Les services de sécurité multiplient les saisies et les arrestations d’individus impliqués dans des opérations de spéculation touchant des denrées alimentaires de base.
En plein mois sacré du Ramadhan, plusieurs saisies ont été opérées dans différentes wilayas du pays. Elles concernent des produits alimentaires de première nécessité, tels que la semoule, l’huile de table et le sucre. Des produits subventionnés par l’Etat et sur lesquels il y a des tensions malgré leur production en grande quantité.
Hier, 28 mars, à Mascara, les services de la Gendarmerie nationale ont saisi 1220 litres d’huile de table destinés à la spéculation. L’information, relayée par le bureau de l’Agence Presse Service de cette wilaya, fait état de l’arrestation du propriétaire de l’entrepôt utilisé pour stocker ces quantités considérables d’huile de table. Selon la même source, cette marchandise a été stockée pour servir à la fabrication de gâteaux orientaux.
Outre le stockage illégal d’importantes quantités d'huile de table, le mis en cause exerçait cette activité «sans registre du commerce ni le moindre respect des règles d'hygiène dans la préparation des gâteaux». Le propriétaire de cet entrepôt a été présenté devant les services juridiques compétents territorialement, a précisé la même source.
Le 25 mars, les services de la gendarmerie ont mis la main sur une cargaison de 543 quintaux de blé tendre, d’orge et de son destinée à la spéculation. Cette importante prise a été effectuée dans la localité d’El Aricha, à Tlemcen. Selon la cellule de communication du groupement de la gendarmerie de cette wilaya, l’individu arrêté «achetait et stockait du blé tendre dans son entrepôt en vue de le revendre ultérieurement».
Depuis le début de l’année, 690,89 tonnes de marchandises ont été saisies par les services de contrôle commercial. La valeur des marchandises saisies durant cette période est estimée à 173 millions de dinars, a affirmé lundi dernier le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, sur les ondes de la Chaîne I.
Selon les chiffres avancés par le ministre, les services de contrôle ont récupéré 95 482 litres d’huile de table subventionnée, 7888 litres de lait, 11,4 tonnes de sucre et 243,86 tonnes de pommes. Ainsi donc, les agents de contrôle relevant du ministère du Commerce n’ont pas chômé, puisque du 1er janvier au 22 mars, ils ont réalisé 32 130 interventions et porté 48 affaires devant la justice.
Le gros de leurs efforts est orienté vers le commerce de détail avec 25 092 interventions. Les marchés de gros, qui sont moins nombreux, ont également connu des contrôles réguliers, avec 5902 visites en trois mois.
Le contrôle a touché aussi les unités de production de produits alimentaires de base qui ont reçu, durant la même période, 838 visites des contrôleurs du commerce. Tous ces efforts visent à juguler le phénomène de la spéculation, qui aggrave les tensions sur les produits de première nécessité, tels que la semoule, le lait et l’huile de table.
Ce phénomène de la spéculation s’accentue souvent à l’approche du mois de Ramadhan et touche une certaine catégorie de produits alimentaires, de légumes et de fruits. Parmi les produits dont le prix a grimpé de manière substantielle ces dernières semaines, on trouve, entre autres, la courgette, l’oignon, le poivron, la tomate fraîche, le haricot vert, la banane, la pomme et le citron. Le prix de la viande rouge a également connu une nette augmentation, dépassant les 2000 DA le kilogramme. D’ailleurs, face à cette hausse, l’Etat a recouru à l’importation de la viande fraîche, commercialisée à 1200 DA dans des points de vente appartenant à l’entreprise publique Alviar.
Pour faire face à ce phénomène de spéculation qui a pris des proportions alarmantes, une nouvelle loi, la 15-21, a été adoptée en décembre 2021.
Ce nouveau texte cible «tout stockage ou rétention de biens ou marchandises visant à provoquer une pénurie ou une perturbation des approvisionnements au niveau du marché et toute hausse ou diminution artificielle des prix des biens ou marchandises». Il prévoit des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité.