Des centaines de subsahariens périssent en haute mer : La Méditerranée, cimetière des migrants clandestins

30/04/2023 mis à jour: 09:03
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Chaque année, des milliers d'hommes, de femmes et d’enfants meurent en tentant de traverser la Méditerranée. Ces migrants clandestins partent des côtes africaines pour avoir une vie meilleure en Europe, au péril de leur vie. 

Dernier triste exemple en date : quelque 210 cadavres ont été repêchés par les unités navales tunisiennes de la région du Centre (Sfax, Kerkennah et Mahdia) entre le 18 et le 27 avril courant, a révélé, vendredi dernier, le porte-parole officiel de la Garde nationale tunisienne, Houcemeddine Jbabli. Selon des examens préliminaires, il s'agit de migrants clandestins appartenant à des nationalités d'Afrique subsaharienne. 

Les autorités tunisiennes annoncent, à un rythme quasi hebdomadaire, l’interception de plusieurs tentatives de migration clandestine vers les côtes européennes et l’arrestation de centaines de migrants, originaires de Tunisie ou d'autres pays africains. Globalement, le premier trimestre de l’année 2023, entre janvier et mars, a été le plus meurtrier pour les migrants traversant la Méditerranée depuis 2017 avec 441 vies perdues en tentant d’atteindre l’Europe, a déclaré l’ONU, il y a deux semaines.

 L’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies (OIM) a estimé que ce chiffre est en deçà de la réalité. L'agence onusienne estime qu'en 2022, 1.417 migrants y ont disparu. «Avec plus de 20 000 décès enregistrés sur cette route depuis 2014, (nous craignons) que ces décès aient été normalisés», a averti l’OIM, ajoutant que «les retards et les lacunes dans les opérations de recherche et de sauvetage menées par les Etats coûtent des vies humaines».

L’OIM a précisé que les retards dans les opérations de recherche et de sauvetage (SAR) ont été un facteur déterminant dans au moins six incidents depuis le début de l’année, entraînant la mort d’au moins 127 personnes sur les 441 autres. «L’absence totale de réponse au cours d’une septième opération de sauvetage a coûté la vie à au moins 73 migrants», toujours inclus dans ce même décompte, a déclaré l’OIM, ajoutant que les efforts de recherche et de sauvetage des organisations non gouvernementales ont nettement diminué au cours des derniers mois. «La crise humanitaire persistante en Méditerranée centrale est intolérable», a estimé le chef de l’OIM, Antonio Vitorino. 

Le projet «Migrants disparus» de l’agence des Nations unies enquête aussi sur plusieurs cas de bateaux portés disparus, où il n’y a aucune trace de survivants, de débris et où aucune opération de recherche et de sauvetage n’a été menée. 

Quelque 300 personnes à bord de ces bateaux étaient portées disparues, a indiqué l’organisation. «Sauver des vies en mer est une obligation légale pour les Etats», a souligné Antonio Vitorino. «Nous avons besoin d’une coordination proactive des Etats dans les efforts de recherche et de sauvetage. Guidés par l’esprit de partage des responsabilités et de solidarité, nous appelons les Etats à travailler ensemble et à s’efforcer de réduire les pertes en vies humaines le long des routes migratoires», a-t-il ajouté.

 De son côté, l'Agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, a estimé que les traversées illégales de frontières en Méditerranée centrale atteignaient presque 28 000, également au premier trimestre 2023, soit trois fois plus que durant la même période de 2022. 

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