Développement de la finance islamique en Algérie : Le coup de pouce de l’Etat

17/05/2023 mis à jour: 03:24
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Photo : D. R.

La nouvelle décision gouvernementale intervient dans le cadre de l’ouverture du secteur des services bancaires participatifs pour se développer davantage sur le marché financier algérien, contribuer à l’inclusion bancaire et tenter d’absorber les fonds circulant dans le marché parallèle.

Le gouvernement a décidé que l’Etat prendra en charge les marges bénéficiaires réalisées par les banques islamiques en Algérie dans les opérations de financement de l’acquisition de logements, ce qui poussera ceux qui souhaitent acquérir un logement à recourir davantage aux banques islamiques pour bénéficier de divers financements immobiliers, étant donné que les coûts supportés par les clients de ces banques vont baisser. L’adoption de la formule «marges de bénéfices soutenues» signifie que l’Etat paie la plus grande part de la marge bénéficiaire, et le bénéficiaire ne paiera qu’une petite marge.

La compétitivité des banques islamiques, qui se concentrent sur la fourniture de services bancaires participatifs, était faible sur le marché du financement du logement en Algérie en raison des banques classiques bénéficiant de «taux d’intérêts bonifiés» variant entre 1%, à la charge du bénéficiaire dont le revenu est inférieur ou égal à 6 fois le salaire national minimum garanti (SNMG), et 3% pour les bénéficiaires dont le revenu est supérieur à 6 fois le SNMG et inférieur ou égale à 12 le SNMG, par une décision gouvernementale adoptée il y a plus de 10 ans.

Habituellement, les banques islamiques participatives ne reçoivent qu’une faible affluence, étant donné que leurs marges bénéficiaires dans ce domaine variaient entre 6 à 8%, et donc leurs clients se retrouvent à payer un coût plus élevé pour acquérir un logement par rapport à ce que les clients paient pour les banques classiques. La nouvelle décision gouvernementale intervient dans le cadre de l’ouverture du secteur des services bancaires participatifs pour se développer davantage sur le marché financier algérien, contribuer à l’inclusion bancaire et tenter d’absorber les fonds circulant dans le marché parallèle. Ce n’est pas divulguer un secret que de dire qu’un grand nombre d’Algériens sont réticents à traiter avec les banques pour des raisons de convictions religieuses.

Si le coût des transactions avec les banques participatives, qui tiennent à se conformer à la charia, est réduit, il devrait automatiquement attirer un pourcentage assez important de cette catégorie. Ainsi, l’acquisition d’un logement dans le cadre d’un contrat conclu avec un promoteur immobilier public sous forme de LSP/LPA, la marge est de 1,75% si les revenus mensuels sont compris entre 40 000 et 108 000 DA et de 3,75% si les revenus mensuels sont compris entre 108 000 DA et 216 000 DA.

L’acquisition d’un logement dans le cadre d’un contrat conclu avec un promoteur public sous forme de LPP aura une marge de 3,75% si les revenus mensuels sont compris entre 108 000 et 540 000 DA. Dans le cas d’un contrat conclu avec un promoteur immobilier privé pour l’acquisition d’un logement, la marge est de 2,25% si les revenus mensuels sont compris entre 40 000 et 108 000 DA et elle est de 4,25% si le revenu mensuel est compris entre 108 000 et 216 000 DA. La construction d’une résidence rurale ou d’une résidence individuelle sous forme d’ensemble donnera une marge de 2,25% si les revenus mensuels sont compris entre 40 000 et 108 000 DA, et de 4,25% si le revenu mensuel est compris entre 108 000 et 216 000 DA.

Démarrage timide, intérêt grandissant

En Algérie, la finance islamique a connu un démarrage timide mais connaît actuellement un intérêt grandissant. Dans les années 1990, l’offre de produits islamiques a créé une demande latente, pas clairement exprimée. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Les deux banques islamiques en Algérie, Al Baraka et Al Salam, agréées par la Banque d’Algérie en septembre 2008, se partagent le marché de la finance islamique, d’autres banques privées, telles qu’AGB et Housing Bank, essaient de rattraper le retard.

La finance islamique est désormais une revendication sociale réclamée par la clientèle et constitue même pour les banques publiques une opportunité pour diversifier le marché et le portefeuille de ces banques. Pour elles, cela constitue indéniablement un moyen d’aller vers la politique d’inclusion financière visant à diversifier les canaux de drainage des fonds circulant hors circuit bancaire.

Les dépôts de la finance islamique au niveau du Crédit populaire algérien (CPA) s’élèvent à plus de 25 milliards de dinars, selon le chef de département de la finance islamique de cette banque publique, Sofiane Mazari, et le nombre des clients de la banque dans le cadre de la finance islamique dépasse les 35 000.

Pour la BNA, le renforcement du réseau dédié à la finance islamique est «l’opportunité pour la banque de consolider sa stratégie commerciale, qui vise à répondre au mieux aux attentes et besoins des citoyens, d’une part, et de mettre en application les orientations des pouvoirs publics visant le développement économique et l’inclusion financière, d’autre part»

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