la croissance verte en Algérie. La bonne connaissance des dynamiques du marché du travail est nécessaire afin d’accompagner au mieux cette transition. Aujourd’hui, il n’existe pas de données officielles comptabilisant les emplois verts en Algérie et en particulier dans l’économie circulaire.

Cette absence s’explique à mon sens par la nouveauté du concept qui reste méconnu pour certains, et en plus, l’absence du cadre réglementaire est important pour que le modèle d’économie circulaire puisse se développer. La loi sur l’économie circulaire est impérative car elle va inciter les jeunes à monter des projets dans ce domaine, et permettre le développement des chaînes de valeur circulaires au niveau des territoires. Cette loi permettra également de mettre au point les mécanismes de financement de cette économie.

Néanmoins, les structures restreintes concernées dans le recyclage, réemploi et réutilisation peuvent comptabiliser le nombre d’emplois enregistrés dans ces activités qui reste un pilier le plus facile à étudier compte tenu que les pouvoirs publics lui ont donné une priorité et des facilités pour son ancrage dans les territoires et de ce fait, la transition vers une économie circulaire sera un projet clé de la transition écologique et sociale en Algérie.  Dans cette optique, et pour permettre à nos élus locaux d’avoir une bonne visibilité sur l’économie circulaire, il faut se poser la question suivante : Quelles sont les filières économiques fortes ou prometteuses au niveau local ? 

A noter que toutes les filières peuvent être concernées, mais pas forcément avec la même intensité selon les piliers de l’économie circulaire. On peut distinguer par exemple les filières qui s’appuient sur l’exploitation d’une ressource naturelle locale en voie de raréfaction ou menacée de pollution (par ex-filières agricoles, agroalimentaire, bois, énergie, matériaux de construction, etc.). Ces acteurs seront particulièrement intéressés pour limiter les impacts et travailler sur l’approvisionnement durable.

Toutes les parties prenantes doivent travailler à penser, définir et construire notre économie de demain : une économie circulaire, responsable et surtout respectueuse des ressources, car l’économie circulaire est considérée comme une économie créatrice de valeur sociale, économique et environnementale. La reconnaissance de ce secteur passera inévitablement par le soutien des autorités locales à travers la promotion d’initiatives en faveur du développement de l’économie circulaire dans l’ensemble des wilayas de notre pays.  M. B.
 

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