Développement du marketing touristique : Enjeu majeur de la destination Algérie

12/03/2022 mis à jour: 02:04
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Photo : D. R.

La 14e édition des Journées internationales de marketing touristique, organisée à Alger sous le parrainage du ministre du Tourisme et de l’Artisanat, ayant pour thème «Enjeu et défis de la destination Algérie dans la compétition mondiale», a suscité de vives débats. 

On s’est rendu compte qu’il y a beaucoup de choses à faire en termes de valorisation de ressources humaines, présentées comme «le trésor et l’or de l’hôtellerie» et l’importance de la digitalisation. La standardisation n’est plus la norme aujourd’hui. Il faut personnaliser nos produits et leur donner un cachet. Il y a certes des initiatives, mais il faut fédérer les efforts. Notre façon d’être représenté à l’étranger dans des Salons est aussi obsolète. 

«Il s’agit de débattre de plusieurs problématiques dans un secteur en pleine mutation. Le tourisme est un puissant moteur économique appelé à gagner en importance. Nous avons tous les atouts pour être une destination de référence grâce à ses potentialités», reconnaît l’organisateur, RH International communication. Le secteur est en perpétuel changement et, dans ce contexte, il faut mettre davantage en valeur la communication et le marketing. 

La thématique est intéressante à plus d’un titre et interpelle tous les opérateurs dans le domaine du tourisme (hôteliers, agences de voyages, transport, guides touristiques, écoles hôtelières, institutions diverses, telles que les Douanes, la police des frontières et les ministères). «Hélas, la salle était au trois quarts vide et absence quasi-totale des opérateurs censés être présents. Le tourisme demeure juste un secteur figurant dans l’organigramme du gouvernement, rien de plus», se désole un participant. 

A travers une visioconférence, Dominique Wolton, directeur fondateur de la revue internationale Hermès (CNRS Editions), président du Conseil de l’éthique publicitaire (CEP), a abordé le thème de l’«Identité, communication et tourisme». Il affirme que «le tourisme est une activité de communication où se mêlent l’ouverture et la peur, l’idée de progrès et de méfiance. Il ne faut surtout pas se contenter de calquer sur un modèle occidental, européen ou américain et éviter la perte de valeur et d’identité. Il n’est pas bon qu’un pays reste renfermé sur lui-même. Et surtout, il ne faut pas cesser de communiquer». 

Loubna Djeribia, inspectrice principale tourisme, consultante enseignante associée à l’ENST, a abordé les nouvelles tendances de l’industrie de l’hospitalité hôtelière : enjeux clés pour la destination Algérie. «Il s’agit aujourd’hui de créer une ambiance chaleureuse au sein de son établissement et même au-delà de l’hôtel. L’expérience client doit être positive à chaque instant du séjour (réception, chambre, restaurant, bar, spa et visites). Le client doit se sentir comme à la maison avec empathie. Le secteur hôtelier s’est engagé dans de nouvelles tendances, comme la personnalisation, l’accueil chaleureux, la relation privilégiée et le confort adéquat», résume-t-elle. 

Elle a scruté les tendances de l’hospitalité en industrie hôtelière et constaté que les voyageurs combinent de plus en plus affaires et loisirs. Il ne s’agit pas d’explorer la ville après une journée de travail, mais bien de réserver quelques jours supplémentaires pour combiner l’utile à l’agréable. Pour les hôtels et les chambres d’hôtes, l’essor de cette formule engendre un allongement des séjours et une augmentation des dépenses des voyageurs d’affaires. 

De nombreux hommes d’affaires reviennent plusieurs fois dans le même établissement. Avec les voyageurs d’affaires, il y a 50% de chances en moins qu’ils annulent leur séjour et 60% de chances en plus qu’ils réservent à nouveau : c’est donc une cible stratégique et intéressante. Il y a aussi le «coworking», les marques et les hôtels s’adaptent aux nouveaux modes de travail post-Covid en réimaginant les espaces et les services. Il s’agit de rentabiliser des espaces «vides» ou insuffisamment «inexploités» en recherchant du chiffre d’affaires complémentaire grâce à la «clientèle des travailleurs nomades». 

Certains hôtels proposent une médecine préventive et des soins personnalisés, d’autres invitent la nature à l’intérieur de l’hôtel, surtout ceux qui sont implantés en milieu urbain, pour se connecter à l’environnement naturel et évacuer les facteurs de stress (tensions urbaines). 

Des expériences émotionnelles et immersives

Les clients sont à la recherche d’expériences «culturellement immersive». L’intérêt des consommateurs évolue : aujourd’hui, ils recherchent plus des expériences que des équipements ou des prestations. Pour Sofiane Amara, conseiller des affaires étrangères à la direction de la promotion et du soutien aux échanges économiques (ministère des Affaires étrangères), «la promotion de la destination Algérie en particulier et le tourisme en général n’est pas l’affaire d’une personne mais celle de tous (institutions, administration, professionnels et société civile). Il ne faut pas s’appuyer sur des effets de mode mais sur des études de marché, il y a des niches à développer, comme le circuit sur les traces de Saint Augustin». 

Les touristes partant sur la même destination ne recherchent pas nécessairement des expériences similaires. Dans ce secteur très concurrentiel, la meilleure façon de se différencier est de proposer une expérience unique. 

Abbes Mohamed Abdelfattah, sous-directeur à la direction générale de la prévision et de la politique (ministère des Finances), a souligné que «le tourisme interne est une carte à jouer pour sauver le secteur en pleine période de crise. Le segment touristique domestique a souvent été ignoré, mais la crise sanitaire a mis en avant l’opportunité et la nécessité de se repositionner sur les déplacements domestiques et infrarégionaux. 

Comparé au tourisme étranger, le tourisme intérieur n’est pas sensible aux crises mondiales, qu’elles soient économiques, naturelles, politiques ou épidémiques». Les nécessités économiques et sociales imposent un développement du secteur du tourisme qui ne saurait se faire sans une véritable définition de la place de ce secteur dans la politique globale de développement.  

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