Un nouveau rapport de la Banque mondiale sur le développement du numérique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord déplore la lente cadence adoptée par les pays de cette région, notamment dans l’utilisation du e-paiement.
L’adoption universelle des technologies numériques pourrait «procurer d’immenses bénéfices socioéconomiques, avec à la clé plusieurs centaines de milliards de dollars chaque année et la création de nombreux emplois qui font aujourd’hui défaut», indique le rapport.
L’argent mobile, ou paiements dématérialisés, est susceptible, précise la Banque mondiale, de stimuler fortement la croissance économique, surtout qu’il «réduit les coûts d’information qui entravent les transactions économiques… Ces coûts sont d’autant plus faibles que les utilisateurs sont nombreux».
Etayant son argumentaire, le rapport de la BM précise que la numérisation complète de l’économie pourrait entraîner une augmentation de 46% sur 30 ans du PIB par habitant. Il s’agit d’un gain à long terme estimé à au moins 1600 milliards de dollars pour la région, note le même rapport. Et d’ajouter que dès la première année, le gain s’élèverait à environ 300 milliards de dollars. Une aubaine pour la création d’emplois.
Le rapport souligne ainsi que l’adoption de la numérisation ferait doubler le taux d’activité des femmes à hauteur de 20% sur 30 ans (une progression du nombre de femmes actives de 40 à 80 millions).
Ceci, alors que l’emploi dans le secteur manufacturier connaîtrait une hausse d’au moins 5% sur une période de 30 ans, avec pas moins de 1,5 million d’emplois supplémentaires, à raison de 50 000 nouveaux postes chaque année. L’étude pour la région MENA ajoute que le chômage frictionnel (la période d’inactivité temporaire nécessaire pour trouver ou changer d’emploi) pourrait passer de 10 à 7% sur une période de six ans, soit une diminution du nombre de chômeurs de 12 à 8 millions.
«Le temps requis pour concilier les offres et les demandeurs d’emploi est considérablement réduit par l’utilisation des technologies, comme le courrier électronique, les plateformes de recherche d’emploi ou de réseau professionnel», indique le rapport de la BM.
Cette dernière relève un paradoxe propre à la région MENA et qui montre que l’adoption des réseaux sociaux par la population est plus élevée par rapport au niveau du PIB. «L’usage d’internet et des outils numériques, tels que les paiements par téléphone mobile, n’est pas à la hauteur des attentes.»
Il est utile de souligner que 66% des habitants de la région MENA utilisent internet, contre 61% en Amérique latine et Caraïbes et 54% en Asie de l’Est et Pacifique.
Par contre, le niveau d’utilisation des paiements numériques dans les pays en développement de la région MENA (en dehors des pays membres du Conseil de coopération du Golfe) est de seulement 32%, contre 43% en Amérique latine et Caraïbes.
«Cette réticence au recours aux technologies numériques pour les transactions financières est probablement imputable au manque de confiance de la société à l’égard de l’administration publique et des sociétés commerciales», remarque la BM, en sus du poids des réglementations qui complique la transformation numérique.