Dora Bouchoucha. Productrice : «Le cinéma ne change pas le monde, mais il pousse le spectateur à réfléchir et à se poser des questions»

10/12/2023 mis à jour: 18:06
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Productrice et professeur de littérature anglaise, elle est la Madame Cinéma de Tunisie, à la tête de Nomadis Images, l’une des plus grosses entreprises de cinéma tunisien. 

Elle a largement participé à la gloire des JCC, Journées cinématographiques de Carthage, annulées cette année pour cause de génocide en Palestine, et en parallèle, continue à être membre des jurys internationaux, Berlin, Rotterdam, désignée par le magazine New African parmi les 100 Africains les plus influents. Elle forme des réalisateurs et producteurs en Afrique et dans le monde arabe et coproduit pour la partie tunisienne le dernier film de Karim Moussaoui en cours de tournage.

 

Propos recueillis par Chawki Amari

 

 

-Qu’est-ce qui vous a plu dans le scénario de Karim Moussaoui pour décider de le coproduire ? 

J’ai vu tous ses films, dont le premier, un moyen métrage, Les jours d’avant, que j’ai trouvé magnifique, je me suis dit que c’est un grand metteur en scène. Ensuite j’ai eu Karim en atelier, entre Alger et Tunis, et il a développé son scénario avec nous, En attendant les hirondelles, j’ai aussi beaucoup aimé cette écriture. Ensuite, j’ai lu son scénario, L’Effacement, et j’ai décidé de le coproduire. 
 

-Vous avez déjà co-produit des films avec l’Algérie, ça s’est bien passé ? 

Oui, Sur les traces de l’oubli, un documentaire de Raja Amari sur Isabelle Eberhardt (jeune aristocrate russe tolstoïenne sciemment échouée dans le désert algérien), j’ai travaillé avec Bachir Derraïs pour Larbi Ben M’hidi et Le soleil assassiné, de Abdelkrim Bahloul. Tout s’est très bien passé. 
 

-Qu’est-ce qui manque au cinéma algérien ? 

Les cinémas arabes, tunisien, algérien, africain d’une manière générale, n’ont rien à prouver, quand il y a un film algérien, c’est toujours bon, même s’il n’y a pas beaucoup de productions. Vous avez vraiment des talents en Algérie, de très bons réalisateurs, mais je pense que le problème est la volonté politique, je le dis et le redis, il faut laisser les cinéastes libres, les soutenir, ils évoluent à contre-courant, et je suis convaincu que le cinéma arabe, africain et algérien seront des cinémas qui compteront dans le monde.

 Il ne s’agit pas seulement donner de l’argent, le cinéma est une œuvre humaine, si les lois sont faites pour entraver les gens, ce n’est pas la peine, il faut que les lois soient en faveur des personnes, pas contre eux. 
 

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