Des relations économiques à la croisée des chemins : Repli des investissements chinois en Afrique subsaharienne

16/10/2023 mis à jour: 15:17
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Photo : D. R.

Après des années d’expansion, l’Afrique subsaharienne assiste à un repli des investissements et des crédits chinois. En effet, selon les notes de conjonctures publiées par le Fonds monétaire international (FMI), il s’avère que la Chine a annoncé, lors du Forum sur la coopération sino-africaine de 2021, la première réduction de son appui financier à l’Afrique de 60 à 40 milliards de dollars sur une période de trois ans.

Cette réduction s’explique pour moitié par le fait que l’aide financière de la Chine, plutôt que de financer directement les infrastructures, a évolué vers davantage de crédits commerciaux, «probablement en raison des priorités politiques de la Chine et de la vulnérabilité accrue de la dette de nombreux pays africains» a-t-on estimé.

Le montant des décaissements de prêts publics chinois à l’Afrique subsaharienne a brutalement chuté et représente, désormais, environ un huitième de ce qu’il était en 2016, lorsqu’il a atteint son plus haut niveau à 1,2% du PIB de la région, indique la même source.

La dette publique de la région de l’Afrique subsaharienne envers la Chine est très concentrée, selon la base de données International Debt Statistics (IDS) de la Banque mondiale : cinq pays représentent 55% de cette dette publique bilatérale envers la Chine (Angola, Kenya, Zambie, Cameroun, et Nigeria, principalement des pays riches en ressources naturelles). Il existe une corrélation entre l’ampleur des échanges bilatéraux et les décaissements de prêts entre la Chine et les pays de la région, après prise en compte du PIB.

A en croire les rédacteurs des notes du FMI, les prêts accordés par la Chine à l’Afrique subsaharienne ont suscité une attention et des critiques considérables, en raison de l’imposition de modalités relativement strictes aux pays débiteurs et de l’utilisation de ressources naturelles en garantie.

Ils soulèvent également d’autres craintes, ajoute-t-on, notamment l’absence de normalisation et de transparence de la dette publique, car les bailleurs de fonds chinois ne documentent pas systématiquement les prêts accordés à chaque emprunteur étranger, donnant lieu à des lacunes considérables dans les données.

Prêts publics concessionnels

Dans ce contexte, indique la même source, la Chine accorde un certain nombre de prêts publics concessionnels qui représentaient, à fin 2020, moins de 10% du total des prêts bilatéraux accordés par la Chine aux pays d’Afrique subsaharienne, selon les données IDS de la Banque mondiale. La part du service de la dette extérieure de la région attribuable aux prêts publics bilatéraux chinois a atteint 12% en 2019, selon cette même base de données.

En outre, les pays d’Afrique subsaharienne en situation de surendettement ou de risque élevé de surendettement représentent environ 40% de l’encours total de la dette publique envers la Chine à fin 2020.

La Chine a joué un rôle déterminant dans les récentes négociations et restructurations de dettes (tandis que lors des négociations à l’origine de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés, le niveau des prêts accordé aux pays à faible revenu par la Chine était négligeable). Elle a également contribué à l’initiative de suspension du service de la dette, en accordant 63% du total des suspensions en 2020 et 2021, bien qu’elle ne détînt que 30% des créances.

Jusqu’à présent, toutefois, le processus de restructuration de la dette s’est avéré lent et difficile pour un certain nombre de pays, y compris lorsqu’il s’inscrivait dans le cadre commun du Groupe des Vingt, et ce en raison de plusieurs facteurs incluant notamment la grande variété d’instruments de dette et la diversité croissante des créanciers, tels que la Chine, qui nécessitent une certaine adaptation et coordination.

Les pays d’Afrique subsaharienne doivent, selon le FMI, renforcer leur résilience et mettre en œuvre des réformes structurelles pour favoriser la diversification de leur économie, approfondir les échanges intra-régionaux, améliorer leur compétitivité et dynamiser l’activité intérieure.

 


 

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