Demande d’adhésion de l’Ukraine à l’UE : Bruxelles recommande le statut de candidat à Kiev

18/06/2022 mis à jour: 09:15
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Photo : D. R.

Cet avis sera discuté lors du sommet européen des 23-24 juin et les dirigeants des 27 pays de l’UE devront donner leur feu vert à l’unanimité. La Commission a également donné un avis positif sur la candidature de la Moldavie, en revanche, la Géorgie doit attendre.

La Commission européenne a recommandé hier d’accorder à l’Ukraine le statut de candidat à l’Union européenne (UE), rapporte l’AFP. Un premier feu vert qui devra être approuvé à l’unanimité des 27, avant l’ouverture de longues négociations en vue de son adhésion.

L’Exécutif européen a également donné un avis positif sur la candidature de la Moldavie, autre ex-République soviétique. La Géorgie devra en revanche encore mener des réformes pour obtenir ce statut.

«La Commission recommande au Conseil, premièrement, de donner à l’Ukraine une perspective européenne et, deuxièmement, de lui accorder le statut de candidat. Ceci, bien entendu, à condition que le pays procède à un certain nombre de réformes importantes», a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’une conférence de presse.

Cet avis sera discuté lors du sommet européen des 23-24 juin et les dirigeants des 27 pays de l’UE devront donner leur feu vert à l’unanimité. L’adhésion est «un processus dynamique qui peut avancer, être arrêté ou encore reculer. Cela dépend du pays et nos attentes sont très claires», a averti Mme von der Leyen.

A propos de la lutte anticorruption, elle a estimé que «des progrès» ont été effectués, évoquant l’importance de la «numérisation des procédures» administratives pour combattre ce fléau. Elle a souligné que le peuple ukrainien a élu le président Volodymyr Zelensky «parce qu’il voulait lutter contre la corruption». Elle a aussi rappelé que l’Ukraine a adopté une loi contre le pouvoir des oligarques, souhaitant qu’elle «donne des résultats concrets».

Dans son rapport 2021 sur la corruption, l’ONG Transparency International classe l’Ukraine 122e sur 180. C’est mieux qu’en 2014 (142e), mais encore très loin derrière ses voisins de l’UE (le moins bien placé, la Bulgarie, est au 78e rang).

Urgence

Un peu plus tard dans la journée, le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré que son pays n’a «rien contre» une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’UE. «Nous n’avons rien contre, c’est leur décision souveraine d’adhérer à des unions économiques ou pas (...). C’est leur affaire, l’affaire du peuple ukrainien», a-t-il précisé durant la session plénière du Forum économique de Saint-Pétersbourg (nord-ouest).

«L’UE n’est pas une alliance militaire, à la différence de l’Otan», a-t-il relevé. Il a toutefois affirmé que «l’Ukraine va se transformer en semi-colonie» des pays occidentaux si elle rejoint l’UE. «C’est mon opinion», a-t-il ajouté.

Jamais des avis n’ont été rendus en si peu de temps sur des demandes de candidature, une urgence due à l’intervention russe le 24 février et qui s’inscrit dans le soutien apporté par Bruxelles à Kiev face à Moscou, mais également à la Moldavie.

Paris, Berlin et Rome se sont prononcés pour l’octroi «immédiat» à l’Ukraine de ce statut officiel de candidat, jeudi lors d’une visite à Kiev du président français, Emmanuel Macron, du chancelier allemand, Olaf Scholz, et du chef du gouvernement italien, Mario Draghi, rejoints par le président roumain. L’Ukraine est «prête» à travailler pour devenir «membre de plein droit» de l’Union, leur a assuré Volodymyr Zelensky.

La reconnaissance du statut de candidat sera le début d’un long processus, avec la mise en place par la Commission d’une «stratégie de pré-adhésion» : un programme de soutien aux réformes nécessaires à l’intégration, assorti d’une aide financière. L’ouverture de négociations officielles, qui s’étalent sur des années, exigera, encore, un feu vert unanime des 27.

Emmanuel Macron, dont le pays exerce actuellement la présidence de l’UE, a estimé en mai qu’une adhésion de Kiev prendrait «des décennies». Cinq pays sont déjà officiellement candidats à une adhésion à l’UE : Turquie (1999, un processus aujourd’hui gelé), Macédoine du Nord (2005), Monténégro (2010), Serbie (2012) et Albanie (2014).

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