Alors que la dette mondiale a atteint le niveau record de 307 400 milliards de dollars au troisième trimestre 2023 et le ratio dette/production dans les marchés émergents s’est établi lui aussi à un pic, l’Institute of International Finance (IIF), qui a révélé ces chiffres effarants de l’économie mondiale avertit qu’une évolution vers le populisme politique pourrait faire grimper ce volume en 2024.
Le fournisseur de services financiers a estimé que la dette mondiale serait de 310 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, soit une augmentation de plus de 25% en cinq ans. Mais la particularité de l’année 2024 est que le nombre élevé d’élections qui sont attendues, notamment avec des rendez-vous phares aux Etats-Unis, en Inde, en Afrique du Sud, en Turquie et au Pakistan, pour ne citer que ceux-là, vont se dérouler dans un contexte de montée de polarisation politique croissante et de tensions géopolitiques accrues, indique l’IIF. «Tous les indices convergent vers l’ouverture des voies à davantage de politiques populistes qui pourraient accroître les emprunts et les dépenses de l’Etat, et relâcher la discipline budgétaire.
Cela pourrait créer davantage de volatilité sur les marchés», estime cette organisation internationale, pour qui les deux tiers de l’augmentation de la dette proviennent des marchés développés, avec en tête les Etats-Unis, suivis du Japon, de la France et du Royaume-Uni. Les marchés des pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Brésil et le Mexique ont enregistré également de fortes évolutions, selon la même source.
La dette publique a connu la plus forte augmentation au troisième trimestre 2023, selon l’IIF, pour qui les déficits budgétaires restent bien supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie dans de nombreux pays. Par ailleurs, la dette souveraine en défaut a atteint un record de plus de 554 milliards de dollars jusqu’à la fin de 2022, dont environ la moitié est une dette obligataire.
Le ratio mondial de la dette au PIB est à 255% dans les marchés émergents et les principaux contributeurs sont la Russie, la Chine, l’Arabie Saoudite et la Malaisie. Le Chili, la Colombie et le Ghana ont enregistré les plus fortes baisses de ce ratio, selon la même source. L’IIF n’a pas omis de mettre en garde contre le service de la dette qui «absorbait une part croissante» des revenus dans le monde entier. Enfin, le rapport de l’IIF avertit que le fardeau de la dette des ménages et des entreprises continue de s’alourdir dans les grandes économies, notamment en Chine et aux Etats-Unis, ce qui a des répercussions sur tout, des élections à la transition vers l’énergie propre.
Néanmoins, l’appétit des entreprises pour l’emprunt est à son plus bas niveau depuis plusieurs années, impacté par un contexte de resserrement des conditions de financement et de fragmentation géoéconomique accrue. Les perspectives de financement de la lutte contre le changement climatique semblent de plus en plus menacées comme le prouve le ralentissement marqué des émissions de dette ESG.
La solution passe par la réduction de la dette des pays à faible et moyen revenu qui peuvent causer des perturbations sur les marchés et freiner le parcours vers une économie plus verte, précise-t-on.