Des manifestants veulent un accord pour libérer les prisonniers : Profonds désaccords au sein du cabinet de guerre israélien

16/01/2024 mis à jour: 06:00
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La rue israélienne exige la tête de Benyamin Netanyahu - Photo : D. R.

Selon des analystes politiques, il existe une idée répandue selon laquelle le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, persiste à faire durer l’agression contre Ghaza pour des motifs politiques personnels.

Des milliers d’Israéliens ont manifesté dimanche à Tel Aviv, Al Qods et Haïfa pour réclamer la libération des prisonniers détenus à Ghaza, depuis le 7 octobre dernier, par la résistance palestinienne. Parmi eux, certains parents de prisonniers ont demandé au Premier ministre, Benyamin Netanyahu, de conclure un nouvel accord de libération au plus vite et à tout prix.

Ces manifestations, qui ont coïncidé avec les 100 jours de l’agression sioniste contre l’enclave palestinienne, ont été aussi l’occasion de réclamer le départ de Netanyahu, au plus bas des sondages depuis plusieurs mois. Des manifestants ont en effet exprimé leur défiance envers le gouvernement d’urgence et du conseil de guerre, traversés pas de profonds désaccords.

C’est ce qu’a laissé entendre le chef du parti Yisrael Beytenu (Israël (est) notre maison), Avigdor Lieberman, qui a affirmé hier que le gouvernement israélien actuel n’«est plus en mesure de diriger (…)», soulignant la nécessité de former un nouveau gouvernement. Lieberman a, selon Al Jazeera, indiqué que ces désaccords ont fait que le ministre de la Défense, Yoav Galant, est allé jusqu’à quitter une réunion du cabinet de guerre, vendredi dernier, «chose qui ne s’est jamais passée auparavant», a-t-il déclaré.

Gallant avait quitté la réunion parce que l’un de ses collaborateurs avait été empêché d’y assister, «dans un contexte de tension croissante au sein du conseil», a ajouté la même source, précisant qu’il s’était retiré de la séance pendant une heure avant de revenir plus tard. Citée par Al Jazeera, la chaîne israélienne Canal 13 a par ailleurs rapporté que Gallant avait demandé à Netanyahu de ne pas «perturber» son travail au sein du gouvernement.

Mais ce n’est pas la première fois que les médias israéliens ébruitent de telles mésententes entre Gallant et Netanyahu, liées à la manière de gérer l’agression contre la Bande de Ghaza et ses conséquences à l’international. Netanyahu n’a pas de différends qu’avec son ministre de la Défense.

Scène presque inédite, le chef du parti Kakhoul Lavan (Bleu et blanc) et membre du cabinet de guerre, Benny Gantz, a participé à une manifestation, samedi dernier à Tel-Aviv, contre Netanyahu et attaquant sa gestion de la question des prisonniers.

«Des pourparlers sans valeur»

La démarche de Gantz «a soulevé de nombreuses questions sur la cohésion du gouvernement israélien», a commenté Al Jazeera. La chaîne qatarie a rappelé, à ce propos, que l’adhésion de Gantz au gouvernement d’urgence, après le 7 octobre, avait donné un fort élan au gouvernement israélien, d’autant plus qu’il était, avant, l’un des opposants les plus farouches à Netanyahu.

Le quotidien Maariv a, notons-le, indiqué dans un sondage publié vendredi que 42% des Israéliens estiment que Gantz est le plus approprié pour occuper le poste de Premier ministre en cas d’élections. Des médias israéliens ont en outre fait savoir que les désaccords observés au sein du cabinet de guerre ont trait essentiellement à la question des prisonniers et au dossier du «jour d’après».

Selon des analystes politiques, il existe une idée largement répandue selon laquelle Netanyahu persiste à faire durer l’agression contre Ghaza pour des motifs politiques personnels. Ses opposants, fait remarquer Al Jazeera, l’accusent non seulement de n’avoir atteint aucun de ses objectifs, mais également d’être l’otage des ministres d’extrême droite aux méthodes génocidaires et aux convictions quasi messianiques.

Mais Netanyahu, dont l’avenir politique dépend de l’issue de l’agression contre Ghaza, s’est montré indifférent aux appels croissants à la fin des combats. Et ce, malgré le fait qu’un nouveau sondage d’opinion effectué par des médias hébreux ait révélé que 53% des Israéliens pensent ne pas avoir gagné la guerre à Ghaza, tandis que 30% affirment qu’Israël l’a perdu et seuls 8% estiment que l’entité sioniste a subi une défaite écrasante.

Intervenant dimanche soir, le porte-parole des Brigades Al Qassam, branche militaire du Hamas, Abou Obeida, a affirmé que l’occupant n’avait pas «réussi à atteindre ses objectifs ni à libérer les prisonniers détenus par la résistance». Il a aussi soutenu que beaucoup d’otages ont «probablement été tués récemment», les autres étant «en grand danger», ce dont il a rejeté la «pleine responsabilité» sur Israël.

Il a ajouté que «tous pourparlers avant l’arrêt de l’agression israélienne sont sans valeur». Le service d’information militaire d’Al Qassam a, quelques heures après le discours d’Abou Obeida, diffusé une vidéo montrant trois otages israéliens en vie, deux hommes et une femme. Les trois otages y demandent en hébreu aux autorités israéliennes d’agir pour leur libération. La vidéo de 37 secondes se termine par un bandeau indiquant : «Votre gouvernement vous ment» et «Demain, nous vous informerons de leur sort».

De quoi accentuer la pression sur le gouvernement israélien, déjà largement contesté par les familles des prisonniers. On estime que 132 prisonniers détenus par le Hamas sont encore dans la Bande de Ghaza, mais certains ne seraient plus en vie. 105 civils ont été libérés lors d’une trêve d’une semaine fin novembre dernier. 
 

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