Diabète et ramadan : Garantir un jeûne sécurisé

12/02/2024 mis à jour: 07:55
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Le Conseil scientifique du comité de la fatwa a affirmé que «la fatwa autorisant ou interdisant le jeûne doit émaner des médecins - Photo : D. R.

Lors de son allocution d’ouverture de la 2e édition du congrès DAR Francophone à l'hôtél El Aurassi (Alger), le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, a souligné l’importance de cette rencontre d’autant plus qu’elle aborde la question du jeûne, une thématique importante surtout pour les personnes âgées.

La 2e édition du congrès DAR Francophone (Alliance internationale diabète et ramadan) s’est clôturée samedi. Tenu sur deux jours (les 9 et 10 février) à l'hôtel El Aurassi à Alger en présence d’experts nationaux et internationaux, de médecins spécialistes ainsi que de membres de la société civile et des représentants religieux, l’événement fut l’occasion d'éclairer les praticiens sur les recommandations du DAR-IDF (Fédération internationale du diabète) concernant le diabète et le ramadan, et cela, en mettant l'accent sur l'importance du score de risque.

Lors de son allocution d’ouverture, le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, a souligné l’importance de cette rencontre d’autant plus qu’elle aborde la question du jeûne, une thématique importante surtout pour les personnes âgées. M. Saihi a aussi confié qu'il est difficile de faire accepter l'idée de ne pas jeûner aux personnes âgées diabétiques et que ces dernières préfèrent jeuner pendant le mois sacré du ramadan et ne se soucient pas des conseils du médecin.

Or, il estime important que les patients diabétiques adhérent aux directives de leur praticiens et suivent leurs conseils. «S’ils ont l’intension de jeuner, ils doivent consulter leurs médecins traitants avant», a-t-il conseillé, rappelant au passage les mesures prises par le gouvernement à ce sujet, et cela, à travers le plan d'action pour le patient, approuvé dans ses sept axes, notamment ceux liés aux soins de santé et à la fourniture de médicaments en plus de la prévention.

De plus, le ministre de la Santé a blâmé les producteurs des boissons de jus ou de soda qui abusent dans l’utilisation du sucre et du sel dans leurs produits assurant que l’utilisation excessive de ces derniers entraine des nombreux soucis de santé.

Il révèle au passage la future publication d'un ensemble de textes réglementaires qui régissent les activités industrielles et commerciales dans le but de contrôler la quantité de sucre et de sel qui sont entrant dans la composition d'un certain nombre de produits alimentaires d’autant plus qu’il est prouvé scientifiquement que les cellules cancéreuses se nourrissent de sucre.

Abdelhak Saïhi a rappelé aussi que le ministère de la Santé met l’accent sur la prévention, d’où les multiples campagnes de sensibilisation contre les mauvaises habitudes alimentaires et la sédentarité. D’ailleurs, la campagne de dépistage des maladies métaboliques, à savoir le diabète, l’obésité et l’hypertension artérielle, initiée par Novo Nordisk Algérie, en partenariat avec le ministère de la Santé, a pris fin hier.

Des examens cliniques et biologiques, à l’exemple de la mesure de la glycémie, de la tension artérielle, la prise de poids, le calcul de l’IMC, étaient effectués par une équipe pluridisciplinaire au niveau de la clinique mobile «Changing diabetes», déployée à la Maison du diabète de la daïra de Lahdada dans la wilaya de Souk Ahras.

Toujours dans le volet prévention, le guide de prise en charge de l’obésité a été lancé courant février. En conclusion de son intervention, M. Saihi a salué les efforts déployés par les différentes associations actives sur le terrain, estimant que celles-ci contribueront à atteindre les résultats escomptés grâce à leurs différentes campagnes de sensibilisation au sujet de l’importance d’une observance stricte des traitements mais aussi en encourageant à adopter une hygiène de vie saine.

De son côté, Rachid Malek a affirmé qu’il était aussi important de rassembler en un même lieu les différents acteurs concernés par cette thématique, à savoir les patients, les imams et les praticiens. «L'objectif principal est de consolider les connaissances et parvenir à un consensus commun et homogénéiser pour garantir un jeûne sécurisé pour les personnes vivant avec le diabète», a-t-il assuré.

Selon ce dernier, beaucoup de patients n’acceptent pas le fait de ne pas jeuner. Toutefois, les conséquences peuvent entre néfastes surtout sur les sujets âgés. «Notre mission est donc de leur indiquer l’essentiel et les prévenir contre tout risque sur leur santé en cas de jeune», a-t-il fait savoir.

Ajoutant : «A titre d’exemple, on leur conseille vivement de ne pas jeuner s’il y a un risque élevé. Moyennement si le risque est modéré et on les autorise à jeuner si le risque est faible.» M. Rachid Malek a néanmoins précisé que le patient qui suit bien son diabète avant le mois sacré, il continue automatiquement à le faire pendant le mois sacré.

«Et de manière générale, il n’y a pas de souci avec ce type de malade. Par contre, le risque élevé concerne les patients qui ont de longues années (10/20 ans) d’évolution de diabète et qui ont des complications, essentiellement rénales, cardiaques et ceux qui font des hypoglycémies», a-t-il précisé.

C’est pourquoi, il est important de faire une bonne éducation thérapeutique avant le mois sacré. Pour sa part, Abdelkarim Meftah, le président du Conseil scientifique du comité de la fatwa de la wilaya d’Alger a affirmé que «la fatwa autorisant ou interdisant le jeûne doit émaner de personnes expérimentées, autrement dit les médecins».

A noter que leur 2e édition du congrès DAR Francophone, de nombreuses thématiques ont été abordées à l’exemple de l’apport des nouvelles technologies dans le diabète et le ramadan mais aussi les bienfaits du ramadan sur les diabétiques en mesure de jeuner. Des thèmes plus généraux ont également été abordés à l’exemple de la thématique du diabète et la grossesse.

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