DOSSIER - La méditerranée en alerte : Pluies torrentielles et inondations en hausse

05/11/2024 mis à jour: 00:04
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Photo : D. R.

Les catastrophes climatiques n’ont jamais été aussi nombreuses que ces dernières années, particulièrement les inondations, aggravées par le changement climatique. Des pluies torrentielles et de graves inondations sont signalées surtout dans le pourtour méditerranéen. Sous l’effet du réchauffement climatique, la Méditerranée devient une zone à haut risque. L’expert en catastrophes naturelles et géologue Antonio Aretxabala utilise une métaphore pour faire prendre conscience du danger, en qualifiant le réchauffement de la Méditerranée de «dynamite».

Les vagues de chaleur, sécheresses, cyclones et inondations se multiplient, fragilisant cette région densément peuplée et dont l’exposition va croître dans les décennies à venir. Le nombre annuel de victimes d’inondations dans cette zone tant directes et immédiates qu’indirectes est anormalement élevé, constituant l’essentiel des victimes des inondations.

L’actualité récente confirme que ce problème mérite approfondissement et proposition. A mesure que le réchauffement s’intensifie, les épisodes pluvieux seront de plus en plus violents. sur le bassin méditerranéen, la température grimpe plus vite qu’ailleurs. Depuis 1850, la température de la mer Méditerranée a augmenté de 1,5 degré.

L’orage qui a touché la région de Valence, en Espagne, n’est pas inhabituel par sa forme, mais il l’est par son intensité. Un déluge sans précédent. Il est tombé, en moins d’une demi-journée, l’équivalent des pluies d’une année entière ! Des pluies torrentielles et des scènes de chaos. Voitures emportées par les eaux, aéroport inondé et paralysé et partout, des habitants piégés, dont certains ont trouvé refuge sur les toits des maisons. Des villages restent inaccessibles.

En Libye, en septembre 2023, des crues soudaines sans précédent ont causé à Derna la mort de 11 000 citoyens et plus de 40 000 déplacés. Cette région a subi, entre le 4 et 7 septembre, l’impact du cyclone subtropical Daniel. Plus de 400 mm de pluie se sont abattus sur la région de Derna en moins de 24 heures. Un record – la tempête est telle que deux barrages cèdent –, c’est l’apocalypse pour les habitants.

Ce volume de précipitations est la conséquence d’une mer Méditerranée en surchauffe qui a envoyé un air chaud et très humide dans l’atmosphère. L’Algérie n’est pas à l’abri de pareille catastrophe. Le territoire algérien a toujours été touché par les inondations, et nous avons tendance à croire que ces dernières surviennent surtout suite aux débordements des grands cours d’eau et dans les grandes plaines agricoles.

Cependant, elles se manifestent de plus en plus fréquemment et subitement dans les grandes villes et les agglomérations urbaines. Selon l’Agence spatiale algérienne (ASAL), «l’Algérie est fréquemment concernée par des inondations dévastatrices. Par le passé, ces dernières se produisaient surtout suite aux débordements des grands cours d’eau des plaines agricoles. Depuis une vingtaine d’années, elles ont davantage touché les centres urbains où elles ont engendré de nombreuses pertes en vies humaines et des dégâts matériels considérables».

Ainsi, «l’augmentation perceptible de la fréquence et de l’amplitude des phénomènes climatiques extrêmes rend indispensable la mobilisation de toutes les ressources technologiques pour faire face à cette situation». Dans ce cadre, l’imagerie satellitaire a montré toute son importance dans l’organisation des secours, l’évaluation des dégâts des régions concernées, ainsi que dans la prévention par la cartographie des zones inondables et le dimensionnement des dispositifs de lutte contre les inondations.

Gestion des catastrophes par la prévention

Les experts préconisent de prendre en charge ce risque afin de le réduire, et cela passe d’abord par la sensibilisation de la population. Au regard de la recrudescence des événements climatiques extrêmes en Algérie, les inondations viennent en seconde position. Dans le cadre de la loi 04-20 qui oriente vers la mise en place de stratégies, le ministère des ressources en eau a élaboré sa propre stratégie de lutte contre les inondations.

Il travaille avec les collectivités locales et la Protection civile, et à chaque fois qu’il y a un événement ou un épisode pluvieux qui génère des inondations, il la déploie à travers l’Office national de l’assainissement et les Sociétés de gestion de l’eau et de l’assainissement, dont ceux d’Alger, de Constantine et d’Oran, et aussi tous les directeurs des ressources hydriques présents sur les wilayas.

«Si cette loi n’est pas appliquée de façon draconienne, l’Algérie va connaître des catastrophes qu’elle ne pourra pas  gérer», avait mis en garde l’expert Abdelkrim Chelghoum, président du Club algérien des risques majeurs. «Les inondations ont dévoilé les points noirs et le bricolage dans l’urbanisation et l’aménagement du territoire», a-t-il affirmé lors d’une prise de parole médiatique. Pour lui, la gestion des catastrophes devrait passer d’abord par la prévention et ensuite l’intervention, et dans le cas de l’Algérie, nous passons directement à l’intervention, qui figure parmi les missions de la Protection civile.

Le problème est l’absence d’anticipation. En Algérie, les terres sont soumises à des inondations répétées, dont les conséquences se traduisent par la dégradation des voies de communication, l’inondation des terres agricoles occupant les dépressions et les terrasses alluviales, et parfois même par l’inondation de certaines agglomérations entraînant quelquefois des pertes humaines. Les inondations des agglomérations résultent de pluies torrentielles dont les effets sont souvent amplifiés par les facteurs naturels du relief et d’autres liés à une urbanisation anarchique (construction en zones inondables) et non maîtrisée (manque d’entretien des réseaux d’assainissement).

La wilaya d’Alger a connu plusieurs inondations dévastatrices, où 85% de celles-ci ont touché les communes qui présentent une forte vulnérabilité aux inondations, situées principalement au niveau de la Mitidja et du Sahel Ouest algérois. Ce risque est devenu plus fréquent et plus intense à cause de la forte anthropisation, souvent anarchique, que connaît cette wilaya ces dernières années, surtout au bord des lits majeurs des oueds (près de 50% de la superficie des bassins versants sont urbanisés).  

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