Des étudiants tentés par l'Entrepreneuriat universitaire : Des bancs de la fac à la start-up

11/11/2024 mis à jour: 02:02
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Photo : D. R.

Pour inciter les nouveaux diplômés à être des entrepreneurs, l’opération «un diplôme/une start-up» est lancée depuis deux ans. Etat des lieux et mode d’emploi de l'entrepreneuriat universitaire.

Soixante-seize start-up ont été créées en deux ans par des étudiants en fin de cycle, toutes spécialités confondues. Même si sa viabilité sur le marché n’est pas complètement garantie, chaque start-up peut employer au moins cinq diplômés. Des données statistiques qui reflètent la capacité de ces initiatives d’absorber le chômage des nouveaux diplômés.

Mieux encore, certains projets portés par des étudiants, comme projets de fin d’études, ont finalement été orientés vers la création de petites entreprises. Plusieurs étudiants évoquent aussi la «contagiosité entrepreneuriale», c’est-à-dire revenir à son idée de projet, même quelques années après avoir était salarié.

Témoignages 

«Je veux absolument éviter d’être au chômage ou d’être un simple vendeur dans un magasin alors que je suis un ingénieur en électronique. Je veux profiter de tous ces nouveaux mécanismes mis en place pour accompagner nos projets et avoir ma start-up.» Adel, comme des centaines de ses camarades universitaires, veut se lancer dans l'entrepreneuriat. Il adopte parfaitement l’esprit d’entrepreneur : réfléchir, innover, proposer et prendre des risques.

«De toute façon, le plus grand risque est d’attendre un recrutement classique, après cinq ans d’études, pour rester au final au chômage. Autant pour moi de lancer ma propre idée de projet», témoigne Wassim, étudiant en Master 2 en sciences de l’information et de la communication, en recherche d’emploi depuis deux ans. Si les amphithéâtre sont habituellement presque vides pour certains modules, celui portant sur l'entrepreneuriat est presque au complet.

Un engouement des étudiants est remarqué pour cette fenêtre ouverte sur le monde économique, même si certaines incompréhensions persistent. «L'entrepreneuriat est enseigné à distance et beaucoup de détails et de questionnements restent sans réponse. Pas assez de moyens pour se lancer ou faire des expériences», raconte aussi Lyna, étudiante en Master 2 en biotechnologies et pathologie moléculaire.

Comment ça marche ? Tout est codifié dans l’arrêté ministériel no 1275 du 27 septembre 2022. Il introduit le programme «un diplôme/une start-up», destiné à transformer les projets innovants des étudiants en start-up.  L’idée est d’encourager l’esprit d’entreprise pour favoriser la diversification économique et l’innovation. L’arrêté souligne la volonté de faire des universités des pôles de création de richesse, en alignant l’université sur les besoins de l’économie de la connaissance et en préparant les étudiants à devenir des entrepreneurs.

Il prévoit en effet un accompagnement spécifique, offrant aux projets sélectionnés un label «projet innovant» et un accès à des ressources clés, telles que des espaces de travail et des financements. Des formations et des accompagnements sont assurés, une fois l’étudiant s’inscrit en ligne et enregistre son idée.

En clair, une fois que l’idée a pris forme, l’étudiant enregistre son Buisness Canva en ligne, sur le site des Centres de développement de l'entrepreneuriat (CDE). Si le projet est clair, recevable, répond aux normes, l'étudiant sera immédiatement parmi les bénéficiaires pour être formé et orienté, sinon des aides lui seront proposées pour mieux travailler ses idées et son projet.

Des sessions de sensibilisation sont aussi proposées pour aider ces étudiants à avoir un esprit entrepreneurial, à innover, à chercher des solutions à des problèmes sur le marché. Autrement dit, toute idée brute peut être soumise à étude. Il existe aussi une flexibilité en matière de spécialité.

Quelles finances ?

Un petit groupe d’étudiants, au minimum 5, de diverses spécialités peut soumettre son projet commun. Comme les CDE existent dans toutes les universités, l’étudiant a la possibilité de s’inscrire dans le centre le plus proche de son université ou de son domicile. Comment obtenir un financement ? L’Anade le prend en charge, si le projet ne dépasse pas une enveloppe de dix millions de dinars. Dépassant ce seuil, d’autres mécanismes peuvent être sollicités, comme la Caisse nationale d’investissement ou les banques.

Cette nouvelle approche, visant à intégrer l’entrepreneuriat dans le parcours universitaire, s’inscrit dans une vision de transformation économique et promeut la convergence entre le monde académique et le secteur entrepreneurial, encourageant les jeunes diplômés à créer des entreprises innovantes et à contribuer au dynamisme économique de l’Algérie.  Une vision qui ambitionne à cultiver les compétences d’innovation, de créativité et d’initiative, afin de susciter un changement économique profond marqué par la création d’emplois et l’augmentation de la compétitivité.

Quand proposer des idées ? Il s’agit de présenter les thèses de fin d’études, licence, master ou doctorat, sous forme de projet réalisable sur le marché, mais d’abord soutenable. Des délais sont-ils  imposés ? Si la thèse classique doit être soutenue au maximum le 20 juillet (à chaque fin d’année universitaire), le projet de start-up peut se faire 5 mois plus tard si nécessaire, sans qu’il soit considéré comme une soutenance durant la session de rattrapage.

Les établissements universitaires sont instruits d’accorder une rallonge supplémentaire aux étudiants porteurs de projet jusqu’à la fin de l’année, ce qui donnera un délai de presque une année. En clair, si le projet est inscrit et validé en novembre 2024, il peut être soutenu, au plus tard, en décembre 2025.  

 

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