Développement de la biotechnologie marine en Algérie : Le secteur de la santé consomme le tiers des ressources

11/12/2024 mis à jour: 11:28
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Plus de 1600 espèces marines sont en mesure de fournir la matière première pour développer des procèdés innovants - Photo : D. R.

Les recommandations du diagnostic sur le potentiel de développement de la biotechnologie en Algérie ont axé  sur le renforcement du cadre juridique et réglementaire de la filière.

La biotechnologie marine est une filière émergente en Algérie et le secteur de la santé est celui  qui consomme, pratiquement, le tiers des ressources marines pour la production des produits pharmaceutiques, parapharmaceutiques et cosmétiques. C’est du moins ce qui ressort  des  résultats d’un diagnostic sur «le potentiel de développement de la biotechnologie marine dans le pays».

Cette étude a été effectuée par le programme «Economie bleue, pêche et aquaculture» de l’Union européenne en coordination avec le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, et présenté hier, lors d’une journée de restitution de ce travail. Menée par une équipe d’experts sur les ressources issues du milieu marin, tout le long du littoral algérien, l’étude  s’est concentrée sur le cadre conceptuel définissant les biotechnologies marines, la chaîne de valeur et l’état des lieux des Blue Biotech en Algérie.

En matière de biodiversité marine, le diagnostic a fait ressortir plus de 1600 espèces marines en mesure de fournir la matière première pour  développer des procédés innovants, applicables dans divers domaines, tels que la santé, le cosmétique, l’alimentation, l’environnement et l’industrie.  «La santé et le bien-être est le secteur  qui  consomme le tiers des ressources marines.

Seulement, le département pharmaceutique importe  beaucoup de matières premières pour la production de médicaments. Notre objectif aujourd’hui est de réduire  cette dépendance à l’importation et de mettre sur le marché des produits nationaux et des produits localement  issus des ressources marines», a affirmé  Boukhalfa Khemnou, expert référent dans la recherche, l’innovation et dans l’entrepreneuriat et membre du Programme économie bleue, précisant que plusieurs entreprises pharmaceutiques sont intéressées par ce domaine et des laboratoires  utilisent  déjà certaines  ressources pour les produits pharmaceutiques. Une analyse Swot, permettant d’identifier les forces, faiblesses, opportunités, menaces de l’entreprise, a été réalisée pour  mettre en lumière  les opportunités  et les défis spécifiques avec un accent particulier sur la production d’algues et la valorisation des rejets de pêche.

Réduire la dépendance à l’importation

Par ailleurs, ce diagnostic a identifié les principaux acteurs de cette filière comprenant, entre autres, l’Ecole nationale supérieure des sciences de la mer et de l’aménagement du littoral (ENSSMAL), le Centre de recherche en biotechnologie de Constantine et les universités d’Oran, Tlemcen et Annaba, notamment, des incubateurs et des start-up.  «Il y a un engouement pour cette filière,  notamment  de la part  des nouveaux diplômés universitaires qui ont eu des contacts avec les spécialistes  dans le domaine de la biologie et de la ressource marine», relève M. Boukhalfa.

De son côté, la directrice nationale du Programme Economie bleue, pêche et aquaculture, et représentante du ministère de l’Agriculture, Chanez Zouadi, a indiqué que des actions ont été entreprises pour développer la filière biotechnologie dans le cadre de la stratégie nationale pour l’économie bleue (SNEB 2030), axées sur le renforcement des capacités de recherche en biotechnologie marine. Toutefois l’intervenant a  reconnu que «des défis restent à relever».

Elle s’est également félicitée de l’intérêt qu’accordent les universités à la filière de biotechnologie marine, indiquant que des formations sont dispensées par beaucoup d’universités nationales en rapport avec la biotechnologie. Réda Allal, chef du projet,  a soutenu que la filière biotechnologie constitue un thème de coopération du programme avec plusieurs universités, notamment celle d’Oran, rappelant que les efforts se concentrent actuellement sur «le renforcement de la dimension recherche dans le domaine de la biotechnologie pour une diversification de l’économie bleue».

M. Boukhalfa a insisté dans son exposé sur le renforcement  des capacités des acteurs universitaires notamment  ceux qui sont impliqués dans la recherche  et l’accompagnement des start-up et des entreprises qui commencent à investir dans ce créneau. Il a surtout évoqué l’aspect juridique et réglementaire. «Nous avons un véritable potentiel,   notamment sur la partie algue et les produits de pêche.

A ce sujet beaucoup d’entreprises  produisent des spirulines  qui utilisent les algues pour les transformer. Mais il y a   un travail  important à faire  sur notamment la mise en place d’un cadre  légal adapté à cet effet», plaide-t-il. D’ailleurs, les recommandations du diagnostic  sur le potentiel de développement de la biotechnologie en Algérie ont axé  sur le renforcement du cadre juridique et réglementaire  de la filière, la promotion  de la collaboration entre la recherche et le secteur économique ainsi que le soutien des start-up et des entreprises innovantes dans le domaine.

«Notre programme s’étale jusqu’à fin 2025 et les  principales recommandations, soumises aujourd’hui à débat  avec nos  partenaires et autres acteurs  du domaine,  visent à étudier dans quelle mesure nous pouvons entamer ce programme  et lancer des actions pour développer cette filière», révèle M. Boukhalfa 
 

 

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