Le manque de précipitations constitue une réelle menace pour la sécurité alimentaire dans le monde. L’Algérie n’en est pas épargnée à cause de la longue période de sécheresse qui met en péril les capacités du pays à faire face aux besoins de la consommation locale en produits agricoles.
Un déficit hydrique de 90% est enregistré dans la plupart des wilayas du nord du pays et pas moins de 90 000 agriculteurs dans 34 wilayas sont touchés par la sécheresse, souligne le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, devant les parlementaires. Une superficie de 1,2 million d’hectares est déclarée sinistrée, selon la même source.
Des mesures d’indemnisation des agriculteurs concernés par ces sinistres liés aux changements climatiques ont été prises en mai dernier. L’été 2023 n’a malheureusement pas été exempt de cas d’incendies qui ont ravagé des milliers d’hectares de forêt dont certains se sont déclarés en plein mois de septembre et d’octobre.
«Par solidarité avec les agriculteurs et afin de préserver leurs revenus et d’éviter une détérioration de leurs conditions sociales qui pourraient entraver le succès du lancement de la saison agricole 2023-24, le gouvernement a pris des mesures concrètes pour recenser les personnes touchées», a souligné le Premier ministre. Notons que la sécheresse a fortement impacté la production céréalière, forçant les pouvoirs publics à augmenter les quantités importées et renforcer les capacités de stockage.
Benabderrahmane a indiqué, dans son intervention, qu’en vue de renforcer ces capacités, une enveloppe de 331,5 milliards de dinars a été allouée pour la réalisation de 30 silos et 350 centres de stockage de proximité, dans le but d’atteindre une capacité de 9 millions de tonnes et porter les réserves stratégiques de céréales à 9 mois de la consommation nationale.
Une diminution est aussi remarquée dans le secteur de l’élevage de bétail. Il a fait savoir que le résultat du recensement mené pour la première fois en 2022-23 enregistre une baisse du cheptel qui est passé à 21,7 millions de têtes dont 17,3 millions de têtes ovines. Pour parer au manque d’approvisionnement du marché en viande rouge, des autorisations d’importation ont été accordées pour l’achat des viandes bovine et ovine avec une réduction de 3 à 5% des droits de douane, afin d’assurer la disponibilité de la viande sur le marché et d’en réguler les prix.
Benabderrahmane a assuré, en outre, que des mesures ont été prises afin de renforcer la disponibilité des viandes blanches à travers le lancement «d’un appel d’offres pour l’importation d’une quantité limitée de viandes blanches et d’œufs d’incubation» et garantir un «stock stratégique en prévision du prochain mois de Ramadhan».
Concernant globalement la régulation et l’assainissement des importations, le premier responsable du gouvernement a souligné que le nombre d’intervenants dans l’importation de marchandises destinées à la vente au détail avait diminué pour se stabiliser à 14 858 intervenants contre 43 000 avant 2022 et ce, «sans toucher aux besoins du marché national et aux consommateurs».
Défendant la politique de régulation des importations, Benabderrahmane a noté que les statistiques du commerce extérieur pour les huit premiers mois de l’année en cours montrent «une augmentation de la valeur totale des importations de 10,38% tandis que les importations d’intrants destinés aux secteurs d’activité tels que les équipements agricoles (+29,77%) et industriels (+37,3%) ont enregistré des augmentations significatives, en sus des produits de consommation non alimentaires (+24,85%)».