Des apiculteurs venus de quelques wilayas du territoire national font découvrir depuis quelques jours, à Guelma, les dernières productions de miel de l’année 2023. Entre gelée royale, propolis, savons de miel et cire d’abeille et autres miels aux saveurs naturelles d’eucalyptus, jujubier, orangers et les incontournables plantes sahariennes, il y a de quoi émerveiller les papilles pendant la gustation.
Mais les bonnes choses ont un prix et celui du miel est d’emblée inaccessible pour la majorité écrasante de la population et encore moins pour les petites bourses. «J’ai fait le tour des stands, et franchement, je n’ai rien acheté. Trop cher pour moi», a déclaré, hier à El Watan, une mère de famille visiblement contrariée. «Le miel, je l’achète traditionnellement pour mes enfants en cas de rhum, de grippe et autres maladies hivernales. Un petit bocal de quelques cuillères à café pour 600 DA, non merci», a-t-elle ajouté. Mais qu’en est-il au juste ?
«Ce que je peux vous affirmer, c’est que nous avons connu cette année la plus mauvaise collecte de miel depuis ces dix dernières années», a révélé à El Watan un producteur de la wilaya de Tipasa. Et de poursuivre : «Avec la sécheresse de cette année et les incendies de forêt, la production a frisé la catastrophe. 1 à 2 kilogrammes par ruche, alors que nous produisions près de 15 kilogrammes». Et d’expliquer : «Bien évidemment, la situation s’est nettement détériorée pour des apiculteurs qui installent leurs ruches à proximité des exploitations agricoles utilisant les insecticides et l’épandage de produits extrêmement dangereux pour l’abeille.
Des ruches entières ont été soit décimées ou tout bonnement abandonnées par les abeilles pour échapper à la pollution.» Un autre apiculteur présent sur la rue Emir Abdelkader, lieu où a été autorisée l’installation des stands à proximité de la poste du centre-ville de Guelma, apporte d’autres éclaircissements : «Nous dépendons de la floraison des plantes et des arbres. Les bouleversements climatiques ont impacté négativement sur la longévité des fleurs. Elles tombent trop vite et nos abeilles n’ont pas le temps nécessaire pour butiner et approvisionner la ruche.» Nous l’aurons compris, une faible production de miel engendre forcément sa rareté sur le marché et des prix inabordables à la commercialisation «même du producteur au consommateur». En effet, le prix du kilogramme de miel proposé par ce groupement d’apiculteurs qui revient chaque année à Guelma et à la même période est passé entre 2018 et aujourd’hui de 4400 DA à 6000 DA.
Pour le profane, il y a lieu d’expliquer, selon un tableau des conversions usuelles, qu’un kilogramme de miel équivaut à approximativement 700 millilitres, et 1 litre de miel pèse 1,42 kg. En clair, il est question de densité du miel. Dans ce contexte bien précis, les bocaux proposés (l’emballage et l’étiquetage) donnent à réfléchir d’autant que certains petits bocaux ne sont ni identifiés et encore moins étiquetés. Quant à la qualité du produit, les choses se corsent un peu plus. «A ma connaissance, il n’existe pas de laboratoire pour expertiser notre miel», nous dit un exposant. Là est encore un autre problème. A méditer !